Une journée sur Terre durait moins de treize heures il y a des milliards d'années
L'effet de marée sur la Terre ralentit sa rotation. | GEORGE DESIPRIS via Pexels
Sa pâle lumière illumine les noces nocturnes de nombreuses espèces. Il se trouve que grâce à la Lune, nous profitons également davantage de nos jours sur Terre. Dans un processus connu sous le nom de «récession lunaire», elle s'éloigne de notre planète à un rythme de 3,8 centimètres par an. Ce faisant, nos journées s'allongent légèrement, comme le note la BBC.
Les données géologiques, conservées dans des bandes de roches sur Terre, montrent que la Lune était beaucoup plus proche de la planète bleue dans le passé qu'elle ne l'est aujourd'hui. Il y a des milliards d'années, la journée terrestre moyenne durait moins de 13 heures. Aujourd'hui, elle en dure environ 24 et continue de s'allonger.
Cela s'explique par les marées. «L'effet de marée sur la Terre ralentit sa rotation et la Lune gagne cette énergie. Même si cela semble peu, au cours des 4,5 milliards d'années de l'histoire de la Terre, tout cela représente un changement profond», explique à la BBC David Waltham, professeur de géophysique à la Royal Holloway (Université de Londres) et qui étudie les relations entre la Lune et notre planète.
Deux levers et deux couchers de soleil
Actuellement, la Lune se trouve à 384.400 kilomètres de nous. Une récente étude indique qu'il y a environ 3,2 milliards d'années, la Lune n'était qu'à 270.000 kilomètres de la Terre, soit environ 70% de sa distance actuelle. «La rotation plus rapide de la Terre raccourcissait la durée du jour, de sorte que [par période de vingt-quatre heures] il y avait deux levers et deux couchers de soleil, et non un seul comme aujourd'hui», détaille Tom Eulenfeld, géophysicien à l'Université d'Iéna (Allemagne), cité par la BBC.
Des études comme la sienne révèlent toutefois que le taux de recul de la Lune n'a pas été constant non plus: il s'est accéléré et ralenti au fil du temps. Une recherche réalisée par Vanina López de Azarevich, géologue à l'Université nationale de Salta (Argentine), suggère qu'il y a environ 550 à 625 millions d'années, la Lune aurait pu reculer de 7 centimètres par an. Cependant, durant la majeure partie de son histoire, elle s'est éloignée de la Terre à une vitesse beaucoup plus lente qu'actuellement.
Comme nous vous le disions en avril, la Terre connaîtrait un désastre si la Lune la quittait entièrement. Mais même à son rythme élevé de recul actuel, il est peu probable que ce scénario se réalise un jour. À plus court terme, l'humanité peut même jouer un rôle dans l'allongement des journées. Et ce, en réduisant la quantité d'eau emprisonnée dans les glaciers et les calottes glaciaires, due à la fonte causée par le changement climatique. Car «la glace supprime essentiellement les marées», résume David Waltham.
Le professeur de géophysique note qu'il y a 600 à 900 millions d'années, lorsque notre planète est entrée dans une période particulièrement froide connue sous le nom de «Terre boule de neige», le taux de recul de la Lune a connu un ralentissement spectaculaire. En théorie, les prochains astronautes qui s'envoleront vers la Lune (dans le cadre du programme Artemis de la Nasa) pourront peut-être dire qu'ils ont regardé leur planète natale de plus loin que leurs prédécesseurs du programme Apollo, qui date de soixante ans.