Bolivie : palais présidentiel assiégé, deux généraux arrêtés… Ce que l’on sait du coup d’Etat avorté
Bolivie : palais présidentiel assiégé, deux généraux arrêtés… Ce que l’on sait du coup d’Etat avorté
Un deuxième chef de l’armée a été arrêté dans la nuit du mercredi au jeudi 27 juin en Bolivie, après un coup d’Etat avorté marqué par le siège du palais présidentiel.
• Deux généraux arrêtés après un putsch raté
Affirmant vouloir « restructurer la démocratie », le général Juan José Zuniga, chef de l’armée de terre, et ses hommes ont avancé mercredi 26 juin en rangs serrés dans les rues de La Paz jusque devant le palais présidentiel, où ils ont positionné huit véhicules blindés et lancé des gaz lacrymogènes sur toute personne tentant de s’approcher. Entouré de soldats, le général a affirmé que les forces armées tentaient de « restructurer la démocratie, d’en faire une véritable démocratie. Pas celle de quelques-uns, pas celle de quelques maîtres qui dirigent le pays depuis 30 ou 40 ans ».
Après plusieurs heures d’occupation et une tentative d’entrer dans le bâtiment où se trouvait le président Luis Arce, le général, en poste depuis novembre 2022, s’est retiré avec ses troupes vers une caserne de la capitale où il a été arrêté, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article.
L’arrestation d’un deuxième responsable militaire, Juan Arnez Salvador, chef de la marine, a été annoncée par le ministre du Gouvernement (Intérieur), Eduardo Del Castillo, qui a fustigé lors d’une conférence de presse « deux militaires putschistes qui voulaient détruire la démocratie ».
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Les deux hauts gradés font l’objet de poursuites pour « soulèvement armé et terrorisme ». Avant son arrestation, le général Zuniga avait affirmé devant des journalistes avoir agi sur ordre du chef de l’Etat, qui lui aurait demandé dimanche de « préparer quelque chose » pour rehausser sa cote de popularité.
• Des rumeurs de limogeage
Depuis mardi, des rumeurs de limogeage circulaient à propos du haut gradé Juan José Zuniga après ses déclarations visant Evo Morales, premier président indigène du pays et autrefois allié de Luis Arce, devenu aujourd’hui son plus grand adversaire politique en vue des élections présidentielles de 2025.
Le militaire a ainsi affirmé lundi à la télévision qu’il arrêterait l’ex-chef d’Etat s’il persistait à se porter candidat à la présidence – alors que la Cour constitutionnelle le lui a interdit en décembre 2023. Après avoir outrepassé la Constitution pour obtenir un quatrième mandat en 2019, Evo Morales avait dû démissionner et fuir momentanément le pays sur fond de troubles sociaux et d’accusations de fraude électorale.
• Le président Luis Arce appelle à la mobilisation
Le président Arce, au pouvoir depuis 2020 à la tête du pays andin, a dénoncé mercredi sur le réseau social X « les mouvements irréguliers de certaines unités de l’armée bolivienne », assurant : « La démocratie doit être respectée. »
Twitter - Luis Alberto Arce Catacora (Lucho Arce) on Twitter / X
A l’intérieur du palais, le président Arce a destitué les rebelles et fait prêter serment à un nouveau commandement des forces armées, selon les images retransmises en direct à la télévision nationale. « Nous sommes face à une tentative de coup d’Etat par des militaires qui salissent l’uniforme », a dénoncé le président durant la cérémonie.
«Â Le peuple bolivien est appelé aujourd’hui, nous avons besoin que le peuple bolivien s’organise et se mobilise contre le coup d’Etat en faveur de la démocratie », a déclaré Luis Arce dans un message vidéo à la nation depuis le palais présidentiel, aux côtés des ministres du gouvernement.
• Les condamnations affluent
Les condamnations de l’action du général Zuniga ont afflué. Ce jeudi, la France a appelé « au respect de l’ordre constitutionnel ». Elle a, en outre, exprimé « son soutien au gouvernement bolivien » et « sa solidarité » au peuple bolivien, a souligné Christophe Lemoine, porte-parole adjoint du ministère des Affaires étrangères, qui ajoute que l’ambassade de France et le centre de crise et de soutien du ministère « sont mobilisés et des conseils de prudence ont été diffusés aux ressortissants français ».
La veille, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’était dit « profondément inquiet » et l’Organisation des Etats américains (OEA) a averti qu’« aucune violation de l’ordre constitutionnel » en Bolivie ne serait tolérée. Les Etats-Unis, eux, ont dit suivre « de près » la situation et appelé au calme. La Russie a condamné « fermement » la tentative de coup d’Etat. L’Espagne a appelé à respecter la démocratie et l’Etat de droit en Bolivie.
Quant aux dirigeants du Chili, de l’Equateur, du Pérou, du Mexique, de la Colombie, ils ont appelé au respect de la démocratie. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a écrit sur X : « Je suis un amoureux de la démocratie et je souhaite qu’elle prévale dans toute l’Amérique latine. » Le président vénézuélien Nicolas Maduro a dénoncé une tentative de « coup d’Etat en Bolivie » orchestrée par « l’extrême droite avec un traître militaire ».
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