Des Juifs de gauche appellent le NFP à prendre « à bras-le-corps » la lutte contre l’antisémitisme
Le collectif fustige l’attitude de Jean-Luc Mélenchon dans la lutte contre l’antisémitisme. Photo d’illustration.
Un jeune collectif de Juifs se qualifiant de gauche, Golem, appelle les partis du Nouveau Front populaire (NFP) à prendre des mesures plus ambitieuses contre l’antisémitisme et dénonce un antisémitisme minimisé et nié à gauche, pointant Jean-Luc Mélenchon.
Le groupe Golem, un « collectif de Juif·ves de gauche » , appelle le Nouveau Front populaire à « prendre à bras-le-corps » la lutte contre l’antisémitisme, dans une tribune publiée dans Libération , à quatre jours des élections législatives.
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Affirmant leur soutien le Nouveau Front populaire (NFP), le collectif juif qui est décrit comme « antiraciste et antifasciste », appelle les partis qui composent l’alliance de gauche à prendre des mesures concrètes et plus ambitieuses contre l’antisémitisme. Golem avait été créé en réaction à la participation du Rassemblement national à la marche contre l’antisémitisme organisée en novembre dernier après l’attaque du Hamas en Israël.
«Р’В Minimisé »
«В Que penser du refus de reconnaГ®tre les propos antisГ©mites dans ses rangsВ ? Que penser de l’investiture de plusieurs candidatВ·es qui ont, par leurs discours, contribuГ© Г banaliser l’antisГ©mitisme dans notre sociГ©té ?В В», interpelle le collectif, jugeant certaines investitures « choquantesВ В» dans ces lГ©gislatives.
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«В Si aucun programme de ses partis ne comporte d’élГ©ments antisГ©mites, la gauche est loin d’en ГЄtre immunisГ©eВ В», met en garde le collectif.
Déplorant une injonction visant à faire « taire » les Juifs « sous peine de nuire » à l’union des gauches, Golem dénonce que « l’antisémitisme à gauche n’a cessé d’être nié et minimisé ».
Le collectif pointe le communiqué de LFI qui « minimisait les attaques du Hamas » le 7 octobre en Israël et qui « refusait de les qualifier de terroristes », de même que celui du Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA) qui « les justifiait et les qualifiait d’actes de “résistance” ».
Jean-Luc Mélenchon vivement critiqué
Il déplore par ailleurs la décision de Jean-Luc Mélenchon d’avoir « appelé à ne pas se rendre à une marche contre l’antisémitisme » et les « éléments de langage » du leader insoumis, qui « ont placé une cible dans le dos des Juif·ves en assimilant la lutte contre l’antisémitisme au soutien des massacres à Gaza », accuse le collectif.
Selon lui, Jean-Luc Mélenchon « perpétue la longue tradition antisémite de suspicion d’allégeance des Juif·ves de France à Israël ».
Citant d’autres « tropes antisémites » de cadres LFI, le collectif déplore que les autres partis du NFP ne les aient pas clairement condamnés.
Des mesures « insuffisantes »
Le collectif juge que les mesures de lutte contre l’antisémitisme du programme du Nouveau Front populaire sont « insuffisantes ». Ils réclament des mesures concrètes, comme la formation des agents de la fonction publique et pour l’éducation, un « véritable plan de prévention et de sensibilisation », des « études fiables sur l’antisémitisme à l’école et au travail », un meilleur accompagnement pour les victimes de harcèlement antisémite et des « sanctions claires contre les propos et les actes antisémites ».
Le collectif exige par ailleurs que tous les candidats du NFP suivent une formation sur l’antisémitisme et de prendre « des engagements concrets » contre l’antisémitisme au sein de leurs partis et parmi leurs élus.
Le collectif déplore que la lutte contre l’antisémitisme soit « mise en opposition » avec la lutte contre l’islamophobie. « L’union des gauches et la constitution d’un front antifasciste ne peuvent se faire que sur des bases véritablement antiracistes », presse le collectif.
Le NFP promet des engagements
Alors que les partis de gauche, principalement LFI, sont accusés par leurs adversaires d’ambiguïté sur la lutte contre l’antisémitisme, le Nouveau Front populaire dénonce de son côté une « odieuse campagne de diffamation menée par une macronie en déroute », a rapporté l’AFP dimanche. Le NFP s’engage notamment à « donner à la justice les moyens de lutter contre l’islamophobie et l’antisémitisme », « instaurer un commissariat à l’égalité avec un observatoire des discriminations », lancer « un plan de lutte contre les discriminations » ou encore à assurer la sécurité des lieux cultuels et culturels.
De son côté, Raphaël Glucksmann, tête de liste aux européennes de la liste PS-Place publique, en conflit avec Jean-Luc Mélenchon et la direction insoumise sur la question de l’antisémitisme, a publié sa propre charte. Le texte propose notamment de « sanctionner immédiatement tout candidat ou élu proférant des propos antisémites ou relativisant l’antisémitisme », de « former les futurs élus à la lutte contre l’antisémitisme et toute forme de racisme », de s’engager pour la sécurisation des lieux de culte, de « lancer une commission d’enquête parlementaire » sur l’antisémitisme en France et enfin de soutenir une « stratégie européenne » de lutte contre l’antisémitisme. Une charte soutenue selon Raphaël Glucksmann par le Parti communiste, les Écologistes et le Parti socialiste.