Menaces, jet de javel… Ils dénoncent « une libération de la haine » raciste avant les législatives
Des manifestants brandissant une main à l’effigie du slogan de SOS Racisme "Touche pas à mon pote", en 2017. Photo d’illustration.
Plusieurs associations, dont la Ligue des droits de l’Homme et SOS Racisme, dénoncent une montée des manifestations de haine en amont du premier tour des élections législatives. Ces derniers jours, des personnalités publiques avaient également révélé être victimes d’insultes ou de menaces.
«Â C’était un mouvement de fond ces derniers temps mais là ça s’accentue, c’est affolant ». Nathalie Tehio, présidente de la Ligue des droits de l’Homme, le constate : l’imminence du premier tour des élections législatives contribue à amplifier les marques de « haine » raciste en France.
«Â Chez ceux qui gardaient ça sous le boisseau, il y a une sorte de laisser-aller en se disant : Ça y est, ils (le Rassemblement national) sont presque au pouvoir, on peut y aller franchement », estime -t-elle.
Il s’agit « d’une déferlante qui confirme qu’on est bien sur un camp politique qui autorise tout cela », juge de son côté Dominique Sopo, président de SOS Racisme, l’une des principales associations françaises de lutte contre la xénophobie.
Lettres de menaces, jets de javel…
Ces derniers jours, de nombreux faits d’actualité ou témoignages accréditent ce scénario d’une haine redoublée à l’approche du scrutin. L’Agence France Presse explique notamment que des migrants de Calais, principal point de départ en France des candidats à l’exil pour l’Angleterre, ont notamment été victimes de jets d’eau de javel. À Nancy, une enquête du parquet vise une affiche d’un candidat d’extrême droite ayant pour slogan : « Donnons un avenir aux enfants blancs ».
Des journalistes vedettes comme Karim Rissouli ou Mohamed Bouhafsi ont été la cible de courriers haineux. « Ce n’est pas la première fois que je reçois ce genre de menaces », témoigne Karim Rissouli sur le média Brut après avoir lu la lettre qui lui a été adressée où il est notamment question du « peuple français historique » qui « en a plein le cul de tous ces bicots », en référence aux résultats des européennes. « Mais quand ça arrive chez soi, il y a une forme de violence supplémentaire », explique le journaliste.
Par ailleurs, dans le département du Loiret (centre), la justice a ouvert une enquête après la diffusion d’une séquence virale de l’émission Envoyé spécial, où un couple de sympathisants RN tient des « propos discriminatoires » envers leur voisine, aide-soignante noire.
«Â Ce n’est pas le RN qui amène ça. C’est parce que la société a été fracturée », a pour sa part avancé ce jeudi le vice-président du RN, Sébastien Chenu. « Nous n’accepterons pas que des personnes puissent mal se comporter », a ajouté le député sortant, au micro de BFMTV.