Législatives : ces circonscriptions où des candidats du même camp vont s’affronter
Le patron de LR, désavoué par une large partie de son camp après son alliance avec le RN, sera confronté à un candidat dissident à Nice. LP/Arnaud Journois
En une semaine à peine, la dissolution de l’Assemblée nationale a créé des secousses d’un bord à l’autre de l’hémicycle. À droite, LR a implosé entre les anti et les pro-Éric Ciotti, qui défend une union avec le RN, tandis qu’à gauche, le Nouveau Front populaire a réussi à réunir LFI, PS, EELV et PCF malgré les soubresauts, même si quelques voix dissidentes subsistent. Après la clôture des dépôts de candidature dimanche soir, plusieurs duels au sein d’un même camp se dessinent dans certaines circonscriptions en vue du scrutin des 30 juin et 7 juillet, même si ces cas de figure restent minoritaires.
Bras de fer musclés entre les pro et anti-Ciotti
Du côté des Républicains, le parti a volé en éclats après l’annonce du patron Éric Ciotti d’une alliance avec le RN, fracturant en deux la formation politique. Le numéro 1 désavoué revendique malgré tout au moins « 62 candidatures » déposées sous les couleurs du « rassemblement des droites », tandis que le parti lui-même a annoncé « près de 400 » candidats.
Un divorce incarné par le duel qui verra s’affronter Éric Ciotti lui-même, député sortant à Nice, dans la 1re circonscription des Alpes-Maritimes, et Virgile Vanier, que lui opposent ses dissidents. Le directeur commercial et ancien président de l’association des sommeliers de Côte d’Azur, inconnu du grand public, pourrait partir avec un sérieux retard.
Dans le reste des circonscriptions, d’autres bras de fer se profilent déjà. Dans la 6e des Pyrénées-Atlantiques, le RN a annoncé la candidature de Victor Lastécouères, en double investiture avec les « Républicains à droite », alors que LR avait déjà investi Emmanuelle Brisson, signale France Bleu. Dans l’Aisne, Me Philippe Torre, avocat de l’aile RN d’Éric Ciotti, est candidat dans la 2e circonscription aux couleurs du RN, face à Julien Dive, député sortant qui ne verra d’ailleurs aucun concurrent de la majorité présidentielle face à lui.
Ces duels pourraient coûter cher au parti, déjà en perte de vitesse. « Quand vous rassemblez régulièrement 7 à 8 % des voix, se diviser en deux camps est dramatique. Il y avait déjà un groupe résiduel de LR, mais combien seront-ils dans le nouveau Palais-Bourbon ? », s’interroge le politologue Pierre Allorant, président du Comité d’histoire parlementaire et politique.
Pour autant, ces face-à-face ne devraient pas être très nombreux selon le spécialiste, bien qu’il reste difficile pour le moment de dresser la liste complète des duels LR contre LR, les deux branches n’ayant pas encore publié le détail de leurs investitures respectives. Il est aussi déjà certain que plusieurs candidats pro-Ciotti seront seuls en lice, comme Christelle d’Intorni dans les Alpes-Maritimes, Charles Prats en Haute-Savoie ou encore Guilhem Carayon dans le Tarn.
Des dissidents insoumis à gauche
À gauche, le Nouveau Front populaire s’affiche bien moins fracturé, mais en dépit de l’accord trouvé autour de candidatures uniques pour chaque circonscription, une poignée de dissidents locaux défient malgré tout les investis. En particulier dans les rangs insoumis, où la décision de la direction de ne pas soutenir plusieurs députés sortants, critiques envers Jean-Luc Mélenchon, a secoué la formation politique et ses partenaires ce week-end.
En Seine-Saint-Denis, les figures historiques de LFI Raquel Garrido (5e circonscription) et Alexis Corbière (7e) restent ainsi dans la course, sous les couleurs du Nouveau Front populaire, et espèrent contrer leurs concurrents investis par LFI, respectivement le militant associatif Aly Diouara et l’urgentiste Sabrina Ali Benali. Idem à Paris pour Danielle Simonnet, qui s’opposera à la secrétaire confédérale de la CGT Céline Verzeletti, ou encore Hendrick Davi dans les Bouches-du-Rhône, face à l’agrégé en géographie Allan Popelard. « Tant qu’ils sont soutenus par tous les autres partis de gauche, sauf l’appareil LFI, ils ont de bonnes chances d’accéder au second tour », avance Pierre Allorant.
Autre bras de fer en vue, dans la 1re circonscription du Nord : Aurélien Le Coq, candidat LFI investi à la place du sortant Adrien Quatennens qui a abandonné la bataille électorale, s’opposera à la candidate féministe Amy Bah, qui ne s’est pas mise en retrait, bien que les Écologistes lui aient finalement retiré leur soutien.
Par ailleurs, la situation promet d’être confuse du côté de la 6e circonscription de l’Essonne, où le député sortant Jérôme Guedj est l’un des rares à concourir hors Nouveau Front populaire, ce que nie le patron du PS Olivier Faure. Il sera confronté à son ex-suppléante, Hella Kribi-Romdhane, candidate Générations qui porte les couleurs de l’alliance de gauche.
De rares duels en macronie
Du côté de la majorité enfin, les confrontations s’annoncent très peu nombreuses, concentrées sur des « cas individuels », note Pierre Allorant. Comme celui de Gilles Le Gendre, député sortant Renaissance de Paris, à qui le camp présidentiel a préféré Jean Laussucq, conseiller LR de Paris. L’ancien patron des députés de la majorité présidentielle maintient sa candidature.
Un duel est aussi attendu dans le Val-de-Marne, où le maire de Saint-Maur Sylvain Berrios est soutenu par Horizons, le parti d’Édouard Philippe, qui appartient pourtant à la majorité Ensemble. Face à lui, Renaissance investit le sortant Frédéric Descrozaille. Ces dissensions restent malgré tout à la marge au sein du bloc présidentiel, du moins pour le moment.