Y aura-t-il bientôt écrit «manger tue» sur vos paquets de céréales?
Ces paquets devraient plutôt ressembler à ceux des cigarettes, selon un éminent spécialiste. | Digital Amar via Unsplash
Les aliments ultratransformés (AUT) supplantent les régimes alimentaires sains partout dans le monde, malgré les preuves croissantes des risques qu'ils posent. Pour y mettre un terme, l'épidémiologiste Carlos Monteiro défendra l'idée d'un étiquetage de ces aliments similaire à celui du tabac lors du Congrès international sur l'obésité, qui se tient cette semaine à São Paulo.
«La part d'AUT augmente dans les régimes alimentaires du monde entier, malgré le risque qu'ils représentent pour la santé en matière d'augmentation du risque de maladies chroniques multiples, a déclaré Carlos Monteiro au Guardian avant la conférence. Ces aliments sont àl'origine de la pandémie d'obésité et d'autres maladies chroniques liées àl'alimentation, telles que le diabète.»
Cette mise en garde fait suite à l'augmentation rapide de la consommation mondiale d'aliments ultratransformés tels que certaines céréales, boissons rafraîchissantes, les plats préparés et la restauration rapide. C'est une raison de s'inquiéter, compte tenu du fait que les AUT sont directement liés à trente-deux effets nocifs pour la santé, notamment un risque plus élevé de maladies cardiaques, de cancer, de diabète de type 2, de troubles mentaux et de décès prématurés.
Selon l'Association santé environnement France, cette tendance n'a pas épargné notre pays: une étude sur l'alimentation des Français a montré que «30 à 35% de la consommation énergétique provenait d'aliments ultratransformés, notamment chez les jeunes et les personnes issues des catégories socio-économiques les plus faibles.»
Les études scientifiques ne suffisent pas pour avertir le public
Il y a quinze ans, Carlos Monteiro et ses collègues ont inventé le concept d'AUT lorsqu'ils ont conçu le système de classification des aliments NOVA. Celui-ci classe les aliments et les boissons en quatre groupes: les aliments peu transformés, les ingrédients culinaires transformés, les aliments transformés et les aliments ultratransformés.
Mais désormais, le scientifique estime que les études ne vont plus assez loin et que des mesures politiques doivent en découler. Il recommande une interdiction de la publicité pour les AUT, une interdiction de vente dans les écoles et les établissements de santé, et donc, un étiquetage similaire à celui du tabac.
Car Carlos Monteiro voit de nombreux parallèles entre le tabac et les aliments ultratransformés: «Ils sont tous deux à l'origine de nombreuses maladies graves et d'une mortalité prématurée; ils sont tous deux produits par des sociétés transnationales qui investissent les énormes profits qu'elles tirent de leurs produits addictifs dans des stratégies de marketing agressives et dans le lobbying contre la réglementation; et ils sont tous deux pathogènes de par leur conception, de sorte que la reformulation n'est pas une solution.»