Droits de douane sur les voitures électriques chinoises : mission de la dernière chance pour les Allemands à Pékin
« Il est important de comprendre qu'il ne s'agit pas de droits de douane punitifs », a assuré samedi Robert Habeck, numéro deux du gouvernement allemand.
Le numéro deux du gouvernement allemand, Robert Habeck, a assuré ce samedi à Pékin que les surtaxes bientôt imposées par l'Union européenne (UE) sur les véhicules électriques chinois, sources d'intenses tensions bilatérales, n'étaient « pas une punition ».
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« Il est important de comprendre qu'il ne s'agit pas de droits de douane punitifs », a assuré samedi Robert Habeck, selon un enregistrement de ses propos transmis à l'AFP par l'ambassade d'Allemagne.
« Il existe des droits de douane punitifs. Les Américains l'ont fait, le Brésil l'a fait, la Turquie l'a fait et a imposé des surtaxes en bloc sur les véhicules chinois. L'Europe procède différemment et il y a aussi une différence qualitative », a-t-il fait valoir.
200 milliards de yuans
A Pékin, Robert Habeck a notamment rencontré samedi Zheng Shanjie, le directeur de la puissante agence chinoise de planification économique (NDRC) ainsi que le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao. Le message d'apaisement dont Robert Habeck se dit porteur s'est toutefois heurté à l'avertissement du ministre chinois du Commerce qui l'a reçu samedi.
« Si l'UE fait preuve de sincérité, la Chine souhaite entamer des négociations dès que possible », a indiqué Wang Wentao, selon une vidéo diffusée par la télévision étatique anglophone CGTN.
« Mais si l'UE s'obstine dans cette voie, nous prendrons toutes les mesures nécessaires pour défendre nos intérêts. Cela comprendra le dépôt d'une plainte auprès du mécanisme de règlement des différends de l'OMC. Nous défendrons fermement les droits et intérêts légitimes des entreprises chinoises. »
Sans compromis d'ici le 4 juillet, la Commission européenne imposera jusqu'à 28% de hausse des droits de douane sur les importations de véhicules électriques chinois. Bruxelles reproche en effet à Pékin d'avoir, selon elle, faussé la concurrence en subventionnant massivement ce secteur.
Entre 2014 et fin 2022, le gouvernement chinois dit avoir dépensé plus de 200 milliards de yuans (25,5 milliards d'euros) en subventions et déductions fiscales liées à l'achat d'un véhicule électrique. De quoi doper les fabricants chinois face à leurs concurrents américains, qui ont moins bénéficié d'aides. Les surtaxes deviendraient définitives à partir de novembre.
Dans ce contexte, le vice-chancelier Habeck effectue ainsi en Chine une visite aux airs de dernière chance pour éviter une guerre commerciale entre l'UE et le géant asiatique. Et pour cause, ce dernier est vent debout contre ces droits de douane supplémentaires.
« Robert Habeck espère probablement trouver un accord, ou au moins parvenir à que la Chine ne prenne pas de mesures de rétorsions », a expliqué à l'AFP Jacob Gunter, analyste de l'institut MERICS, un centre de réflexion dédié à la Chine.
Les constructeurs automobiles allemands, eux, craignent un conflit commercial majeur avec Pékin en cas de mesure chinoise de rétorsion, qui plomberait leur activité sur ce marché crucial. Pour Mercedes, Volkswagen ou BMW, la Chine représente jusqu'à 36% des volumes de ventes. La Chine est restée en 2023 le premier partenaire commercial de l'Allemagne pour la huitième année consécutive, repassant cependant derrière les Etats-Unis depuis le début de l'année.
Mesures de rétorsion
Du côté de Pékin, « l'objectif sera d'amener l'Allemagne à jouer un rôle plus important dans l'élimination, ou du moins l'atténuation » des droits de douane européens sur les véhicules électriques, a estimé Jacob Gunter. Il a toutefois jugé très limitées les chances du ministre d'obtenir une baisse des subventions chinoises sur les véhicules électriques. Convaincre la Chine « de limiter les représailles » serait déjà un résultat honorable, a estimé l'analyste.
La Chine dénonce régulièrement ces surtaxes comme étant « purement protectionnistes » et accuse les instances européennes de tendre les relations commerciales bilatérales. Elle a promis de prendre « toutes les mesures » pour défendre ses intérêts. Pékin a annoncé lundi avoir lancé une enquête antidumping sur les importations de porc et de produits à base de porc en provenance de l'Union européenne, menaçant les exportations espagnoles.
Mais la Chine a parallèlement intérêt à éviter l'escalade avec l'UE au moment où d'autres pays, comme les Etats-Unis, l'Inde, le Brésil, cherchent aussi à protéger leurs économies des importations chinoises, soulignent les experts.
(Avec AFP)