Margaret Qualley : «Jouer un personnage qui plonge ivre et nu dans une piscine, c'est ce qu'il y a de plus difficile pour moi»
"Kinds of Kindness", la bande-annonce
Ames sensibles, ou sujettes à un déficit chronique d'attention, s'abstenir. Kinds of Kindness, le nouveau film de Yorgos Lanthimos (La Favorite, Pauvres créatures), présenté en mai au Festival de Cannes, est un défi à la compréhension, aux nerfs, voire à la morale. On y retrouve, au fil de trois moyens-métrages n'ayant en apparence aucun lien, les acteurs préférés du réalisateur dans la peau de différents personnages. Dans le premier, Jesse Plemons (récompensé par le prix d'interprétation à Cannes) joue un homme dont les moindres aspects de la vie, jusqu'aux plus intimes, sont contrôlés par un autre (Wilhem Defoe). Le second le voit interpréter un mari qui refuse de croire que sa femme (Emma Stone), miraculeusement rescapée d'un naufrage, est bien celle qu'il a épousée. Et qui la pousse aux dernières extrêmités («Cuisine-moi l'un de tes doigts pour le dîner?») pour le lui prouver. Enfin, le dernier segment met en scène une femme adepte de freinages acrobatiques et d'une secte consistant à boire les larmes de ses gourous, à la recherche d'un être capable de ressusciter les morts.
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Vous n'avez rien compris? Vous n'êtes pas les seuls, la frange du public la plus hermétique au cinéma de Lanthimos ayant parfois peiné à percevoir les enjeux du film. Kinds Of Kindness permet, en tout cas, au cinéaste de continuer à creuser ses obsessions (l'emprise, le désir, la cruauté) dans les décors léchés qu'il affectionne, et avec des acteurs qui forment désormais autour de lui une véritable troupe. Rencontre, à Cannes, avec Margaret Qualley (vue dans Pauvres Créatures) et l'acteur mauritano-américain Mamoudou Athie, pour qui c'est la première incursion dans l'univers du réalisateur.
Madame Figaro .- Quel a été, pour vous, le plus grand défi à relever dans ce film?
Mamoudou Athie.- Me lâcher pour être pleinement dedans. J'étais terrifié avant de commencer. Je suis un grand fan des films de Yorgos Lanthimos, je voulais absolument travailler avec lui. Mais en même temps, cela me faisait très peur. Si je voulais relever le défi, il fallait surmonter cela, et être à fond. Margaret Qualley.- Pour moi, et c'est le cas pour chaque film, le défi réside dans tout ce qui existe au-delà du tournage. Être loin de chez soi, se coucher tôt lorsqu'on doit être sur un plateau le lendemain à 5h du matin, jouer un personnage qui plonge nu et ivre dans une piscine... C'est ce qu'il y a de plus difficile pour moi.
Maintenant que le film existe, que retenez-vous de cette expérience?
M.A. .- C'était génial. J'ai un peu l'impression d'avoir passé un diplôme, d'avoir grandi en tant qu'acteur. En ce sens, je suis fier de moi : je me suis autorisé à prendre un risque sur un tournage qui, au départ, me mettait très mal à l'aise, alors que je pensais que je ne le ferais jamais.
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Selon vous, qu'est ce qui relie les trois histoires de Kinds of kindness ?
M.A. .- Dès que j'ai lu le scénario, et d’autant plus depuis que j'ai vu le film, je suis fasciné par la façon dont il traite du contrôle. De la façon dont il s'exerce de différentes manières sur les gens, qu'il vienne d'une organisation ou d'une personne seule.
M.Q. .- Je suis d'accord. J'ai aussi eu l'impression qu'il s'agissait des trois rêves d'une même personne. On voit surgir différentes parties de son subconscient, mais tout vient du même endroit.
Comment était l'atmosphère sur le tournage? Différente du film, on l'imagine...
M.Q. .- Oui, mais en même temps, quelque chose du tournage se ressent dans le film. Yorgos travaille beaucoup avec les mêmes acteurs, sa collaboration avec Emma (Stone) est merveilleuse, ainsi qu’avec Jesse (Plemons) et Wilhem (Defoe). Ils ont tous une grande habitude de son sa façon de procéder, et c'est agréable d’observer comment ils y évoluent. Il y avait aussi un côté très intime : nous étions une très petite équipe. Robbie, le directeur de la photographie, est quelqu’un de très doux, très rapide, donc tout allait très rapidement.
M.A. .-Oui, tout semblait très tranquille. Et maintenant, nous voilà à Cannes!