Hôpitaux : la menace du RN aux législatives attise les inquiétudes des médecins étrangers

hôpitaux : la menace du rn aux législatives attise les inquiétudes des médecins étrangers

Lors d'une manifestation des praticiens à diplômes hors Union européenne (Padhue) devant le ministère de la Sante a Paris le 31 mai 2022.

«Dans deux semaines, je serai un dermatologue spécialisé en oncodermatologie, administrant quotidiennement des traitements valant des dizaines de milliers d’euros, mais sans papiers.» Les mots de Najim (1) sont aussi amers que le paradoxe qu’il soulève est grand. Depuis deux ans et demi, le médecin marocain suit des centaines de patients au sein d’un CHU, dans une spécialité où les médecins manquent. Il est payé juste au-dessus du smic, sous un contrat semblable à celui d’un stage, avec une autorisation temporaire d’exercer : insuffisant pour que la préfecture prolonge son titre de séjour. Ils sont quelques milliers, comme lui, à accumuler les heures dans les couloirs hospitaliers, telle n’importe quelle blouse blanche. Sauf qu’ils sont des Padhue, médecins avec un diplôme hors Union européenne. Et doivent encaisser contrats précaires sous-payés et insécurité administrative.

«[Ils] tiennent parfois à bout de bras nos services de soins», avait reconnu Emmanuel Macron en janvier, avant d’appeler à la «régularisation de nombre [d’entre eux]». Six mois plus tard, l’imbroglio n’a pas vraiment bougé. La dissolution de l’Assemblée nationale les fragilise encore plus. «La situation des Padhue en poste dans nos hôpitaux risque de ne pas ou de ne plus être traitée dans quelques semaines», se sont alarmés le syndicat Jeunes Médecins et l’association Intégration des praticiens à diplôme étranger engagés contre la crise (Ipadecc) dans un communiqué transmis le 14 juin. Ils demandent «une validation immédiate» de tous ceux exerçant en France.

«Vu le contexte législatif, il faut une procédure d’urgence», plaide Emanuel Loeb. Le président de Jeunes Médecins suggère par exemple «une validation au moins par le chef de service». L’urgence était déjà de mise, en janvier, quand la fin d’une procédure dérogatoire a rendu impossible le maintien en poste des Padhue non lauréats aux épreuves de validation de compétences (EVC). Environ 2 000 d’entre eux risquaient de se retrouver sur le carreau, sans emploi voire expulsés. Le gouvernement a fini par délivrer des autorisations temporaires d’exercice pour tous ceux en poste dans des établissements français, engagés à repasser le concours en 2024. Mais les galères administratives persistent. En témoigne l’histoire de Najim.

Décaler le problème

En théorie, un médecin sans diplôme européen doit obtenir une autorisation spécifique pour exercer. La procédure classique commence par les fameuses EVC. Un concours très sélectif : en 2023, 2 700 places étaient ouvertes toute spécialité confondue, pour plusieurs milliers de candidats – 34 % ont été admis. Mais, sur le terrain, des centaines travaillent quand même dans les hôpitaux avant de les avoir passés. Dans un flou administratif complet et sous des statuts précaires, bien moins rémunérés que leurs homologues français. Ainsi, parmi les candidats malheureux des EVC 2023, 2 100 exerçaient déjà en France. «Il est normal de s’assurer de leurs compétences. Le problème, c’est qu’on permet toujours un recrutement gré à gré en amont des épreuves, et qu’un décalage se forme entre le nombre de Padhue venant exercer et la possibilité de les régulariser», souligne Emanuel Loeb. Abdelhalim Bensaidi, vice-président de l’Ipadecc et lui-même Padhue, s’emporte un peu plus : «On est déjà dans les hôpitaux, on soigne déjà les patients. Valider tous les Padhue en exercice, c’est simplement les laisser continuer le travail qu’ils font.»

Certes, face aux mobilisations des médecins étrangers et au cap fixé par le Président, le gouvernement n’est pas resté inerte. Il a prolongé leurs autorisations d’exercice, dans l’attente des décrets officialisant un nouveau statut qui permet d’exercer pendant treize mois (renouvelable une fois) – un sursis qui ne fait que décaler le problème, soulèvent syndicats et associations. En parallèle, 4 000 places ont été ouvertes pour les EVC 2024. «Plus de postes ne va pas résoudre le problème. Seulement conduire à régulariser plus de gens qui ne sont pas encore en France et ont le temps de se préparer, tandis que nous travaillons 70 heures par semaine», pointe Abdelhalim Bensaidi. Lui prône une validation sur dossier.

Projets aux oubliettes

L’exécutif était aussi en train de plancher pour faire évoluer les EVC en 2025, avec l’idée d’une procédure différente entre les praticiens exerçant en France et ceux arrivant de l’étranger. Les discussions devaient commencer cet été. La dissolution de l’Assemblée rebat les cartes. L’exécutif est désormais dans l’attente – le ministre délégué à la Santé, Frédéric Valletoux, est même en campagne. Et si l’extrême droite arrive au pouvoir, tout porte à croire qu’elle sera moins encline à faire bouger le sujet, peu compatible avec la «préférence nationale». «On veut être validés au plus tard entre les deux tours, on n’est pas sûrs des résultats du scrutin et de ce qu’ils changeront pour nous», poursuit le vice-président de l’Ipadecc. «Le RN a toujours voté contre les lois visant à intégrer les Padhue ou améliorer leurs conditions d’exercice en France», rappelle Kahina Hireche Ziani, secrétaire générale de SOS Padhue – autre organisation de défense de ces praticiens.

Conclure que le RN conduirait à leur expulsion pure et simple serait pour autant assez aventureux. Peu réaliste surtout. «Sans eux, on fermerait beaucoup d’hôpitaux, balaie Christian Brice, délégué de l’Association des médecins urgentistes de France dans les Côtes-d’Armor. A Saint-Brieuc, sur 20 médecins dans mon service, 4 sont des Padhue.» Enlever un cinquième de l’effectif de garde, déjà sous doté, serait intenable. «Dans les hôpitaux périphériques du département, ils sont encore plus nombreux et importants pour maintenir les lignes d’urgences», poursuit le médecin breton.

«Retour en arrière»

«C’est un sujet controversé, admet de son côté Yves Rébufat, délégué général d’Action praticien hôpital. En tant que syndicat, nous sommes favorables à ce que tous ceux en poste soient régularisés et exercent dans des conditions correctes. Mais pas qu’on continue une importation de médecins étrangers au rythme de ces dernières années.» Il insiste sur l’importance des EVC pour contrôler leur niveau. «Les étudiants français passent sous toutes les fourches caudines. Il y a une exigence de compétence et de sécurité des soins.» Problème épineux, donc, qu’une instabilité politique rendrait plus difficile encore à démêler. «Que ce soit le RN le vainqueur ou pas, la nouvelle Assemblée sera forcément instable et nous en subirons les conséquences», résume Kahina Hireche Ziani, qui craint des «clivages» plus importants dans l’hémicycle et un «blocage» des textes qu’ils attendent.

Pour Najim, la dissolution ne présage qu’un «retour en arrière» des avancées glanées. Et accroît sa lassitude. «J’ai toujours été bien accueilli par mes chefs, mes confrères, je n’en serais pas là sans leur confiance. Mais je me sens utilisé.» Dégoûté par un système qui «le sous-estime», le «bloque dans son évolution de carrière» avec un «contrat bon marché», «sans cotisations pour la retraite et autres avantages d’un salarié». Quand bien même le dermatologue suit près de 600 patients, quasiment tous atteints de cancers métastatiques. Sa profession le passionne, assure-t-il, la France lui permet de se perfectionner avec du matériel de pointe et des formations. Mais il songe à partir. Pour d’autres, quitter la France n’est pas une option : ils y ont construit leur vie, voire sont naturalisés. Une partie est aussi accablée par des difficultés financières. Pour tous ou presque, le brouillard s’est encore épaissi, et l’espoir d’une sécurité obscurci.

(1) Le prénom a été modifié.

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