RN, NFP, camp macroniste : les résultats de notre dernier sondage
RN, NFP, camp macroniste : les résultats de notre dernier sondage
Malgré l'arrivée de l'été, rien de nouveau sous le soleil. À deux jours du premier tour des élections législatives anticipées, notre ultime estimation Cluster17 confirme la tendance à la polarisation du scrutin et la consolidation des intentions de vote.
Crédité de 35 % des voix, contre 34,5 % mardi dernier, le Rassemblement national (RN) reste en tête, profitant d'un nombre accru de reports de voix provenant des électeurs de Reconquête. En légère perte de vitesse, le Nouveau Front populaire (NFP) affiche 29,5 % des intentions de vote (contre 30 %), encore loin devant le bloc présidentiel à 20 % (contre 19,5 %).
En projection en sièges, estimation qui reste toutefois très incertaine avant les résultats du premier tour, le RN distancerait ses concurrents en envoyant 210 à 255 députés à l'Assemblée. Le NFP obtiendrait pour sa part entre 180 et 220 sièges, et la majorité pourrait reconduire 65 à 110 parlementaires. Les Républicains (LR) se disputeraient les miettes avec les autres listes, récupérant respectivement entre 25 et 35 sièges et entre 20 et 30 sièges.
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86 % des électeurs sont ainsi sûrs de leur choix
«Ã‚ Il n'y a pas de dynamique notable, résume Jean-Yves Dormagen, fondateur de l'institut Cluster17 et professeur en sciences politiques àl'université de Montpellier. On est dans une situation qui semble assez cristallisée, et qui confirme ce que l'on voit depuis le début : des électorats très fermement positionnés sur leurs intentions de vote, avec très peu d'hésitation et peu de seconds choix. »
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86 % des électeurs qui iront voter sont ainsi sûrs de leur choix, avec un pic à 94 % et 91 %, respectivement, pour les sympathisants du RN et du NFP. Le niveau de participation, en légère hausse de 0,5 % pour atteindre 65 %, est « d'autant plus remarquable que les Français ont déjà voté le 9 juin, note le fondateur de Cluster17. Une partie importante de la population a conscience que c'est une élection importante, qui mobilise ».
«Ã‚ Les gens ont l'air d'être plus tranchés sur le fait de voter ou de s'abstenir », ajoute-t-il. 14 % des électeurs disent toutefois pouvoir « encore changer d'avis », une proportion plus grande chez les électeurs LR et Reconquête. Ces électeurs « tendent àse reporter principalement sur le RN, ce qui explique que la coalition LR-RN aura sans doute plus, voire sensiblement plus que son score des européennes », prophétise le sondeur.
Le front républicain, stop ou encore ?
«Ã‚ La grande incertitude de ce scrutin àce stade, poursuit-il, c'est quel va être l'effet du premier tour sur les électeurs. Comment les électeurs vont-ils réagir au fait que le RN et Jordan Bardella ont la majorité relative, voire absolue, àportée de main ? »
Un constat sans doute « pas complètement intégré » par une partie de l'opinion, en particulier l'électorat centriste, dont les réactions durant l'entre-deux-tours seront déterminantes dans l'issue du scrutin. « Soit on va voir se mettre en place une dynamique d'amplification de la progression du RN et de ses alliés, soit les résultats de ce premier tour produiront au contraire une reconstitution d'une forme de front républicain », lance Jean-Yves Dormagen.
À LIRE AUSSI Législatives : les triangulaires, comment ça marche ? L'abstention potentielle des électeurs de l'actuelle majorité dans le cas de duel RN-NFP a d'ailleurs évolué à la baisse depuis une semaine, passant de 70 % à 50 %. « Dans 3 cas sur 4, leur vote se reporterait sur le NFP, pointe le professeur en sciences politiques. On est donc revenu à une situation de début de campagne, qui s'était dégradée, liée à l'omniprésence de Jean-Luc Mélenchon dans les médias et au narratif de la majorité reposant sur la mise en équivalence de deux extrêmes. »
Aujourd'hui, ce narratif a un peu évolué, en témoignent les appels d'Édouard Philippe à « une grande coalition qui irait de la droite à la gauche écologiste comme alternative au RN » et les positions de Gabriel Attal plus virulentes envers l'extrême droite que la gauche lors des deux débats télévisés de la semaine. « Ce discours qui vient des leaders les plus populaires et importants de la majorité présidentielle peut impacter les électeurs », confie Jean-Yves Dormagen.
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Les électeurs centristes, clé du scrutin ?
D'après lui, « les responsables politiques à partir de dimanche 20 heures vont avoir un rôle important à jouer, selon les positions qu'ils vont prendre ». Choisiront-ils de se désister en cas d'arrivée en troisième place lors d'une triangulaire, comme certains leaders de gauche l'ont annoncé ces derniers jours ? Y aura-t-il « un appel clair des leaders des différents camps à faire barrage au RN » ? Ces décisions entraîneront-elles un regain de participation, comme ça a été le cas en 1997 dans l'entre-deux-tours ? « Si l'électorat de Renaissance par exemple s'abstient à 40 % ou 70 % dans le cas d'un duel NFP-RN, le résultat ne sera pas le même », rappelle le sondeur.
À LIRE AUSSI Européennes : pourquoi la jeunesse ne vote pasLe scrutin se décidera-t-il chez les électeurs de la majorité ? Jean-Yves Dormagen n'en doute pas : « La participation, la mobilisation et le choix qu'opéreront les électeurs dont les candidats auront été éliminés le premier tour vont être absolument décisifs pour le scénario de second tour. » De son côté, l'électorat RN semble moins inquiété que les autres des résultats de ces élections : 68 % disent qu'il leur « importe vraiment de savoir qui gagnera l'élection législative anticipée », contre 76 % des électeurs de Renaissance et 87 % des électeurs du NFP.
«Ã‚ C'est un électorat en moyenne un peu moins politisé, un peu plus sceptique envers les politiciens, décrypte Jean-Yves Dormagen. Il attend moins d'impact important sur sa vie des résultats des élections, c'est un électorat un peu désabusé. » Et de conclure : « La plupart des électeurs pensent que le RN va gagner ces élections, et répondent àcette question avec cette idée àl'esprit. [?] Je lis leur réponse aussi comme le fait que ceux qui craignent le RN le craignent avec plus d'intensité que ceux qui l'espèrent. » Leurs craintes sont-elles fondées ? Verdict ce dimanche, à20 heures.