«L'histoire a montré que les groupes extrémistes parviennent toujours à se reconstituer»

FIGAROVOX/ENTRETIEN - Ce mercredi 26 juin, le gouvernement a annoncé la dissolution du GUD, et de trois autres groupes d'ultradroite. L’historien Nicolas Lebourg analyse les conséquences de cette annonce, à la lumière des précédents historiques.

«l'histoire a montré que les groupes extrémistes parviennent toujours à se reconstituer»

Manifestation du Groupe union défense, à Paris, le 8 mai 2011.

Nicolas Lebourg est historien, spécialiste des extrêmes droites. Il est coauteur de l’ouvrage Les Droites extrêmes en Europe (Seuil, 2015), et auteur de Les Nazis ont-ils survécu ? (Seuil, 2019).

FIGAROVOX. – La porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, a annoncé la dissolution du Groupe union défense (GUD) à quatre jours du premier tour des élections législatives anticipées. Le contexte politique influence-t-il souvent les décisions de dissolution ?

Nicolas LEBOURG. – Le contexte politique importe toujours. Néanmoins, depuis 1936, 25% des dissolutions de groupes radicaux ont été actées sous le mandat d'Emmanuel Macron, et donc largement sous le ministre de l'Intérieur actuel, Gérald Darmanin. Ce rythme continu est spécifique à la période. En 1973, une vague de dissolutions de groupes d'extrême droite et d'extrême gauche s'opère pour reprendre en main l'ordre public, mais en un seul coup. Aujourd'hui, le processus d'ordre public est continu. Bien sûr, la campagne actuelle explique aussi cette décision : le gouvernement a souhaité faire passer un message politique. De plus, de manière statistique, dès que la gauche est mobilisée, le GUD s'active. L'histoire de ce groupe est intimement liée aux mobilisations de la gauche, et notamment des mouvements étudiants. On l’a vu en 1986 et en 2005.

Comment expliquez-vous cette multiplication des dissolutions sous la présidence d'Emmanuel Macron ?

Mercredi 26 juin, l'exécutif a également annoncé la dissolutoon de l’association islamiste, Jonas Paris. Le président de la République cherche ainsi à incarner le rempart de la République contre les extrêmes.

Combien de groupuscules d'ultradroite existent-ils en France ? Quel niveau de menace représentent-ils selon les renseignements ?

En France, l'extrême droite radicale s'organise toujours en réseaux de petits groupuscules. Sous le régime de Vichy, 88 partis politiques d'extrême droite existaient, quand d'autres pays européens vivaient sous une dictature à parti unique. Après la guerre, en 1947, une première synthèse des renseignements généraux estime à 400 le nombre de groupuscules en France. À part le mouvement Ordre nouveau, dissous en 1973, aucun groupe ne parvient à fédérer. Cette incapacité se durcit avec les vagues de dissolutions sous Emmanuel Macron : plus personne n'ose monter un groupuscule national. Mais une évolution s'opère, notamment depuis la crise du Covid : la France compte de plus en plus de groupuscules territoriaux, par ville ou par département. Le paysage des groupuscules se transforme, et la concurrence entre eux disparaît. Par exemple, il n'y a plus d'un côté, un groupuscule révolutionnaire d'orientation néofasciste, et de l'autre, un groupuscule identitaire qui s'opposent. Ils se mélangent. En termes d'ordre public, cette organisation présente un défaut. Sans concurrence, le groupe unique d'une ville ou d'un département n'est pas tenu par une ligne idéologique, il peut donc monter en radicalité. Sa seule ligne est de tenir le territoire en question. Alors, la question de la violence se pose. En effet, la violence d'extrême droite est souvent liée au contrôle d'un espace (une faculté, un bar, un quartier...). Depuis 2017, treize attaques de groupes d’ultradoites ont été déjouées. C’est un contrecoup de la vague d’attentats depuis 2015.

En plus de cette territorialisation, quelle est la spécificité de ces groupuscules, par rapport à d'autres groupes radicaux ?

La violence de l'extrême droite radicale cible essentiellement des personnes, sur motif ethnique, alors que la violence d'ultragauche est dirigée contre les biens, ou en affrontement avec les forces de l'ordre. Lorsque la violence d'extrême droite vise les biens, elle touche les lieux de culte et les cimetières. Le moteur de la violence réside bien dans la détestation antisémite et raciste.

Dans l'histoire, les dissolutions ont-elles fonctionné pour mettre fin aux groupes radicaux ? Ces groupes ne se réforment-ils pas toujours peu de temps après, sous un autre nom ?

Dans l'histoire, des groupes sont toujours parvenus à se reconstituer. Le mouvement «Les nationalistes» d'Yvan Benedetti trouve racine dans un groupe qui a été dissous sept ou huit fois. Si une dissolution baisse l'activisme, et améliore ainsi l'ordre public, elle peut aussi produire des tentations terroristes. Certains militants ne sont plus tenus par un cadre et les chefs du groupuscule.

Aujourd’hui, l'acte de dissoudre vise le court terme, ou le coup tactique. Ces dissolutions peuvent toutefois fonctionner. En 2002, lorsque la dissolution du groupe «Unité radicale» a été actée, ses cadres ont appris à s'adapter dans le nouveau contexte, et ils sont devenus moins radicaux, tant sur le fond, que dans leurs modes d’action.

En Europe, nos voisins opèrent-ils des dissolutions semblables contre les groupes radicaux ? Sont-elles efficaces ?

Nos voisins n'organisent pas le maintien de l'ordre de la même manière. En Allemagne, les groupes radicaux est dix fois plus nombreux. Les autorités les contrôlent par les interdictions de mouvements, qui évoquent la question du IIIe Reich, centrale dans le pays. En conséquence, les situations ne sont pas comparables, tant sur la masse de radicaux, que sur les moyens juridiques ou sur le contexte politique.

La France ne s'occupe pas de la radicalité politique, mais seulement de la radicalité violente, qui pose un problème d'ordre public. Mais, de 2013 à 2023, les dissolutions des groupes d'extrême droite reposent toutes, au moins partiellement, sur l'alinéa 6, c'est-à-dire l'incitation à la haine. Nous dissolvons des groupements sur une base exactement inverse de celle sur laquelle nous avons défini la répression politique. C'est un paradoxe. En démocratie, avoir des contradictions entre le droit et l'application du droit n'est jamais une bonne idée.

OTHER NEWS

1 hour ago

"J’ai passé 150 heures assis sur une chaise" : la préparation physique difficile de Pierre Niney pour jouer Le Comte de Monte-Cristo

1 hour ago

100 millions d'euros de vente, l'OL vire trois joueurs

1 hour ago

« Son échec, sa faute », « humilié »… la presse internationale fustige Macron

1 hour ago

Bruxelles : la piscine en plein air Flow rouvre pour l’été avec une nouveauté

1 hour ago

La montée du RN préoccupe à Denain, dans le Nord: "Est-ce qu'on a oublié notre histoire ?"

1 hour ago

Législatives 2024 : Jean-Luc Mélenchon d'accord avec Jordan Bardella pour un débat, mais écarte sa propre participation

1 hour ago

Elections. Comme prévu, un effondrement est une simplification rapide !

1 hour ago

Mercato : l’OL acquiert définitivement un international algérien (off)

1 hour ago

Arnaud De Lie et Bryan Coquard lancent France – Belgique… en pleine étape du Tour : « Openda, 92e, but et victoire de la Belgique » (vidéo)

1 hour ago

EdF : La Belgique avoue une terrible boulette, la France rigole

1 hour ago

Tensions entre Memphis Depay et un journaliste, après avoir été « viré » par l’Atletico

1 hour ago

Chez Michou : le cabaret légendaire de Paris au bord de la fermeture après des décennies de spectacle

1 hour ago

Les comparaisons avec Jonathan David s'annoncent inévitables : deux attaquants en approche à l'Union

1 hour ago

Mercato Nantes : Un départ important avant un autre d'envergure pour les Canaris ?

1 hour ago

Alcaraz : « C’est normal de rater, ça arrive. C’est même arrivé à Federer qui était à 40–15 sur son propre service dans le 5e set »

1 hour ago

En 2024, la plus belle plage du monde est en Bretagne

2 hrs ago

Le Figaro « passe au RN » avec cet éditorial d’Alexis Brezet, estiment ces journalistes

2 hrs ago

Euro 2024, la déclaration fracassante : « On a la meilleure équipe »

2 hrs ago

Pourquoi le gouvernement suspend la réforme de l’assurance-chômage

2 hrs ago

Législatives 2024 : l’ex-ministre Dominique Voynet en tête dans la 2ᵉ circonscription du Doubs

2 hrs ago

"Il faut quand même se méfier": dans quel état d'esprit sont les Français quelques heures avant la rencontre France-Belgique?

2 hrs ago

Real Madrid : L'incroyable proportion de buts inscrits par Jude Bellingham dans le temps additionnel cette saison

2 hrs ago

France - Belgique. « Ils doivent jouer eux-mêmes » : De Bruyne se paie de nouveau les fans belges

2 hrs ago

PHOTOS : Le maillot d'entraînement du PSG pour la saison 2024/25 a fuité et il est incroyable

2 hrs ago

Mercato : Mohamed Jaouab racheté par le Stade rennais

2 hrs ago

Mercato : L’OM passe à l’offensive pour Manuel Locatelli

2 hrs ago

Les critiques envers Tedesco et le rôle de Kevin De Bruyne aux côtés du sélectionneur : "Si on bat la France, il sera le meilleur du Monde"

2 hrs ago

Législatives: "Honte à eux", Eric Coquerel cible les macronistes qui ne se retirent pas au 2e tour

2 hrs ago

La frontière franco-belge partiellement fermée pendant le match

2 hrs ago

Le gardien de la Géorgie dévoile son grand favori pour le sacre à l'Euro 2024 et ce n'est pas l'équipe de France

2 hrs ago

Pascal Praud annonce son départ sur CNews « Il faut savoir laisser sa place »

2 hrs ago

"Les Français ont rendu un verdict sans appel": pluie de réactions politiques après les résultats du 1er tour des législatives

2 hrs ago

Madrid combat la canicule en invitant les touristes à s’abriter dans les musées

2 hrs ago

Imprensa francesa pede 'bloqueio republicano' contra extrema direita no 2° turno das eleições legislativas

2 hrs ago

Tissot (re)part pour un Tour

2 hrs ago

Avec moins de 30 % des votes exprimés, le Rassemblement national est-il finalement plus bas qu’annoncé ?

2 hrs ago

Musiala entre dans l’histoire !

2 hrs ago

Le Monde du Plein Air n°185 est disponible en kiosque !

2 hrs ago

Automobile : le marché français en perte de vitesse

2 hrs ago

Alimentation de caravane : La nouvelle batterie lithium VANVOLT