Un bébé exposé à de fortes chaleurs pendant la grossesse risque gros toute sa vie
Les risques de pneumonie infantile augmentent de 85% pour chaque degré Celsius en plus au cours de la grossesse. | Anna Hecker via Unsplash
Plus les scientifiques creusent, plus l'on découvre les impacts dangereux du réchauffement climatique sur la santé des êtres humains. Si plusieurs études avaient déjà établi un lien entre l'augmentation des températures et le risque d'accouchement prématuré et de mortinatalité, aucune n'avait encore présenté les conséquences sur le long terme pour les bébés exposés pendant la grossesse à de fortes chaleurs. Jusqu'à cette nouvelle enquête alarmante, partagée par le média The Conversation.
Les scientifiques de cette recherche ont analysé vingt-neuf études couvrant au total plus d'un siècle de vie. Certaines avaient suivi de près les grossesses, quand d'autres s'appuyaient sur des registres de population qui enregistraient la date et le lieu de naissance, permettant d'estimer l'exposition à la chaleur in utero de l'individu. Leur résultat est clair: les personnes qui ont été exposées à une chaleur excessive avant leur naissance ont subi des effets alarmants tout au long de leur vie, tant sur leur santé qu'au niveau socioéconomique.
Des effets à vie, parfois insoupçonnés
Parmi ces effet, on trouve un risque accru de maladie cardiaque et d'hypertension, ainsi que d'asthme et de pneumonie chez les enfants. En moyenne, les risques de pneumonie infantile augmentent même de 85% pour chaque degré Celsius en plus au cours de la grossesse. Un lien a également été établi entre l'exposition à la chaleur accrue pendant l'enfance et les maladies mentales, notamment un risque accru de troubles alimentaires et de schizophrénie. Ces effets, qui seraient d'ailleurs plus importants chez les fœtus féminins, entraîneraient de manière générale une espérance de vie plus faible.
Les problèmes de santé ne sont pas les seules conséquences: un bébé exposé à de fortes chaleurs pendant la grossesse pourrait avoir de moins bons résultats scolaires et des revenus plus faibles. Aux États-Unis par exemple, le revenu annuel à 30 ans était réduit de 56 dollars pour chaque jour supplémentaire avec des températures supérieures à 32°C pendant le premier trimestre de la grossesse de la mère.
Comment expliquer tous ces effets néfastes? The Conversation avance quelques pistes scientifiques. La chaleur, en plus d'impacter la santé de la mère avec des maladies comme la prééclampsie et le diabète, affecte directement le développement du bébé, notamment son système nerveux, entraînant des malformations congénitales. Il pourrait même modifier directement l'ADN du bébé à naître en changeant sa signature épigénétique, un mécanisme qui nous permet de nous adapter rapidement à notre environnement en activant et désactivant des gènes.