Rémi Bonnet, tenant du titre au Marathon du Mont-Blanc : « Les courses, j'ai ça en moi »

Rémi Bonnet s'apprête à défendre son titre sur le Marathon du Mont-Blanc dimanche. (Red Bull Content Pull)

Vainqueur du Marathon du Mont-Blanc (42 km, 2 540 m D +) l'an passé, Rémi Bonnet sera, dimanche, à Chamonix le grand favori de course mythique. L'athlète suisse, que nous avons rencontré à Paris, en profite pour tacler le CIO à propos du ski-alpinisme, désormais discipline olympique.

«Â Après avoir gagné la Neirivue-Moléson (10,6 km pour 1290 m de D +) il y a quelques jours juste à côté de chez vous, vous êtes désormais très attendu dimanche au Marathon du Mont-Blanc, maratrail mythique dont vous êtes le tenant du titre. Dans quelle forme êtes-vous ?

À la Neirivue-Moléson, ma forme n'était pas optimale, mais c'est normal. J'ai fini la saison de ski-alpinisme un peu tard. Il m'a fallu un petit break, et cette course était le bon moyen de me tester et de voir où j'en étais. J'ai été rassuré. Le Marathon du Mont-Blanc, c'est mon premier gros rendez-vous de la saison. Je vais être plus frais et je vise la victoire évidemment. J'ai toujours l'objectif de faire aussi bien, ou mieux que l'an passé. Je sais que je suis attendu, mais il faut prendre cette pression positivement. D'autant que je connais bien le parcours, je sais de quoi je suis capable. L'an dernier, j'ai battu le record, je sais que le tracé me convient bien. On va essayer de faire la même chose.

lire aussi

Kilian Jornet raconte son trip fou dans les Pyrénées

Que vous inspire cette course et quelle place tient-elle dans votre carrière ?

Quand j'ai débuté, c'était une des courses que je rêvais de gagner. J'avais à l'époque pondu une liste et le Marathon du Mont-Blanc était dedans. C'est une des courses de montagne les plus mythiques. Et puis, c'est au programme de la Golden Trail World Series, donc ça rajoute un peu de prestige. Et quand tu vois le paysage et l'ambiance... Tu n'as pas ça sur toutes les courses.

Vous n'avez pas participé aux trois premières manches de la GTWS. Quelle est votre stratégie et votre ambition cette saison sur ce circuit ?

Je vais essayer de jouer le titre de nouveau cette année. Comme j'ai gagné deux fois d'affilée, je vais aller chercher un troisième sacre. Comme on dit, jamais deux sans trois. J'ai certes raté les premières épreuves mais ce n'est à mon sens pas trop embêtant. Ce que je préfère, c'est d'être en forme quand il y a les courses comme Sierre-Zinal (10 août) et celles aux États-Unis (Headlands le 14 septembre à San Francisco et Mammoth le 22 septembre dans la Sierra-Nevada), elles me font un peu plus rêver. Alors que les courses en Asie (Kobe Trail au Japon et Four Sisters Mountain Trail en Chine) en début de saison... ça fait un long voyage, et je finissais ma saison de ski. Donc cela n'avait aucun sens que j'aille là-bas. Du coup, j'ai besoin de quatre courses pour le classement, plus la finale (Ascona-Locarno en Suisse du 17 au 20 octobre), donc ça fera l'affaire.

Vous avez un profil très atypique, puisque vous performez à ce niveau l'été en trail est l'hiver en ski-alpinisme. Quel est votre secret ?

Au début de ma carrière, j'ai fait l'erreur de vouloir m'engager sur beaucoup de compétitions. Désormais, je sélectionne davantage. L'hiver, j'ai mes Coupes du monde de vertical et d'individuel, ainsi que les Championnats du monde. Et là, ça fait trois saisons que j'arrive à tout gagner, en hiver comme en été. Je pense avoir réussi à bien manager tout ça. Je m'impose aussi un break au printemps, avec seulement deux-trois courses et de l'entraînement de base, ça t'aide à déstresser un peu, pour être ensuite focus à 100 %.

C'est un équilibre dont vous avez absolument besoin ?

Oui, car l'hiver je ne peux pas courir à la maison, il y a trop de neige. Du coup, je prends mes skis et je fais des compétitions. J'ai besoin de ça aussi pour me confronter aux autres. Les courses, j'ai ça en moi. C'est ma passion, ce n'est donc pas une corvée d'aller m'entraîner. Mais il faut bien gérer ça et bien tout planifier sur une année entière.

lire aussi

Le trail running aux JO ? Kilian Jornet est mitigé

Le ski-alpinisme a rejoint le giron olympique et sera présent en 2026. En êtes-vous très satisfait ou avez-vous des craintes sur le fait notamment que votre sport peut perdre un peu de son âme ?

Quand on a reçu la nouvelle, on était tous contents. C'est le rêve de tout athlète d'aller aux JO. Mais ensuite, quand on a vu les disciplines choisies (le sprint et le relais mixte), on a tous un peu déchanté. Pour nous, ça dénature un peu le sport, cela ne va pas dans la bonne direction. On voit qu'ils (le CIO) essaient de tout rétrécir, à l'image du VTT, où ils font des tours et des tours... On n'a vraiment pas envie que cela devienne comme ça. Les JO, c'est bien dans l'optique de professionnaliser la discipline, les sportifs vont pouvoir en vivre car les sponsors vont s'y intéresser. Ce n'est actuellement pas le cas. Là, moi, je vis de la course à pied. On verra si ça peut changer pour 2030. On va mettre un peu de pression, mais au final ce n'est pas nous qui décidons, nous n'avons pas beaucoup de poids... Pour moi, les premiers JO, ce ne sera pas vraiment le "ski-alpi"... »

lire aussi

L'actu du trail