Pourquoi le film « Sans un bruit : jour 1 » pourrait être la bonne surprise de l’été
Pourquoi le film « Sans un bruit : jour 1 » pourrait être la bonne surprise de l’été
Un film qui fera grand bruit, dirait le critique facétieux. Après un premier volet d'excellente facture (de et avec John Krasinski, 2018), puis un second un ton bien en dessous (avec Emily Blunt et Cillian Murphy, 2020), la saga Sans un bruit s'essaye au préquel avec Jour 1. Cette fois réalisé par Michael Sarnoski, à qui l'on doit le très curieux Pig (2021), le long-métrage débarque en salle ce mercredi. Et c'est une excellente nouvelle.
Situé quelque temps avant les événements du premier film, on y assiste aux prémices d'une invasion d'extraterrestres sensibles au bruit, réduisant le monde entier au silence. C'est donc dans une New York parfaitement muette qu'évoluent Samira (Lupita Nyong'o, oscar 2014 de la meilleure actrice dans un second rôle pour Twelve Years a Slave), une jeune femme gravement malade, et son chat Frodon.
À LIRE AUSSI Un film d'horreur pour changer de regard sur les banlieuesIls y croiseront la route d'Eric (Joseph Quinn, star de Stranger Things), un étudiant en droit trouillard et suiveur, qui s'accrochera à eux comme une moule à son rocher. Ensemble, ils devront survivre à ces créatures d'un autre monde, qui tuent au moindre tintement.
Michael Sarnoski, un pilote aux commandes
Disons-le d'emblée : nous n'attendions rien de ce nouvel opus. Installé dans les positions délicates et de troisième film, et de préquel, Jour 1 doit composer avec une surprise inexistante et une franchise qui a déjà largement fait le tour de la question. C'est là son plus gros défaut. Peut-être même son seul, d'ailleurs.
Car les scènes de grande tension, très réussies au demeurant, peinent à se renouveler en raison d'un concept rudimentaire. Un bruit, un alien qui court, un mort. C'est aussi simple que cela. Aussi l'introduction, quand la Grosse Pomme est la ville bruyante que l'on connaît, aurait mérité d'être un chouïa plus longue. De quoi permettre, à plus forte raison, d'en dire davantage sur la nature des envahisseurs et sur leur plan d'attaque. Ce coche est manqué, passons.
À bien d'autres égards, le long-métrage excelle. Grâce, d'abord, à Michael Sarnoski. Il y a bien un pilote aux commandes, et son talent transpire de cette réalisation minutieuse. Comme quand il raconte, au plus près du corps, la maladie de Samira. Ou détaille son rapport à la sortie en ville, elle qui toute l'année est enfermée en clinique?
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Mais ce qui frappe aussi dans cette jolie surprise, c'est le niveau de son tandem de comédiens. On y retrouve la surdouée Lupita Nyong'o dans le registre de l'horreur. Ce regard épouvanté, ces respirations haletantes? Ces cris, aussi, qui déjà dans Us (2019) avaient su nous mettre mal à l'aise, nous explosent à nouveau à la figure.
« Sans un bruit : jour 1 », fabuleuse hybridation
Quant à Joseph Quinn, c'est la marche qu'il lui fallait. On l'avait joliment découvert en métalleux au c?ur tendre dans la quatrième saison de Stranger Things. Puis on s'était interrogé sur la pertinence de sa présence à l'affiche des prochains Quatre Fantastiques (2025) et Gladiator II (2024). Trop vite trop haut ? On est finalement rassuré par ce rôle intermédiaire, dans lequel le Britannique joue toujours très juste. On y décèle par-ci par-là un peu de Heath Ledger et de Robert Downey Jr. Rien que ça.
En outre, la présence a priori anodine du chat ouvre de nouvelles possibilités de narration, dans lesquelles s'engouffre pleinement le scénario. Animal innocent, et dès lors incapable de réfréner ses bruits, Frodon agit comme une bombe à retardement dans ce récit, où chaque miaulement, chaque coup de patte ou chaque chute maladroite peut causer la fin de ses maîtres. Chapeau !
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On sent que cette réflexion narrative a imprégné toute la création de Sans un bruit : jour 1. Ce dernier en ressort à la fois comme le plus spectaculaire de la saga ? un budget cinq fois supérieur à Sans un bruit, deux fois supérieur à sa suite, aide. Mais aussi comme le plus intimiste, créant à cette occasion un équilibre agréable entre emprunts aux films catastrophes à la Roland Emmerich (Independence Day, Le Jour d'Après) et au cinéma indépendant, bien davantage porté sur l'humain. Une hybridation fabuleuse, pour laquelle on a justement très envie de faire du bruit?