Bac philo 2024 : qui était Simone Weil ?
L’écrivaine Simone Weil était à l’honneur de l’épreuve de philosophie du baccalauréat mardi dernier. Au grand désespoir des candidat.e.s qui l’ont confondu avec Simone Veil, ancienne ministre de la Santé et figure du féminisme français. Voici ce qu’ils auraient dû savoir sur la philosophe.
Le baccalauréat 2024 a commencé le 18 juin dernier. Comme toujours, les candidats et candidates débutent avec l’épreuve de philosophie. Cette année, parmi les trois sujets proposés figuraient un extrait de La Condition ouvrière, l’ouvrage de la philosophe française Simone Weil, paru en 1951 aux éditions Gallimard.
Mais une fois leur copie rendue, de nombreux.ses lycéen.ne.s se sont rendu.e.s compte avoir fait la même erreur : ils ont confondu Simone Weil avec Simone Veil, l’ancienne ministre de la Santé, qui a fait adopter la loi dépénalisant l’IVG de 1975, ont-ils partagé sur les réseaux sociaux.
Il est vrai que la politique et militante féministe est plus connue des plus jeunes que sa presque homonyme. Qui était donc Simone Weil ?
Une enseignante dans les usines
La Française naît le 3 février 1909 à Paris, d’un père alsacien et d’une mère ukrainienne. Dès le plus jeune âge, la petite Simone est sensibilisée par le sort des malheureux. À 5 ans, alors que la Première Guerre mondiale vient d’éclater, elle décide d’envoyer du sucre aux soldats combattant sur le front.
Elle brille dans ses études et se tourne très jeune vers la philosophie, tandis que son frère, André Weil, préfère les mathématiques. À 16 ans, elle obtient son baccalauréat de philosophie et entre en 1925 en hypokhâgne au lycée Henri-IV. Pendant ses études, elle croise le chemin de Simone de Beauvoir et du philosophe Alain qui l’inspire. Elle admire également les pensées de Descartes, qui sera son sujet de mémoire, mais aussi de Kant et de Platon. À 19 ans, elle intègre l’École normale supérieure. Trois ans plus tard, elle commence sa carrière de professeure au lycée du Puy-en-Velay.
Pendant ses années en Haute-Loire, la jeune enseignante poursuit ses engagements envers les classes ouvrières. Elle soutient des syndicats dans un mouvement de grève, et fait don d’une partie de sa paie à la Caisse de Solidarité des mineurs. Syndiquée pour sa propre profession, elle écrit pour de nombreuses revues révolutionnaires comme L’École émancipée et La Révolution prolétarienne. Dans les années 1930, elle se rapproche du mouvement communiste et marxiste, mais se dit opposée au régime de Staline en URSS.
À ses yeux, pour comprendre la misère, il faut la vivre. En 1934, elle quitte donc le professorat pour travailler dans les usines et expérimente la condition ouvrière chez Alstom ou encore Renault. La faim, la fatigue, l’oppression… Tout cela, elle le raconte dans son Journal d'usine qui conduira à la publication des années plus tard de son ouvrage La Condition ouvrière. La philosophe “décrit et dénonce un véritable abrutissement au travail chez l’ouvrier qui est employé à l’usine. Il est assigné à son poste comme une machine”, indique Philosophie Magazine. “Cela génère chez lui une véritable aliénation qui va à l’encontre du propre de l’esprit humain, à savoir la capacité à vagabonder librement où il souhaite.”
Sa santé se détériore et, ne pouvant plus travailler dans les usines, elle décide de reprendre l’enseignement, tout en continuant à s’engager auprès des plus précaires. Elle participe ensuite à la Guerre d’Espagne aux côtés des Républicains.
Résistante pour la France libre
Née de parents juifs et agnostiques, elle se tourne vers le christianisme. Elle a aux alentours de 26 ans lorsqu’elle entame sa propre démarche spirituelle. Elle partage ses réflexions dans des lettres adressées au Père Joseph-Marie Perrin, qui seront publiées plus tard sous le titre Attente de Dieu (Éditions du Vieux Colombier, 1950).
Quant la Seconde Guerre mondiale fait tomber l’Europe dans le nazisme et le fascisme, elle s’engage auprès de la Résistance. Elle écrit sous le pseudonyme d’Émile Novis pour Les Cahiers du Sud, l’une des revues de la France libre. En 1942, elle déménage en Grande-Bretagne, après un court passage par les États-Unis où se sont réfugiés ses parents, pour continuer ses actes de résistance. Elle demande à retourner en France pour combattre le nazisme de l’intérieur, mais la France libre refuse. Elle pourrait être rapidement arrêtée puisqu'elle est identifiée comme juive et déportée.
En 1934, sa santé est au plus mal. Elle contracte la tuberculose, et est rapidement transférée à l’hôpital. Elle meurt le 24 août, à l’âge de 34 ans, d’une crise cardiaque. Son corps repose au cimetière catholique d'Ashford, en Angleterre.
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