"Je veux que la France me règle ce qu'elle me doit": l'ancien déporté Albert Corrieri réclame réparation à l'État
Connu aussi pour avoir porté la flamme olympique en mai dernier à plus de 100 ans, Albert Corrieri se fait désormais entendre pour obtenir réparation auprès de l'État après avoir été déporté dans le cadre du STO en 1943.
À 102 ans, Albert Corrieri demande des comptes à l'État français. Déporté pour le STO (Service du travail obligatoire) à 21 ans lors de la Seconde Guerre mondiale, Albert a travaillé pendant 18 mois dans une usine chimique dans des conditions extrêmement difficiles. Aujourd'hui, aidé de son avocat, le Marseillais réclame réparation.
Albert Corrieri, ancien déporté âgé de 102 ans, montrant des photos de lui et ses camarades victime du STO durant la Seconde Guerre mondiale, en juin 2024 à Marseille (Bouches-du-Rhône).
C'est en mars 1943 qu'Albert est victime du régime imposé par Vichy à 700.000 Français et est envoyé dans une baraque en Allemagne pour y travailler de force.
"J'ai été arraché de ma famille"
"J'ai été arraché de ma famille", dénonce Albert Corrieri au micro de BFM Marseille Provence. "Je l'ai dit, je le redirai, je le redirai toujours jusqu'à ma mort."
De cette époque, Albert a précieusement conservé des photos de lui et ses camarades, mais aussi des documents comme son passeport en allemand. Dans le cadre du STO, son identité était scrupuleusement contrôlée par les soldats allemands.
"Je cherche à avoir réparation, et je ne lâcherai jamais l'affaire", lance Albert d'un ton sans équivoque. "Ça me coûtera ce que ça me coûtera, mais je veux que la France me règle ce qu'elle me doit."
Aucune indemnité autour du STO
Une demande juridique qu'Albert réclame depuis des années, mais qui reste encore aujourd'hui sans réponse. Pourtant, l'histoire de ce centenaire est loin d'être un cas isolé.
"Albert a été blessé de guerre, donc il y a bien sûr des pensions de guerre", explique Michel Ficetola, historien. "Mais pour le travail obligatoire, rien n'a été pensé pour ces gens-là."
Aidé de son avocat, l'ancien déporté réclame 43.200 euros d'indemnités à l'État. "Nous estimons que le combat de monsieur Corrieri est tout à fait légitime", assure Me Michel Pauto. "Il a insisté sur la double peine: il a été forcé à travailler et il a subi des atrocités, les bombes etc..."
Le gouvernement a désormais deux mois pour répondre à la requête. En cas de refus, Albert Corrieri assure qu'il saisira le tribunal administratif de Marseille.