Inquiet du score du RN aux législatives, un médecin du Calvados vante le vivre ensemble sur la porte de son cabinet
Le message du Dr. Esnault sur la porte de son cabinet medical de Saint-Martin-des-Besaces dans le Calvados./LP/Esteban Pinel
Entre Vire et Caen, à la sortie de l’A84, la rudesse du combat d’idées tranche avec le calme de Saint-Martin-des-Besaces. Dans ce village d’environ 1200 habitants, des tracts hostiles au Rassemblement national fleurissent sur de nombreux murs et l’affiche de campagne du candidat RN pour les élections législatives est la seule à avoir subi les foudres de militants. Et puis, plus insolite, une autre voix contre l’extrême droite s’élève : celle du médecin généraliste Stéphane Esnault, qui a apposé un mot sur la porte de son cabinet pour prendre position.
« En tant que médecin, je me sens particulièrement désavoué et troublé par le résultat de ce vote inspiré par la haine et la malveillance », écrit le docteur. Souleuvre-en-Bocage, la commune nouvelle dont est membre Saint-Martin-des-Besaces, a largement placé Jordan Bardella en tête aux Européennes avec plus de 38 % des voix. Un choc pour Stéphane Esnault qui dénonce « les préjugés, les amalgames de pensée, la bouc-émissairisation » de « marchands de haine », sans jamais citer le moindre nom, ni de parti ni de personnage politique.
« Raviver la flamme (…) de la fraternité »
Se disant bien placé pour mesurer la situation sociale difficile de certains habitants, le médecin appelle les électeurs à ne pas se laisser aller à un vote à l’extrême droite. Et d’ajouter : « si le choix de l’extrême violence devait s’imposer, ce sera sans moi », laissant même planer la menace d’arrêter son activité « après 33 ans de bons et loyaux services ». Au contraire, Stéphane Esnault exhorte à « raviver la flamme (…) de la fraternité ».
« Je suis d’accord avec l’engagement d’un médecin, surtout dans un petit village, soutient Anaïs, la boulangère. Il le fait en poussant pour le vivre ensemble, l’humain, la solidarité. » Contacté, le Dr Esnault nous écrit que son message « n’a d’autre but que de susciter le débat d’idées et d’empêcher le fléau des préjugés dont nous sommes tous victimes et d’appeler àla fraternité bienveillante. » Le mot sur le cabinet n’est pas connu de tous. « Ce n’est pas mon médecin, ça m’est égal », lâche une habitante dans un sourire. Une autre nous glisse sommairement : « chacun défend son beef-steack ».