Pour Thibaut Collet, un nouveau record mais toujours plus d'ambitions
Thibaut Collet s'est classé 5e des Championnats d'Europe avec 5,82 m, le 12 juin, à Rome. (A. Mounic/L'Équipe)
Alors qu'il reprend la compétition ce samedi à Toulouse, le Grenoblois n'entend pas s'arrêter à ses 5,95 m de mercredi, qui en ont fait le troisième performeur de l'année en plein air.
Traditionnellement, quand on réalise un exploit à forte charge émotionnelle, il est difficile de redescendre de son nuage. Or ce qu'a réalisé Thibaut Collet mercredi soir à Grenoble entre parfaitement dans cette catégorie.
Réussir chez lui, devant sa famille, ses amis, à faire mieux que les 5,94 m de son père Philippe est un moment qui marquera à jamais la vie du jeune perchiste. « Il y a quelques larmes qui ont coulé », reconnaît le cinquième des derniers Championnats du monde de Budapest (avec 5,90 m), qui dit en riant qu'il attendait ce moment depuis qu'il était né.
Thibaut Collet aurait pu souffler, mais dès vendredi, il reprenait la route et ses gaules pour participer ce samedi après-midi à un concours de perche prévu sur la place du Capitole à Toulouse. « Finalement, explique le cadet des Collet (25 ans), je pense que c'est facile de redescendre sur Terre parce que ce que j'ai fait mercredi, c'est très bien, mais je ne m'arrête pas à ça, j'en veux tellement plus. L'objectif de la saison n'est pas atteint. Et ça va être cool parce qu'à Toulouse, le cadre est extraordinaire, le public est fou. Je pense qu'une fois que je serai sur la piste, je vais être surmotivé. Après, je n'attends pas de cette compétition un miracle non plus. Je sais qu'il y a de la fatigue, le déplacement à gérer, mais ça devrait aller. »
Le début de saison avait été timide pour quelqu'un qui avait par deux fois effacé 5,90 m ou plus. 5,40 m et 5,70 m pour ses deux premières sorties. Et sa cinquième place des Championnats d'Europe de Rome (5,82 m) avait de quoi le frustrer quelque peu. « La saison 2024 s'est construite d'une manière assez particulière parce qu'il y a deux Championnats, les Jeux Olympiques prenant le dessus sur les Championnats d'Europe, rappelle Collet. J'ai repris les compétitions tard, début juin, donc je n'avais pas forcément d'énormes attentes au niveau des Europe, même si j'y suis allé pour une médaille. Mais les gars contre qui je me suis battu en finale étaient tous plus prêts que moi, ils avaient plus de compétitions dans les jambes, et c'est ce qui fait que je manque la médaille. Du coup, il y avait beaucoup de frustration, mais 5,82 m, c'était une bonne perf (le Turc Ersu Sasma a été médaillé de bronze à cette hauteur). Ces 5,82 m m'ont boosté dans le sens où étant donné la dose de travail que j'avais eue à ce moment-là, être à ce niveau était rassurant. Et je savais que j'étais prêt à sauter plus haut. » Pour ce faire, l'élève des deux Philippe, d'Encausse et Collet, a pris mercredi la perche la plus dure de son existence (12.5 d'indice de dureté).
Grâce à ses 5,95 m, il est désormais troisième performeur mondial de l'été derrière le Suédois Armand Duplantis (6,24 m) et le Philippin Ernest Obiena (5,97 m). Un statut qui ne lui fait pas tourner la tête d'autant qu'il y a encore du temps d'ici les Jeux. « Pour moi, ça ne change pas grand-chose parce que mon objectif est le même depuis Budapest, dit-il. Effectivement, cette perf me rapproche du niveau requis pour prétendre à une médaille, mais on sait très bien qu'aux Jeux ce sera différent. Grenoble n'a pas changé grand-chose, ça me conforte juste dans l'idée que, si à Paris je suis en finale, quoi qu'il arrive, je serai prêt à me battre pour la médaille. J'aurai les armes pour. »
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