Supérette API en zone rurale : les grandes surfaces sont une « perte de temps et d’argent »
La supérette API ouvrira le 23 mai prochain
Les supérettes en libre-service API vont ouvrir en juillet leur 66e boutique. Surtout, leur offre réduite en nombre de produits séduit les clients des zones rurales, plus attachés à la proximité qu’à l’abondance.
Le 11 juillet à Vezins dans le Maine-et-Loire, les supérettes API ouvriront leur 66e échoppe. D’autres suivront d’ici fin 2024 mais le pari est réussi depuis le lancement il y a deux ans. « Avec 80 000 clients actifs, un large réseau de 80 producteurs locaux et l’économie pour nos usagers d’un aller-retour en moyenne au supermarché par semaine nous sommes satisfaits », explique Julien Nau, Co-fondateur d’API.
24 heures sur 24, 7 jours sur 7, dans un magasin en bois de 50 m2, « API propose 700 produits - 10 fois moins que dans une supérette de réseau - du salé, du sucré, du frais, des surgelés, des boissons non alcoolisées, des fruits et des légumes au même prix que les supermarchés », pose Julien Nau. API aimerait se déployer en Ardèche ou en Bretagne mais prend son temps. « Il important de connaître le territoire sur lequel on compte s’installer, de construire un réseau logistique adapté et efficace, poursuit le cofondateur. Par exemple, si nous avons beaucoup de familles dans la zone, le paquet de gruyère râpé devra faire 500 grammes plutôt que 200. »
1 client sur 5 vient 3 fois par mois
Dans cet objectif d’apprentissage, API a développé un Observatoire de la ruralité réalisé avec OpinionWay. Les résultats montrent que « 70 % des achats sont réalisés par des gens qui habitent à moins de 5 km de la supérette » et que « plus d’1 client sur 5 vient déjà plus de 3 fois par mois. » 80 % des usagers vivent aussi à plus de 16 minutes aller-retour en voiture d’une grande surface alimentaire. Au-delà du prix des produits proposés à la vente, c’est le gain en carburant, comme la volonté de consommer local, qui pousse les clients à choisir API.
Les supérettes répondent à la désertification commerciale en zone rurale puisque 64 % des petites communes n’ont pas de magasin d’alimentation générale dans leur village, selon les chiffres de la « start-up rurale ». Comment ça marche ? Les supérettes API fonctionnent de manière autonome. Il faut d’abord se créer un compte en ligne (api-masuperette.fr). Cette inscription générera un QR code qui permettra l’accès à la supérette via un smartphone. Un « APIcier », présent une fois par jour, peut également aider les personnes qui ne se sentent pas à l’aise avec la technologie ou ne disposent pas de connexion Internet. Quant au paiement, il se fait uniquement par carte bancaire.
Dans l’Observatoire, les grandes surfaces sont vues comme une « perte de temps et d’argent » avec « un trop grand choix qui pousse à la surconsommation ». Les clients réguliers se disent aussi attachés à leurs élus locaux. Si ce sont les jeunes ruraux qui tentent le plus de miser sur un mode de consommation alternatif, « les maires sont nos meilleurs commerciaux », affirme Julien Nau. À terme, les supérettes API pourraient s’inscrire dans une multi-activité locale : courses alimentaires, presse, dépôt de pain… « Un commerce alimentaire est essentiel et vital dans une commune comme la nôtre, expliquait à Ouest-France Nicole Beaufreton, maire de Treize-Vents en Vendée. API contribue pleinement à l’attractivité de la commune. »