Top 14: ils racontent Yannick Bru "le Toulousain", qui affronte le Stade avec l’UBB

"C'est un clin d'œil du destin qui est qui est sympa. J'ai passé 18 ans de ma vie là-bas. On peut avoir des différends par moment, mais il y a un fil rouge de respect pour tous les gens qui ont porté le maillot et qui ont œuvré pour construire l'histoire du club." A peine la demi-finale remportée samedi dernier face au Stade Français que les questions concernant ces retrouvailles particulières avec le Stade Toulousain, à ce stade inédit de la compétition, tombaient déjà en conférence de presse sur le manager de l’UBB Yannick Bru. On ne gagne pas deux Boucliers et deux Coupes d’Europe en tant que joueur, puis trois autres Boucliers et une Coupe d’Europe en tant qu’entraîneur impunément, sans être toujours estampillé "Rouge et Noir" des années après.

Mais cette "machine à titre" s’est d’abord construit dans l’adversité. Au début de sa carrière de joueur au Stade Toulousain, en provenance d’Auch et de son Gers natal, il débarque en pleine hégémonie des années 90. Lui, alors 3e ligne à Auch, rejoint les rangs des juniors puis petit à petit d’une équipe première qui vient de remporter trois titres de champion de France de suite et règne (déjà) sur la France du rugby. Yannick Bru, qui vient de changer de poste pour glisser en première ligne, ne peut miser sur sa puissance et doit mentalement se surpasser. "Le mental il n’a pas eu à le chercher, il l’avait. En revanche, il a fallu qu’il bosse énormément physiquement", explique le 2e ligne et ancien capitaine toulousain Franck Belot. Barré par le talonneur titulaire de l’époque, Patrick Soula mais aussi par Christophe Guiter, Bru va migrer à seulement quelques kilomètres de là, à Colomiers.

top 14: ils racontent yannick bru

Yannick Bru avec Toulouse en avril 2012

Il va chercher des minutes de jeu et, quelque part, une remise en question. "Je l’ai connu à ce moment-là" se rappelle David Skrela, lequel débutait alors chez les seniors. "Il avait un sacré caractère. Il est un peu fier quand même, c’est un Toulousain quoi (rires). Mais je me souviens d’un entraînement qui était parti en bagarre générale entre les avants. Et lui était au milieu !" Ce n’est pas conseillé de se frotter à lui, le trait de caractère de ne jamais baisser la tête ou tendre la joue est affirmé et restera toujours. Et l’abnégation, surtout quand on est talonneur dans ce rugby de l’époque. "C’est un travailleur", pense Skrela. "Un bosseur, il a fait beaucoup d’efforts pour être titulaire au Stade Toulousain. Il avait un jeu quand même assez rude mais il s’est remis en question en venant un an à Colomiers, pour se relancer."

"Le souvenir de quelqu’un de très, très intelligent"

Il revient à Toulouse et décroche deux Boucliers de Brennus (1999 et 2001) avec le statut de numéro un des numéros deux du club, dans un passage de témoin entre générations. "Quand il arrive, avec Hugues Miorin, Patrick Soula et les autres, on est très installé" ajoute Franck Belot, qui observe sa trajectoire. "J’ai le souvenir de quelqu’un de très, très intelligent. Et comme il était très consciencieux et qu’il s’infligeait de grosses doses de travail, il a continué d’apprendre et s’est s’émancipé. Et là, il est devenu un vrai taulier. Un des leaders les plus importants de l’équipe." Jusqu’à la complète émergence de William Servat, Bru gagne encore deux Coupes d’Europe (2003, 2005) en rouge et noir. Mais une mutation s’opère en lui. Alors qu’il avait entamé professionnellement son après carrière, notamment dans la gestion de patrimoine auprès des joueurs, ce leader va finalement rester sur les terrains. Aux bords, précisément.

Il va être entraîneur, Guy Novès a senti son potentiel. Dommage pour lui, David Skrela l’avait croisé une dernière fois sur les terrains, en 2006, lors de la demi-finale de Top 14 à Lyon, alors qu’il portait le maillot du Stade Français. "C’est marrant parce que j’ai le souvenir de ce match où dans un ruck, il me met un coup de genou… je crois qu’il a failli me démâter (rires) ! Et comme je signe à Toulouse en 2008, la première fois que j'arrive, je tombe sur lui. C’était le coach du coup, et il me dit : “bon, je peux te parler ? Je m'excuse. C'est vrai que c'était pas joli ce que j'ai fait”. Je lui ai dit que ce n’était pas grave, que ça faisait partie du jeu." La mue est opérée. Et elle va être réussie. Toulouse sort de deux saisons sans titre, lors desquelles ses avants souffrent. Ça va changer.

Jean Bouilhou, aujourd’hui dans le staff toulousain, était sous ses ordres à ce moment-là, après avoir été son coéquipier. Pour lui, Bru a changé pas mal de choses dans la stratégie toulousaine. "Il m'a laissé un fort souvenir. C’était une période où on était un petit peu en difficulté, où on arrivait tous autour de la trentaine et je pense qu’il a amené beaucoup aux avants du club. Une culture de travail, une culture de rigueur, de la conquête qui était vraiment très intéressante et très importante et qui nous a fait gagner des titres je pense". Une méthode dont il avoue même s’être inspiré ensuite. "Oui, c'est une personne qui était importante pour moi, dans ma construction de joueur et parce qu'il a vraiment complètement changé notre façon de nous entraîner au Stade Toulousain. Et ensuite quelqu’un auprès duquel je me suis inspiré quand j'ai commencé à entraîner. Puisqu’il était parti en équipe de France, il venait quelquefois au club et on échangeait."

"Je voyais bien que c'était quelqu'un qui avait vraiment toutes les capacités pour devenir un manager. Je crois qu'il est à l'image de sa carrière de joueur. Comme il dit lui-même, ce n'était pas le plus costaud, ce n’était pas le plus rapide, mais c'était quelqu'un qui optimisait 120% de ses capacités. Par du travail et par de l'intelligence."

Jean-Baptiste Elissalde a lui aussi connu les deux facettes, joueur et entraîneur, de Yannick Bru, mais il a ensuite collaboré avec complicité en tant que coach avec l’actuel manager de l’UBB, entre 2010 et 2013. "Déjà il nous a fait énormément de bien quand il est passé entraîneur, en 2007. Il a amené des choses et c'est peut-être grâce à ça qu'on regagne un championnat de France à la fin de la saison. Parce que devant, on n’était peut-être pas assez organisé, pas assez costaud sur les fondamentaux. Il a remis un peu d'ordre dans la maison. Et personnellement, je lui dois pas mal. Car si je suis arrivé là, si Guy Novès me l'a proposé, c'est parce que Yannick a dû lui souffler à l'oreille." Deux titres de champion de France consécutifs (2011, 2012) viendront récompenser ce staff mené par le manager Guy Novès. "On a passé deux très belles années" en sourit Elissalde. "Vraiment, c'était chouette. Guy était au-dessus de nous, mais bon, il avait beaucoup de hauteur et il nous laissait faire beaucoup de choses."

Avant que la parenthèse quinze de France ne s’offre à lui, aux côtés de Philippe Saint André, avec qui le courant passe immédiatement. "On ne se connaissait pas, mais j'avais que des choses positives sur lui. Je savais qu'il avait envie d'un nouveau challenge, je l'avais rencontré et le feeling était tout de suite passé. C’est une belle rencontre." Alors qu’il est son adjoint en charge des avants, l’ancien capitaine du XV de France décèle aussi chez Bru la capacité à mener un projet en tant que numéro un. "Je voyais bien que c'était quelqu'un qui avait vraiment toutes les capacités pour devenir un manager. Je crois qu'il est à l'image de sa carrière de joueur. Comme il dit lui-même, ce n'était pas le plus costaud, ce n’était pas le plus rapide, mais c'était quelqu'un qui optimisait 120% de ses capacités. Par du travail et par de l'intelligence. Et je crois qu’il est en train de réussir aussi sa carrière."

La période en bleu, prolongée avec Guy Novès jusqu’en 2017, n’aura pas été de tout repos. Yannick Bru doit digérer le limogeage du staff par le président de la FFR, Bernard Laporte et repartir de l’avant. Ce sera avec Bayonne, qu’il fait monter (et remonter) en Top 14, au Sharks de Durban en Afrique du Sud, "Yannick est toujours attiré par ce qui se fait de de mieux, il veut aller voir le très haut niveau, c’est pour ça qu’il aime voyager et qu’il a été aux Sharks", dit Elissalde, et enfin à l’Union Bordeaux-Bègles, qu’il amène dès sa première saison en finale du Top 14, niveau jamais atteint par le club. "La dernière marche reste la plus difficile, surtout contre son club de cœur", pense "PSA". "En face, il connaît ce club, il connaît les hommes. Après, tout peut arriver sur une finale, un fait de jeu, un carton rouge, un truc comme ça… mais bon, les Toulousains sont vraiment forts cette année. On ne peut pas dire que Bordeaux sera favori."

Comme un miroir à son propre chemin

Le défi ultime contre une équipe rodée depuis des années à ces matchs de haut niveau, comme un miroir à son propre chemin. Même s’il souhaitera sûrement mettre cette passagère introspection de côté pour ne pas perdre d’énergie ou parler de lui, impossible pour Bru d’occulter cette fibre toulousaine qui doit encore vivre un peu au fond de lui. "Oui, il connaît beaucoup de choses du Stade Toulousain", confirme Bouilhou, sur le banc d’en face vendredi soir. "Il sait comme nous que, effectivement, ce jeu de mains, jeu de Toulousains, ce n’est pas la vérité. Qu’à Toulouse, les avants ça cogne fort aussi. Et on l'a vu d'ailleurs au dernier match quand on a joué contre eux, les avants de Bordeaux ont été vraiment présents. Et il sait aussi que le club sait se mettre en ordre de marche sur les grands événements. Il connaît sa culture puisque c'est un enfant du club. Il a ce côté toulousain d'être quelqu'un de plutôt discret, mais en ayant une volonté féroce."

Avec une petite partie de poker menteur pour tenter d’attraper un Bouclier de Brennus qu’il a maintes fois tenu en main. Mais jamais soulevé dans le camp d’en face. "Oui, ce qui pourrait le motiver, c’est de gagner ailleurs qu'à Toulouse", argumente Elissalde. "Être champion de France avec Toulouse, c'est quelque chose de chouette, mais tout le monde te dit que c'est, entre guillemets, plus facile. On l'entend souvent : “ouais mais à Toulouse, t'avais la meilleure équipe, t'avais ça, t’avais ci...” même si ce n'est pas si facile que ça. Mais là, gagner quand tu n’es pas favori, comme ça m’est arrivé avec Montpellier, c'est une satisfaction. Je pense que ça, c'est un moteur pour lui. C'est valorisant. On n’en parle pas, mais c'est je pense qu’au fond de lui, il l’a." Importer et transmettre cette culture de la gagne. Mais cette fois-ci, aux Bordelais.

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