Autriche - France : Deux, trois, cent… Combien sont-ils dans le corps de N’Golo Kanté, le talisman de DD ?
De retour à l’Euro après plus de deux ans d’absence, N’Golo Kanté a livré un match absolument dingue, lundi, contre l’Autriche, lui qui évolue pourtant dans un championnat saoudien loin des standards européens
LA MACHINE - De retour à l’Euro après plus de deux ans d’absence, N’Golo Kanté a livré un match absolument dingue, lundi, contre l’Autriche, lui qui évolue pourtant dans un championnat saoudien loin des standards européens
A Düsseldorf,
Avant de tresser un panier de louanges au plus grand des plus petits joueurs de l’histoire de l’équipe de France, une confession, d’abord : au bout d’une quinzaine de minutes de jeu face à l’Autriche, lundi, après la troisième perte de balle pas franchement rassurante de N’Golo Kanté au milieu du terrain, on a commencé à se dire que les papillons dans le ventre nés de son bon match face au Luxembourg s’étaient déjà envolés. Rien de surprenant, en plus.
Le Luxembourg étant ce qu’il est (pas ouf), le football de haut niveau étant ce qu’il est (physiquement exigeant et impitoyable), il était finalement logique que cette belle histoire à laquelle nous voulions tous croire se termine avant d’avoir commencé. De là, deux questions s’imposaient.
1. Comment un joueur de 33 ans sortant d’une longue série de blessure et dont le corps usé avait fini par se contenter de matchs sans intensité dans la lointaine et inintéressante Saudi League pouvait-il revenir au premier plan dans l’une des meilleures sélections du monde ?
Et surtout 2. Comment, mais comment avons-nous pu nous laisser berner à ce point par cette fable du Père Castor-Deschamps le soir de l’annonce de sa liste sur le plateau de TF1 ?
Un repli défensif de zinzin de l’espace
Et finalement, la lumière fut. Les papillons aussi. Ici, un premier ballon gratté dans les pieds autrichiens à l’entrée de la surface tricolore, là un deuxième arraché de haute lutte au milieu du terrain, et ainsi de suite jusqu’à ce chef-d’œuvre de repli défensif de la 85e minute de jeu qui restera figé dans nos pupilles jusqu’à notre dernier souffle (on est très sérieux). Honte à nous qui avons douté de toi, NG.
Là, on est pas bien - capture d'écran / 20 Minutes
Parti avec du retard et plus beaucoup d’essence dans le moteur – pensait-on – Kanté ne semblait pas en mesure de rattraper Wimmer, lequel s’envolait alors seul vers le but de Maignan pour crucifier les Bleus sur l’autel du réalisme et plomber leur entrée dans la compétition.
Là, on est mieux. - capture d'écran / 20 Minutes
Oui, oui, mais non, non. Le temps qu’il faut pour le dire, grâce à quelques tours de jambes supersoniques, l’ancien milieu de Chelsea parvenait non seulement à revenir à hauteur de Wimmer mais il finissait carrément par lui passer devant pour y glisser la patte salvatrice, celle qui vaut beaucoup plus que deux points : une place au Louvre pour l’éternité. Là encore, on exagère à peine.
Nous reviennent alors en tête les nombreuses déclarations élogieuses des joueurs à son sujet ces dernières semaines.
Jonathan Clauss : « Sur le terrain, il est capable de jouer deux postes en même temps. Je pense qu’ils sont deux Kanté : un qui court, l’autre joue au foot. C’est très impressionnant au niveau du volume et de l’intelligence de jeu. »
Théo Hernandez : « Je croyais qu’on avait un joueur en plus l’autre jour à l’entraînement »
Marcus Thuram : « J’ai l’impression qu’ils sont venus à trois à Clairefontaine. C’est horrible, on ne peut plus jouer à l’entraînement ! On sait qu’on a gagné quand on l’a avec nous. Il est incroyable. »
L’attaquant de l’Inter ne croit pas si bien dire. Avec « NG » dans ses rangs, l’équipe de France n’a jamais perdu le moindre match dans une compétition majeure (douze victoires pour quatre nuls). Ce sentiment d’ubiquité dégagé par Kanté auprès de ses coéquipiers, dont les poncifs répétés à longueur de conf avaient presque fini par nous fatiguer, se traduit pourtant matériellement sur le terrain. Il suffit pour cela de jeter un œil à la heatmap du joueur. Eloquent.
C'est de l'abstrait hein, je crois que c'est de l'abstrait. - Sofascore avec 20 Minutes
Deschamps pas peu fier de son choix
Sa performance a été saluée comme il se doit par Didier Deschamps, qui nous avait bien prévenus qu’il ne l’avait pas repris pour faire joli et qu’on allait vite voir ce qu’on allait voir. Et on a vu. « Il n’y a qu’à regarder ce qu’il a fait. Voilà. Je l’ai pris pour cela, à partir du moment où j’avais la certitude qu’il avait récupéré tous ses moyens athlétiques. Il a l’intelligence sur le plan tactique, la capacité à récupérer des ballons, se projeter. Il a été rayonnant aujourd’hui, rayonnant », a-t-il savouré, pas peu fier de sa trouvaille.
«Ã‚ Ã‡a fait plaisir de retrouver l’équipe de France, de retrouver mes capacités, de me sentir bien, de pouvoir donner le maximum avec mes coéquipiers, a pour sa part déclaré le principal intéressé, élu homme du match par l’UEFA. Après il y a pas mal d’éloge, mais le travail on le fait ensemble, on se bat pour l’équipe, pour le résultat, aujourd’hui ça nous a souri. L’envie est là, on a envie de tout donner pour l’équipe. » S’il a toujours autant de mal àse mettre en avant, de par sa nature discrète, le garçon sait aussi que le Deschamps attend de lui un peu plus que par le passé.
NOTRE DOSSIER EURO 2024
Dans un groupe en manque de leaders depuis les retraites conjuguées de Lloris, Varane et Mandanda, Kanté doit s’imposer, à sa manière, et emmener les jeunes avec lui par l’exemple. Un rôle qu’il essaye de prendre au sérieux, bien que cela ne soit pas inné chez lui. « Dire que ça me plaît, c’est un grand mot, a-t-il déclaré lundi soir. Ça me vient naturellement, on a envie d’aider l’équipe de tous les moyens possibles, et si ça passe par être un relais du coach, on le fait. C’est vraiment pour tirer l’équipe vers le haut. » Pour le moment ça a l’air de plutôt bien marcher.
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