« J’hésite de plus en plus ! » : ces électeurs toujours pas certains de leur vote aux législatives
Une partie des électeurs indiquant une intention de vote disent que leur choix pourrait encore bouger d'ici à dimanche. Le Parisien DA - LP/Olivier Corsan, Arnaud Journois, Philippe Lavieille
« Ce débat m’a pas vraiment aidé àme décider ! », nous écrit Pierre mardi soir, àl’issue de la joute télévisuelle entre Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard. Depuis plusieurs jours, cet ingénieur informaticien de 39 ans « oscille en permanence ». En ces derniers jours de campagne express des élections législatives, les indécis comme lui sont « chassés » par les formations politiques. D’après le sondage Ipsos pour Le Parisien et Radio France, dévoilé ce dimanche 23 juin, 26 % des électeurs qui comptent s’exprimer ne sont pas encore certains de leur choix au premier tour, une semaine plus tard. Autant de voix qu’il est encore possible de faire basculer, pour ce scrutin décrit par certains politologues comme « le plus important de l’histoire de la Ve République ».
Parmi ces indécis figure aussi Quentin, 38 ans, fonctionnaire en Seine-et-Marne et de passage ce lundi à Paris lorsque nous le croisons. Traditionnellement « centriste », le trentenaire engagé sur l’environnement prévoit cette fois de voter pour le Nouveau Front populaire (NFP), représenté par un communiste dans la circonscription parisienne où il a grandi. « Ils sont à mes yeux les plus sensibilisés et les plus moteurs sur les enjeux importants, comme l’environnement et non la sécurité ou l’immigration », glisse-t-il.
Du « flou » dans le programme de la gauche
Quentin souhaite aussi « pénaliser Emmanuel Macron pour le fait d’avoir fait prendre au pays un risque si important avec la dissolution ». Comprendre, permettre à l’extrême droite de prendre le pouvoir. Le Rassemblement national et ses alliés des Républicains « tendance Éric Ciotti » sont d’ailleurs largement en tête des intentions de vote, dont celles d’Ipsos. Pour autant, sensible à « la stratégie de diabolisation permanente du Nouveau Front populaire », méfiant de la figure de Jean-Luc Mélenchon et surtout « réticent à voter communiste », Quentin n’exclut toujours pas de se rabattre au dernier moment sur un bulletin de la majorité présidentielle sortante.
Pierre est confronté au même dilemme. « J’ai voté Glucksmann aux européennes, j’étais enclin il y a quelques semaines à voter NFP, sachant que mes lignes rouges étaient le départ d’Adrien Quatennens et la possibilité que Jean-Luc Mélenchon soit Premier ministre », glisse ce « déçu du macronisme ». Méfiant aussi vis-à-vis de certaines « mesures très dérangeantes » dans le programme du Front populaire, comme le retour généralisé à la retraite à 60 ans et le « flou » sur le nucléaire, il « hésite de plus en plus à voter pour Ensemble (la coalition soutient d’Emmanuel Macron ». « Je ferai barrage au RN, reste à savoir avec quel bulletin », ajoute-t-il.
« Ne pas aller voter serait une faute majeure »
Mais c’est au sein de l’électorat Les Républicains (LR) que la part d’indécis est - de loin - la plus élevée, proche de 50 %. Jean, septuagénaire parisien, en fait partie. Électeur historique « de centre droit », il compte voter pour le candidat LR « canal historique » au premier tour. Mais l’envie le titille encore de changer d’avis pour celle de la majorité sortante, afin de « leur permettre d’avoir le plus de voix possible en vue du second tour ». Une sorte de vote utile, en somme, malgré sa « déception » de la politique suivie par Emmanuel Macron sur les sujets sociétaux - notamment la fin de vie - depuis 2017. « Si je vote pour la candidate de Macron, ce ne sera pas du tout un blanc-seing pour la suite », tonne-t-il.
Le Rassemblement national peut compter, pour sa part, sur l’électorat le plus sûr de son choix. « Rien ne me fera changer d’avis », glisse Fabrice, quinquagénaire dans le nord de la France et « désabusé » par la situation du pays. Lui partage au moins un point commun avec les indécis : tous sont certains d’aller glisser un bulletin dans l’urne dimanche prochain. Estimée autour de 62 %, la participation au premier tour s’annonce record depuis 2002, d’après Ipsos. Et Quentin de conclure : « Au vu des enjeux pour les trois années à venir jusqu’à la prochaine présidentielle, ne pas aller voter serait une faute majeure. »