Législatives: l'inquiétude du camp présidentiel grandit, "on est écrasés entre deux blocs"
La stratégie de la majorité présidentielle, distancée dans les sondages par le Rassemblement national et le Nouveau Front populaire, de se présenter comme le "vote utile" ne produit pas les effets escomptés. Certains électeurs ont même décidé de voter utile en faveur du bloc de gauche.
Alors que les élections législatives ont lieu dans seulement deux jours, ce dimanche, la majorité présidentielle est toujours distancée dans les sondages, en troisième position. Les appels au vote "utile", venus du camp macroniste, rejetant les deux "extrêmes" dos à dos, ne semblent pas produire beaucoup d’effets dans les intentions de vote.
Emmanuel Macron et Gabriel Attal à Orthez le 5 septembre 2023
Mais chez les électrices et électeurs Ensemble, c'est une raison de plus pour aller voter. Voir deux blocs, celui du Rassemblement national et celui du Nouveau Front populaire loin devant dans les sondages ne change pas l'intention de vote de Delphine, fidèle électrice macroniste.
"Ça me renforce complètement. Je ne comprends pas que lorsqu'on parle de l'alternative au RN on ne parle que du Nouveau Front populaire."
"Macron a certes des défauts mais si on regarde les programmes et qu'on garde la raison, son programme est le plus raisonnable face à la montée de fièvre", ajoute Delphine, qui juge que sur le plan économique, seules les idées de la majorité lui semblent crédibles.
Pas question de choisir entre RN et NFP pour Daniel, retraité: "Les 'extrêmes', ça sera pareil, que ça soit l'un ou l'autre. Moi personnellement, un cas comme ça, je m'abstiendrai".
Certains vont voter utile en faveur du NFP
Une idée rejetée par d'autres électeurs. "Mon vote va évoluer, je vais voter tout de suite Front populaire parce que je pense qu'il faut absolument faire au barrage au Rassemblement national qui a des idées vraiment trop extrêmes", explique Laura, qui avait voté pour le camp présidentiel aux dernières élections législatives.
"J'avoue que j'ai peur de ce parti", confie la jeune femme.
Pourtant le pari du camp présidentiel, c'est d'incarner lui-même le vote utile. Les cadres de la majorité espèrent un sursaut dans la dernière ligne droite de la campagne.
Mais l'inquiétude monte chez certains piliers du camp présidentiel. Un poids lourd du gouvernement décrit une campagne "très difficile". "On est écrasés entre deux blocs", dit-il. Un autre cadre de la majorité raconte qu’il croise beaucoup d’électeurs qui, par rejet de l'extrême gauche par exemple, se tournent directement vers l'extrême droite. "Entre la peste et choléra, ils prendront le choléra", déplore-t-il, un peu désarmé.
Des Français qui, en clair, ne voient déjà plus que deux blocs en course. "Ce n’est pas fini", veut croire un allié du président, comme ce ministre inquiet mais qui reste convaincu qu’un sursaut peut encore se produire.