Législatives : Darmanin redoute des « troubles extrêmement graves » en cas de défaite du camp présidentiel
Le ministre de l'Intérieur, qui a annoncé quitter le gouvernement même s'il est réélu aux législatives, s'en est à nouveau pris aux deux blocs rivaux ce vendredi. LP/ARNAUD JOURNOIS
Dans la dernière ligne droite de la campagne, le camp présidentiel abat ses dernières cartes. Quelques jours après l’appel des préfets à la vigilance pour le bon déroulement des élections législatives, dont le premier tour est prévu dimanche, Gérald Darmanin a dit craindre ce vendredi « une sorte de chaos » au sortir du scrutin, à l’annonce des résultats. Mais surtout, le ministre de l’Intérieur a brandi la menace de « troubles extrêmement graves » dès cet automne, en cas de défaite du bloc macroniste dans les urnes.
Dans une circulaire datée de mardi, il appelait les préfets à rester très attentifs « dans un contexte marqué par plusieurs risques sécuritaires » parmi lesquels des « actions de déstabilisation ciblées ». Invité sur franceinfo ce vendredi, il a rappelé la nécessité de « protéger tous ceux qui vont aller voter » face à la menace terroriste, quelle que soit l’élection. Et précisé que selon les services de renseignement, « sans certitude », « sans doute le soir du second tour (le 7 juillet), à l’annonce des résultats définitifs, ultragauche et ultradroite peuvent en profiter pour semer une sorte de chaos ».
«Ã‚ Notre travail (…) c’est d’empêcher que ce chaos existe », a-t-il insisté, assurant avoir « assez » de forces de sécurité mobilisées pour garantir « la paix publique », malgré le dispositif renforcé pour les Jeux olympiques notamment. Mais surtout, « ce qui m’inquiète plus, c’est la rentrée sociale » : « Ce qui va se passer très certainement, c’est que les programmes démagogiques économiques, que ce soit de l’extrême gauche et de l’extrême droite, qui vont être mis en place cet été, vont faire que la France va être attaquée sur les marchés financiers », a avancé Gérald Darmanin.
« Une fin d’année extrêmement difficile »
«Ã‚ Ã€ partir de septembre-octobre, nous connaîtrons des troubles extrêmement graves : il y a ceux qui n’aiment pas la police, l’extrême gauche, ceux qui vont débrider des personnes violentes, l’extrême droite », a-t-il anticipé. « Cela, plus les démagogies et la ruine économique de notre pays… La France va connaître - si nous devions perdre - une fin d’année extrêmement difficile », a conclu le ministre, àl’heure où le camp macroniste se retrouve en perte de vitesse dans les sondages, devancé par le RN, grand favori, et l’union de gauche Nouveau Front populaire.
Gérald Darmanin, qui a annoncé quitter le gouvernement même s’il est réélu député dans le Nord, a par ailleurs répété ses critiques à l’égard des deux blocs rivaux, accusant de nouveau « une partie de la gauche (de) devenir un soutien des antisémites », tandis qu’il a reproché au RN de « trier les Français par leur origine ». Il a confié à ce propos que « cela fait plusieurs semaines » qu’il reçoit « périodiquement sur les réseaux sociaux ou par lettre des mots qui m’appellent Moussa, le deuxième prénom de mon grand-père qui a été tirailleur algérien ».
Des messages émanant selon lui « de gens sûrement proches du candidat du RN contre moi », dans la 10e circonscription du Nord où il prétend à sa réélection lors des législatives. Adressant un message de soutien aux journalistes du service public qui ont révélé ces derniers jours avoir été victimes d’attaques racistes, il a dit « compren(dre) la blessure » que ces mots peuvent provoquer et dénoncé une « libération de la parole raciste », « extrêmement préoccupante ».
Gérald Darmanin a par ailleurs annoncé qu’il allait « investir les services d’enquête du ministère de l’Intérieur », après que le maire socialiste de Rouen Nicolas Mayer-Rossignol a interdit une soirée xénophobe baptisée « Les étrangers dehors » prévue ce vendredi soir, et demandé à Beauvau de dissoudre l’association organisatrice. Une dissolution peut toutefois « prendre plusieurs semaines », a rappelé le ministre.