Moto. Championnat du monde de vitesse féminin : Emily Bondi, l’apprentissage en accéléré
Emily Bondi (au premier plan) aux côtés des 23 autres pilotes du nouveau championnat du monde de vitesse féminin.
La pilote française, originaire de Paris, a débuté la compétition en moto, il y a seulement un an, devant championne de France dès ses débuts. Elle était la deuxième Française engagée sur le premier championnat du monde de vitesse moto qui se déroulait ce week-end à Misano (Italie).
L’histoire est en marche pour les femmes au sein de la moto, puisque pour la première fois un championnat du monde de vitesse s’est déroulé. Après des années de bataille pour voir les femmes évoluer dans de plus hautes sphères, 24 pionnières ont participé, à Misano, à la première manche du championnat du monde FIM (Fédération Internationale de Motocyclisme) de courses sur circuit Féminin (WorldWCR), dont deux Françaises, Ornella Ongaro et Emily Bondi.
Championne de France dès sa première année
La jeune pilote de 22 ans n’est pas la plus expérimenté des pilotes contrairement à sa compatriote Ornella Ongaro qui a commencé la moto à 6 ans. La Parisienne est un peu une débutante parmi les 24 pilotes de ce championnat du monde puisqu’elle connaît la compétition que depuis un an. « J’ai découvert la compétition un peu par hasard grâce à Philippe Monneret, qui m’a invité un jour sur la piste pour me remercier d’avoir fait la promotion de sa moto-école qui se trouve à Meudon, raconte-t-elle. Je ne savais pas du tout en quoi m’attendre et finalement j’ai totalement pris goût. J’ai découvert la vitesse, poser le genou et ensuite j’allais quelques fois sur des circuits pour le plaisir. C’est mon copain, ancien champion de cross qui m’a poussé vers la compétition. »
Mais la jeune femme n’a pas trouvé tout de suite de compétition adaptée pour elle. « J’ai cherché au fin fond du net, et j’ai fini par trouver un championnat de France féminin de piste. C’est comme ça que ça a commencé. Mais avant, en aucun cas, je ne considérais la moto comme un sport », glisse-t-elle. En mai 2023, Emily Bondi participe pour la première fois au championnat de France féminin 600 cm³, alors qu’elle n’avait jamais pris part à une course. « Je suis très compétitrice. À la première course, j’ai vu que j’avais le potentiel. Je suis partie dernière parce que j’ai calé sur la ligne de départ et j’ai réussi à remonter troisième. C’est à ce moment-là que je me suis dit que j’avais peut-être le potentiel, si je m’entraînais, pour aller chercher les places de devant. »
Entraînée par Johann Zarco et Xavier Simeon
Les heures d’entraînement qu’elle investit sur le circuit de Carole, en région parisienne, deux à trois fois par semaine payent et elle décroche le titre de championne de France dès sa première saison. « Il y a eu un alignement des étoiles. Quand les choses sont faites pour vous au bon moment, au bon endroit, ça tombe et les résultats vont avec. Mais la chance, ça se provoque et elle est à la hauteur de tous les entraînements que j’ai fait l’année dernière. Je me suis acharnée, je ne voulais pas lâcher tant que je n’avais pas un meilleur chrono que la gagnante de l’année passée », explique-t-elle.
Sa progression et son ascension fulgurante Emily Bondi la doit aussi à son entourage puisqu’elle est coachée par l’ancien champion du monde d’endurance et pilote belge de MotoGP Xavier Simeon, ainsi que le Français Johann Zarco avec qui elle s’est entraînée cet hiver. « Évidemment, ça me fait gagner énormément de temps. Même si je suis seule sur la moto, toute la préparation, elle, se fait en équipe. Ça a été très facile aussi pour moi d’évoluer parce que je suis partie de zéro », précise la jeune femme HPI (haut potentiel intellectuel), qui a parfois du mal à canaliser son énergie.
Une blessure au mauvais moment
Avec ses résultats, Emily Bondi avait de grands espoirs pour cette saison avec ce tout nouveau championnat du monde de vitesse féminin, mais elle a dû les revoir à la baisse après une chute en mai dernier lors d’un entraînement où elle s’est fracturé le talus de la cheville gauche. « J’ai dû me faire opérer, car j’avais la volonté de remonter sur la moto pour ce championnat. C’est très difficile. Je suis remontée sur la moto lundi, mais les résultats n’étaient pas du tout ceux attendus », se désole la Française qui va devoir patienter avant d’être de nouveau à 100 %.
Si elle a terminé 8e de cette première manche remportée par Maria Herrera, la pilote du team Zelos Classic 21 Black Knights espère montrer son talent sur les prochaines épreuves. « Il faut rester réaliste. Avant cette chute, je n’imaginais pas être championne du monde dès cette première année, alors que j’ai appris ce qu’était un drapeau rouge l’année dernière, souriait-elle avant le départ. Je n’ai qu’un an de moto dans les pattes, c’est déjà un exploit d’être là. Évidemment, j’ai envie de donner le meilleur de moi. J’aimerais bien, globalement, dans les courses, arriver à être top 10, à évoluer tout au long de la saison et pourquoi pas, à la fin, réussir à monter top 5, voire podium. L’expérience me manque clairement et c’est ce que je suis venu chercher ici. »