Euro 2024 : « La diversité en France, c’est notre force, ça l’a toujours été », le message engagé de Konaté
Ibrahima Konaté a pris position ce samedi à la veille du premier tour des législatives. AFP/Franck Fife
Après Ousmane Dembélé, Marcus Thuram et Kylian Mbappé, un nouvel International français a pris position ce samedi sur la crise politique majeure en France. Le défenseur central de 25 ans, qui évolue à Liverpool, ne s’est pas défaussé au moment de répondre à une question sur sa binationalité franco-malienne. Le thème, il sait, a fracturé la fin de la campagne des législatives dont le premier tour a lieu ce dimanche. Le Rassemblement national, aux portes du pouvoir, souhaitant en effet interdire l’accès de ces citoyens à certains « postes extrêmement sensibles ».
Sa réponse, Konaté l’a voulue argumentée, nuancée et adaptée à son parcours personnel et à celui de ses parents originaires du village de Singoné, au nord-ouest de Bamako. « Bien sûr que ça m’inquiète ce qui se passe. On ne peut pas laisser le pouvoir à certaines personnes qui sont dans l’optique de diviser les gens. La diversité en France, c’est ça notre force et ça l’a toujours été. Moi, je suis issu de familles de l’immigration. Quand j’entends tout ce qui se dit sur les réseaux sociaux, à la télé, je pense que les médias ont un rôle très important, et malheureusement, parfois, ils surfent sur la peur. Faut arrêter les préjugés et les stéréotypes. Faut être ensemble en toutes circonstances. »
« Ça m’attriste »
Relégué sur le banc depuis la compétition, « Ibou » n’a pas donné de consignes de votes claires. Mais les intentions sont claires. Marcus Thuram avait appelé à faire barrage au Rassemblement national. Lui s’est insurgé contre la montée de l’intolérance et du racisme.
« Malheureusement, aujourd’hui, on parle beaucoup de ça. De l’immigration et de l’islam. Faut arrêter. Quand j’entends qu’on veut arrêter le port du voile dans l’espace public, ça m’attriste car ce ne sont jamais les personnes concernées qui parlent de ce sujet. Ce qu’elles en pensent et si elles ont cette liberté. La France est un pays magnifique. Maintenant, certains sont chez eux et n’ont que les chaînes d’informations pour s’informer. Je ne peux pas leur en vouloir. Malheureusement, c’est parfois compliqué de juger le vrai et le faux. Certains ont des expériences privées avec certaines personnes, qui les ont marquées àvie. Ça aussi, je peux comprendre. Mais il faut aller àla rencontre des personnes. Au-delàdes apparences et des couleurs de peau, il y a des cÅ“urs. »
« Il y a toujours une minorité qui va causer du tort à la majorité »
Il en veut pour preuve sa trajectoire et ses expériences intimes. Le footballeur est né dans le XIIIe arrondissement de Paris mais a grandi dans le XIe arrondissement. Une enfance pas toujours confortable dans le quartier de la Roquette, au cœur d’une famille nombreuse – un père à la retraite et une mère femme de ménage, pour une fratrie de huit frères et sœurs. « Quand je vois les boulots que mes parents ont eus, je suis désolé, on ne peut pas prendre que le côté néfaste entre guillemets. Il y a toujours une minorité qui va causer du tort à la majorité. Quand je vois mes parents qui ont des boulots pénibles, comme éboueur ou femme de ménage, qui travaillent à des horaires pas possibles, et qu’on ne met pas en avant ces personnes qui ont donné leur santé entre guillemets pour la France, ça m’attriste. »
Pour conclure, le défenseur a appelé chacun à se rendre dans l’isoloir. Mais là encore sans imposer son opinion. « Je ne vais pas dire aux gens quoi faire mais il faut rester ensemble. La vie est très courte, elle est très belle et il ne faut pas être dans une division car ça va apporter que du mal à tout le monde et aux futures générations. »
À noter que l’équipe de France n’a pas fait d’action commune depuis le début de l’Euro, ce que Kylian Mbappé avait pourtant laissé entendre au lendemain de la dissolution de l’Assemblée nationale. « Le communiqué commun, je n’en ai aucune idée, on n’en a plus parlé depuis », a précisé Konaté. La FFF via son président Philippe Diallo a de son côté fait comprendre qu’elle souhaitait respecter le principe de neutralité.