Christophe Gomart, très général

christophe gomart, très général

Christophe Gomart à Paris le 29 mai.

Le cercueil est recouvert du drapeau tricolore et posé au milieu de la cour d’honneur des Invalides. La famille au premier rang. Sa compagne Valérie, son fils, ses parents. Ce mardi 15 janvier 2013, la République honore Damien Boiteux, pilote du 4e régiment d’hélicoptères des forces spéciales de Pau, tué aux premières heures de l’engagement de la France au Mali. La première victime de l’opération «Serval». Le Premier ministre de l’époque, Jean-Marc Ayrault, salue «l’engagement» et le «courage exceptionnel» de l’officier. Le général Christophe Gomart est là, lui aussi, accueillant la dépouille du soldat. A la tête de ces guerriers de l’ombre, il a monté l’opération et donné les ordres. La mort au combat, dit-il aujourd’hui, reste «le plus difficile». «Quand vous rencontrez la veuve, elle sait que vous êtes l’un des derniers à avoir vu son mari. Elle veut savoir si l’être aimé a souffert. C’est difficile de la regarder les yeux dans les yeux…»

Après trente-six années sous les drapeaux, le militaire a quitté l’armée en 2017. Sauf accident électoral, il sera élu au Parlement européen le 9 juin prochain. C’est Eric Ciotti, le patron des Républicains (LR), qui lui a proposé de figurer sur la liste de François-Xavier Bellamy, Versaillais comme lui. Le général a hésité : «Qu’est-ce que vous allez faire d’un officier général deuxième section ?» A la ramasse, la droite se cherchait un atout régalien. Une semaine plus tard, Gomart est projeté dans une salle de meeting surchauffée. Et sur des visuels du parti, avec son uniforme. Une entorse au règlement, imputée aux communicants mais qui lui vaudra un appel du chef d’état-major des armées. L’ancien militaire ne craint pas le risque des urnes, plutôt l’exposition médiatique, pour son épouse et ses deux enfants. «Jusqu’à présent, j’avais une image plutôt consensuelle. Les gens savaient que je n’étais pas de gauche, mais je n’avais jamais exprimé mes idées politiques.» A bientôt 63 ans, après quelques années passées comme directeur de la sécurité du groupe Unibail, il accepte une mission hasardeuse. «C’est une opportunité de découvrir autre chose, de continuer à œuvrer pour la France d’une manière différente, démocratique, et non plus les armes à la main à travers le monde.»

Avec les «chuteurs opérationnels»

Voilà désormais le général en campagne. Aux côtés de Bellamy dans le Lot ou de Laurent Wauquiez sur ses terres du Puy-en-Velay. Discret, l’œil rieur, à l’écoute, il dit aimer ce nouvel exercice. Sur les estrades des salles communales, face aux militants, il déroule son CV, prestigieux. Une vie sous les drapeaux, dans la tradition militaire familiale. Deux grands-pères ont servi, l’un officier de marine, l’autre artilleur. Comme son père avant lui, le jeune officier choisit, à la sortie de Saint-Cyr, la cavalerie. Son rêve est alors d’entrer au 13e régiment de dragons parachutistes, que le paternel a dirigé – Gomart le commandera lui aussi. «Mon père ne m’a jamais raconté ce qu’il faisait. C’est cette curiosité qui m’a toujours poussé à vouloir connaître le dessous des cartes. La seule chose qui m’a aidé, c’est que je connaissais le milieu et sa façon de procéder.» Trois de ses frères ont choisi eux aussi les armes. Un autre est prêtre.

Au «13» le soldat apprend la routine des équipiers. Creuser des trous, s’y cacher, observer sans être vu… Et les sauts. Les coordonnées GPS entrés dans le compas, les photos satellite et le largage, à 4 000 mètres d’altitude. L’ouverture du parachute se fait entre 800 et 1 000 mètres, la spécialité des «chuteurs opérationnels», la crème des paras. «C’est une arrivée silencieuse, de nuit, à un endroit très précis. La vraie difficulté, c’est que tout le monde arrive au même endroit. Une fois posé, l’adrénaline du saut est retombée. La mission commence.» Pour Gomart, la première remonte au Tchad en 1984. Suivront le Golfe et le Rwanda. Dans les Balkans, il traque les criminels de guerre de l’ex-Yougoslavie. Comme le Serbe Momcilo Krajisnik, accusé de génocide : «On avait caché des mecs dans un trou à proximité de la maison dans laquelle il pouvait revenir. Et dans laquelle il est revenu.» C’est là-bas qu’il rencontre Arnaud Danjean, ex-agent de la DGSE élu député européen en 2009. Après trois mandats, Danjean a raccroché. Un «passage de témoin», sourit Gomart, saluant son travail à Strasbourg.

Droite conservatrice conforme à ses valeurs

L’Afghanistan sera le terrain privilégié des forces spéciales. Pour Gomart, le début de la lutte contre les jihadistes et le terrorisme. Au centre de sa vie, du Sahel à la Libye, en passant par les postes les plus sensibles. En 2008, il est nommé adjoint de Bernard Bajolet à la cellule de coordination du renseignement à l’Elysée. Le cœur du pouvoir, la machine étatique, les secrets d’Etat. Il s’irrite encore des confidences de François Hollande faites aux journalistes du Monde sur les «neutralisations» de terroristes : «Il n’y a pas eu d’opérations homos [homicides] tel qu’il l’explique : cibler quelqu’un et dire qu’on va l’éliminer. On avait des objectifs, des chefs de groupes armés jihadistes.» Mais aucune liste, jure celui qui cultive encore l’esprit de corps, drapeau national à l’épaule : «L’idée n’est pas de tuer les gens, mais de tenter de les arrêter.» Et s’ils se battent, assure-t-il, ils meurent les armes à la main. Dans le petit monde du renseignement et de la défense, Gomart a noué de solides relations, notamment avec Jean-Yves Le Drian, resté proche. Un ancien cadre de la DGSE garde le souvenir d’un personnage «chaleureux et sympathique», «atypique dans le cénacle des armées». Un militaire détendu, calme et réfléchi, disent ceux qui l’ont côtoyé dans ces huis clos. «Il est dans des valeurs du service de l’Etat, de vérité, acquiesce le vice-amiral d’escadre Xavier Païtard, connu aux cabinets de Michèle Alliot-Marie et Hervé Morin. Il a fait profession de foi pour servir la France.»

«J’ai servi des gouvernements de droite et de gauche, soutient le général, buste toujours droit et allure un peu raide. Derrière le régalien, il y a la vision de la France. Cela dépasse les partis.» Catholique pratiquant, la droite conservatrice incarnée par Bellamy colle à ses valeurs, héritées d’une mère vendéenne : «L’ordre, le travail, le mérite. La volonté de transmettre aussi.» Quand Mitterrand est élu en 1981, le lycéen et ses camarades hésitent un temps à entrer à Saint-Cyr. «On s’est monté le bourrichon !», s’amuse-t-il. L’hypothèse Marine Le Pen à l’Elysée en 2027 ? «Les soldats sont républicains. Ce qui est élu par le peuple est élu par le peuple», élude l’officier. Moins de retenue à l’encontre d’Emmanuel Macron et de sa politique étrangère : «Arrêtons de nous faire peur, les chars russes ne seront pas demain matin à Paris ! J’ai le sentiment qu’Emmanuel Macron voudrait nous pousser à la guerre, doucement mais sûrement.» Opposé à l’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne, le militaire déplore la naïveté des Occidentaux qui se sont fait des illusions sur l’efficacité des sanctions infligées à Poutine. Parole d’un officier de la guerre froide… Qui dit aussi : «On a laissé croire aux Ukrainiens que grâce aux équipements qu’on leur donnait, ils allaient gagner. La réalité, c’est qu’on a deux pays qui s’affrontent. Moralement, on doit soutenir l’Ukraine. Et l’Europe doit renforcer sa défense pour être crédible.»

1960 Naissance à Saumur

2011 Commandant des opérations spéciales

2020 Soldat de l’ombre (Taillandier)

2024 Candidat pour les européennes

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