Claude Lelouch : « Anouk Aimée incarnait la beauté et la séduction »
«Â La femme de sa vie. » Lorsque nous le retrouvons dans son bureau boisé du Club 13, à Paris, le réalisateur Claude Lelouch vient d'apprendre le décès de celle qui a « changé sa vie pour toujours », en acceptant de jouer en 1966 dans son film Un homme et une femme aux côtés de Jean-Louis Trintignant. « Triste » mais « serein », il lui rend hommage.
Le Point : Anouk Aimée vient de s'éteindre à l'âge de 92 ans. Que ressentez-vous ?
Claude Lelouch : De la tristesse et de la sérénité. Je m'y attendais un peu. Mais j'ai envie de croire que la mort est la plus belle des récompenses, puisqu'il n'y a jamais eu de réclamation. Après avoir fait rêver la terre entière, elle fera rêver les anges. C'est bien, c'est comme ça.
Que représentait-elle pour le cinéma français ?
Elle était une formidable actrice et elle incarnait la beauté et la séduction, avec ce regard incroyable, qui a fait rêver des tas d'hommes et de femmes.
À LIRE AUSSI Jean-Louis Trintignant, une ?uvre au noir
Et pour vous ?
Elle a changé ma vie. Elle a été, avec Jean-Louis Trintignant, la première star à me dire oui pour un film, pour Un homme et une femme en 1966. Ce film a changé ma vie à tout jamais. Il m'a ouvert les portes de la liberté et m'a permis de faire ce que je voulais derrière, y compris deux suites. D'une certaine manière, elle a été un peu la femme de ma vie, quoique de manière tout à fait platonique.
Vous l'avez retrouvée en 2019 pour le troisième volet de cette histoire Les Plus belles années,son dernier film?
Oui, c'était la première fois dans l'histoire du cinéma qu'un metteur en scène et des acteurs pouvaient se retrouver 55 ans après. Ça aurait été dommage de ne pas le faire. On a réussi à faire un film sur le temps qui passe.