La bataille d’Okinawa : l'autre débarquement

la bataille d’okinawa : l'autre débarquement

"Okinawa, symbole du désastre japonais, est donc aujourd’hui le lieu de contestation d’une population qui a payé le prix lourd face aux américains mais aussi face à sa propre armée qui l’a sacrifié sans remord sur l’autel de la gloire du Grand Japon et de sa fiction impériale"

Le 1er avril 1945 un dimanche de Pâques, une armada américaine se présente devant Okinawa dans l’archipel des Ryûkyû, à plus de 500 km de la métropole japonaise. Il s’agit pour les Américains de s’emparer de cette île afin d’en faire une étape indispensable à l’invasion des quatre îles principales du Japon. Se prépare alors l’une des plus terribles batailles de la seconde guerre mondiale. Son importance est autant symbolique – la première des îles véritablement japonaise à être attaquée – que stratégique – à partir de là, les forces américaines peuvent pleinement se déployer — de sorte que les Japonais y avaient organisé une résistance farouche, désespérée.

Une bataille tant symbolique que stratégique

Jamais, les États-Unis n’avaient réuni une telle armada dans le Pacifique : 1300 navires, un demi-million d’hommes, sans compter l’appui de la Royal Navy qui en se positionnant entre Formose et Okinawa, empêchent tout renfort japonais d’accéder à l’île en bouclant le secteur. L’île elle-même, longue de 100 mètres et large 5 à 16 km, devait selon le commandement japonais stopper la progression de l’ennemi, lui infligeant enfin une défaite cinglante qui permettrait de desserrer l’étau qui se refermait de plus en plus sur l’archipel et se trouver ainsi en meilleure position pour négocier.

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Car il n’est plus, depuis longtemps, question de gagner la guerre : les désastres de Leyte et de Luçon, si elles n’ont pas entamé le moral de l’armée impériale, n’en sont pas moins les preuves évidentes que le Japon est sur la défensive, en fait partout sur le recul. Illusion d’une victoire de dernière minute qui permettrait à l’empire de négocier en position de force, de préserver l’institution impériale, son armée, son territoire, voilà ce que l’empereur attend de la défense d’Okinawa.

C’est donc surpris que les 60 000 Américains débarquent sans coup férir, à la tombée de la nuit sur l’île. C’est que les Japonais, en l’occurrence ici le général Ushujima, suivent leur tactique habituelle, celle utilisée par le chef charismatique, le général Tadamachi Kuribayashi à Iwo-Jima qui consiste à laisser débarquer l’ennemi sur les plages, puis loin de la portée des canonnières de l’US Navy, se retrancher pour mener une défense d’usure, d’attrition, marquée par des charges soudaines et redoutables contre les envahisseurs, sans aucunement se soucier du nombre de morts. Mais ces charges furieuses, répétées aux cris de banzaï, aboutissent aux mêmes résultats qu’ailleurs, une hécatombe en hommes.

La route vers le Japon est ouverte

À ces charges intempestives sur terre, l’état-major jette dans la fournaise les kamikazés qui depuis octobre 1944 sont en action. Cette fois, c’est par centaine qu’ils essayent de plonger sur leur proie. Mais leurs manoeuvres d’approches sont maintenant souvent maîtrisées par la chasse américaine et par les tirs d’une DCA capable de détruire les appareils japonais avant qu’ils n’entament leur piqué.

Ces attaques quasi quotidiennes, endommagent tout de même trente-neuf navires, en incendie des centaines d’autres, même s’il s’agit souvent de bateau de moindre importance et non des porte-avions quasi impossibles à approcher. En effet, ces pilotes qui viennent pour la plupart à peine de terminer leur apprentissage d’ailleurs limité maintenant à quelques jours et avec des appareils parfois défaillants, n’ont sans doute plus ni le professionnalisme ni l’ardeur guerrière de leurs aînés et certains ferment peut-être leurs yeux au moment du piqué, alors que d’autres confondent navires et baleines !

Le supercuirassé Yamato, le plus grand navire de la flotte japonaise, considéré comme invincible, reçoit sa mission suicide lui aussi : attaquer les navires américains qui soutiennent le débarquement puis s’échouer sur la côte pour servir en somme de batterie côtière. Mais il est attaqué par plus de 380 avions de la Task Force 58, la plus importante de l’US Navy, résiste par ses blindages avant d’être assommé sous les bombes, éventré par les torpilles et envoyé finalement par le fond.

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Sur les 3000 marins à bord, seul 269 seront repêchés. Au sol, sur l’île d’Okinawa, c’est au lance-flamme que les soldats américains nettoient les fortins, les cavernes et si ce n’est possible, murent celles-ci en enfermant les soldats de l’armée impériale dans leur tombeau. Pendant ce temps, pris de panique, les soldats de l’empereur poussent les civils, femmes et enfants compris, à se suicider en se jetant du haut des falaises. Bilan : 250 000 morts côté japonais dont 150 000 civils, 14000 soldats américains. La route vers le Japon est ouverte. Mais la plus grande bataille de la guerre du Pacifique ouvre aussi l’option nucléaire.

Une population qui a payé le prix lourd

Le 23 juin 1945 a été retenu comme la date de la fin des combats sur Okinawa et le jour de commémoration. Avec la disparition dans les familles des derniers survivants, La préfecture d’Okinawa accélère la mise à jour du quartier général de la 23e armée impériale qui se trouve près du château de Shuri dans la capitale Naha, afin d’en proposer la visite au public. Nombre de bénévoles parcourent les écoles et questionnent des élèves peu au fait sur cette sanglante bataille.

Nitsuki Karimata, 26 ans originaire de la préfecture, a créé quant à elle, une start-up afin de mieux faire connaître les faits et parmi ceux-ci les suicides de masses non seulement du haut des falaises comme évoqués précédemment, mais également dans les grottes où la population, principalement femmes et enfants s’étaient réfugiées, lesquels avaient subi les ravages d’un endoctrinement qui depuis les années trente au moins dépeignait les Américains comme des monstres assoiffés de sang se vengeant impitoyablement sur la société civile.

Aujourd’hui, Okinawa est la plus grande base américaine en dehors des Etats-Unis. Les habitants s’en indisposent fortement. Mardi 26 juin encore, le gouverneur de la préfecture d’Okinawa, Denny Tamaki a reproché aux autorités japonaises de ne pas lui avoir indiqué qu’en mars dernier, un militaire des forces armées américaines, Bretton Washington, avait kidnappé et violé une mineure japonaise de 16 ans, les crimes sexuels étant l’un des facteurs de tension entre la préfecture et les autorités de Tokyo.

De surcroit les habitants d’Okinawa reprochent amèrement à leur propre autorité de ne pas reconnaître les exactions commises par l’armée impériale contre leur propre population. Okinawa, symbole du désastre japonais, est donc aujourd’hui le lieu de contestation d’une population qui a payé le prix lourd face aux Américains mais aussi face à sa propre armée qui l’a sacrifié sans remords sur l’autel de la gloire du Grand Japon et de sa fiction impériale.

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