Attaques terroristes au Daguestan : retour de flammes dans le Caucase du nord russe
Sur le site d'une des attaques terroristes au Daguestan, le 24 juin 2024.
«Opération antiterroriste terminée», ont annoncé lundi matin les autorités russes. Dimanche, le jour de la Pentecôte, l’une des plus importantes fêtes du calendrier liturgique orthodoxe, des attaques ont eu lieu sur deux synagogues et une église, au Daguestan, l’une des petites républiques à majorité musulmane du turbulent Caucase du nord russe. Cinq assaillants ont été «liquidés», leurs identités établies, a déclaré le Comité antiterroriste.
Dimanche, en fin d’après-midi, deux groupes d’hommes armés ont lancé simultanément des cocktails Molotov sur l’église orthodoxe de l’Intercession de la Sainte Vierge Marie, tuant le recteur, le père Nikolaï Kotelnikov, 66 ans, et sur la synagogue Kele-Numaz, dans la ville médiévale de Derbent. Environ une demi-heure plus tard, un autre groupe d’assaillants a ouvert le feu sur des policiers qui gardaient la cathédrale de l’Assomption de la Vierge Marie, à Makhatchkala, la capitale de la région. A peu près au même moment, un cocktail Molotov volait sur la synagogue de la ville, dont les portes ont été taguées avec des sourates du Coran. Des échanges de tirs avec les forces de l’ordre ont éclaté aux abords des lieux de culte attaqués. Au total, selon les chiffres confirmés ce lundi, 15 policiers ont été tués et 17 autres blessés. Quatre civils ont péri.
«La guerre entre dans nos foyers»
Les terroristes planifiaient les attaques depuis la mi-mai, selon la source de la chaîne Telegram «Shot». Le jour des attentats, six personnes ont coordonné leurs actions dans un tchat fermé. Toujours selon le même média, le père Nikolai Kotelnikov était la principale cible des terroristes à Derbent, qui avaient partagé sa photo dans le groupe.
Dès lundi, le dirigeant du Daguestan, Sergueï Melikov, qui s’est rendu à Derbent sur les lieux des attaques, a fait un rapprochement avec la guerre en Ukraine, dans une déclaration vidéo : «Auparavant, [les événements qui secouent le monde ne concernaient que] ceux qui prenaient part aux opérations militaires spéciales, qui défendaient notre pays aux frontières de la ligne de contact. Mais nous devons nous rendre compte que la guerre entre aussi dans nos foyers. Nous l’avions déjà ressenti auparavant, mais aujourd’hui nous sommes directement confrontés à cette guerre.»
«La Russie a changé»
Les identités des assaillants ont été rapidement établies. Deux d’entre eux, les frères Osman et Adil Omarov, sont les fils du chef du district de Sergokala au Daguestan, Magomed Omarov. Un autre est son neveu. L’homme a été placé en garde à vue, et immédiatement exclu du parti du pouvoir, Russie unie. Un autre assaillant s’est avéré être le combattant MMA Gadzhimurad Kagirov, rapportent les médias russes.
Cette série d’attaques qualifiées de «terroristes» par les autorités russes intervient trois mois après l’attentat au Crocus City Hall, une salle de concert de la banlieue de Moscou, et qui avait fait plus de 140 morts. Contre toute logique et preuve, le Kremlin n’avait pas hésité alors à accuser Kyiv d’être derrière l’attaque, pourtant revendiquée par l’Etat islamique. Moscou continue de rejeter la moindre allusion à un possible retour d’une insurrection islamiste, qui avait gangrené le pays dans les années 2000, dans le sillage de la deuxième guerre de Tchétchénie. «La Russie a changé, la société s’est consolidée et de telles manifestations terroristes ne sont pas soutenues par la société», a assuré lundi le porte-parole de la présidence, Dmitri Peskov. En précisant qu’il incombait aux enquêteurs d’établir s’il existe un lien entre ces attaques au Daguestan et les frappes de dimanche sur la Crimée, que Moscou impute à un missile américain.
Pourtant, selon le Conseil de sécurité, rien qu’en 2023, 16 attaques terroristes ont été évitées dans le Caucase du nord, et les activités de 149 groupes «partisans d’organisations terroristes internationales» ont été supprimées, écrit la chaîne Telegram VCthK-OGPU. Le 1er avril 2024, le FSB avait signalé la détention de suspects qui s’apprêtaient à organiser un attentat à la bombe sur une plage bondée de Kaspiisk, au Daguestan.