Pourquoi le général de Gaulle a-t-il adopté la croix de Lorraine comme symbole de la Résistance ?
Pourquoi le général de Gaulle a-t-il adopté la croix de Lorraine comme symbole de la Résistance ?
Pendant la Résistance, le général de Gaulle a marqué les esprits avec son appel depuis Londres, mais également en adoptant un symbole : la croix de Lorraine. Pourquoi choisir un symbole qui peut sembler associé à la religion ?
Entre 1940 et 1944, la Résistance intérieure française, ou RIF, a lutté dans l'ombre pour combattre l'invasion allemande. Si ses membres ont mené diverses actions pour retourner la situation, ils avaient surtout des symboles forts qui les unissaient. La figure de proue de la Résistance est le général de Gaulle. Dans le cadre des émissions de la BBC (British Broadcasting Corporation), il passait des appels et transmettait des messages aux acteurs de ce mouvement. Cependant, la Résistance avait surtout un signe distinctif : la croix de Lorraine, un symbole qui ressemble toutefois fortement à un symbole chrétien. Or, l'histoire de ce dernier a inspiré le général de Gaulle dans son choix.
Quelles sont la signification et l'origine de la croix de Lorraine ?
À l'origine, la croix de Lorraine ne s'appelait pas ainsi. Elle était appelée croix d'Anjou et figurait sur les blasons et armoiries des ducs d'Anjou au XVe siècle. Ce n'est qu'à partir de 1477 et de la victoire du duc d'Anjou sur le duc de Bourgogne que la région change de nom, tout comme celui de cette croix à double croisillon. Pour les souverains de l'époque, ce symbole était celui d'un reliquaire. Il était d'ailleurs censé renfermer un morceau de la croix utilisée lors de la crucifixion du Christ. À partir du XVIe siècle, l'ancienne croix d'Anjou devient un véritable symbole patriotique utilisé dans toute la région Alsace-Lorraine. La croix apparaît même sur des documents de propagande lorsque la Lorraine se bat pour récupérer la Moselle. De fait, la croix a toujours été associée à une forme de patriotisme et de résistance.
Pourquoi le général Charles de Gaulle a choisi cet emblème comme symbole de la Résistance française pendant la Seconde Guerre mondiale ?
Dans un premier temps, la croix de Lorraine est choisie pour faire opposition au symbole du IIIe Reich : la croix gammée. C'est en effet cette croix à trois bras que le vice-amiral Émile Muselier veut apposer sur les pavillons des forces navales françaises libres. Ce symbole est alors utilisé dès juillet 1940 : les pavillons bleu-blanc-rouge sont ornés en leur centre d'une croix de Lorraine en rouge. Cette idée originale va arriver aux oreilles du général. En effet, lui aussi cherche un symbole pour représenter les Résistants agissant en France. Un autre membre des unités marines, l'amiral Georges Thierry d’Argenlieu, soumet alors l’idée d'utiliser la croix d'Anjou. Charles de Gaulle accepte immédiatement cette proposition. Le motif est apposé sur les drapeaux, mais également sur les chars de la deuxième division blindée.
Qu'est-ce qui est aujourd'hui associé à la symbolique de cette double-croix alsacienne ?
Après la Seconde Guerre mondiale, le symbole est utilisé sur les monuments commémoratifs, les médailles ou encore les pièces de monnaie. Entre autres, l'un des plus imposants monuments représentant la croix de Lorraine est celui visible dans la ville de Colombey-les-Deux-Églises. Ce choix n'est d'ailleurs pas anodin, car le monument est en réalité le mémorial du général de Gaulle. Puis, dès 1947, le symbole est utilisé en politique pour incarner tous les mouvements gaullistes. Néanmoins, il disparaît en 2002 avec la dissolution du Rassemblement pour la République (RPR).
Ça peut aussi vous intéresser :
De Gaulle, l'homme providentiel que la France honore
La résistance française invente un nouveau monde
Attentat du Petit-Clamart : c'est grâce à un concours de circonstances que Charles de Gaulle échappe de peu à la mort
En septembre 1940, Charles de Gaulle songe au suicide
Couple franco-allemand : de Charles de Gaulle à Angela Merkel
Podcast audio : « Charles et De Gaulle », épisode 1 : « Charles et l’Appel du 18 juin 1940 »