Sarthe : arrivée 3e face à la sœur de Marine Le Pen, la candidate macroniste renonce finalement à se maintenir
Sylvie Casenave-Péré affirme avoir proposé à sa concurrente de gauche de se retirer, ce que cette dernière aurait refusé. LP/Jean-Baptiste Quentin
Un revirement du tout au tout, en quelques heures à peine. La candidate Ensemble, Sylvie Casenave-Péré, arrivée troisième derrière Marie-Caroline Le Pen (Rassemblement national) et la députée sortante du Nouveau Front populaire, a finalement décidé de retirer sa candidature pour le deuxième tour des législatives dans la 4e circonscription de la Sarthe, après avoir annoncé son maintien.
Loin derrière Marie-Caroline Le Pen qui a enregistré 39,26 % des votes, Sylvie Casenave-Péré a réuni 25,88 % des suffrages, soit 35 voix de moins que la députée sortante LFI Élise Leboucher (25,94 %), qui s’est présentée sous la bannière du Nouveau Front populaire (NFP). Malgré l’appel du Premier ministre Gabriel Attal au « désistement de (ses) candidats » en « troisième position », la candidate du camp présidentiel avait affirmé en début de matinée maintenir sa candidature sur les ondes de la radio France Bleu Maine.
« Éviter l’entrée possible d’un autre membre du clan Le Pen à l’Assemblée nationale »
«Ã‚ Ma mission dans cette campagne est d’empêcher Mme (Marie-Caroline) Le Pen de devenir députée de la 4e circonscription de la Sarthe. Que je me désiste ou pas, Mme (Élise) Leboucher n’a aucune chance de remporter (l’élection) et de redevenir députée », avait-elle déclaré.
Dans un communiqué publié quelques heures après sur X (ex-Twitter), elle a finalement décidé de se désister, en affirmant que son adversaire de gauche n’avait pas voulu se sacrifier elle-même. « Je pourrais me maintenir au second tour mais une triangulaire serait vouée à l’échec », a-t-elle assuré. « J’ai donc proposé à Mme Leboucher de se désister, convaincue d’avoir plus de chance qu’elle de l’emporter en duel face à Marie-Caroline Le Pen. »
Mais « Mme Leboucher ne souhaite pas se retirer », a-t-elle dit. « J’en prends acte. Je me retire donc, ayant fait de mon mieux pour éviter l’entrée possible d’un autre membre du clan Le Pen à l’Assemblée nationale. Et j’ai confiance en mes électeurs pour voter selon leur cœur », a-t-elle ajouté, sans donner de consignes de vote plus précises.
«Ã‚ Le parachutage de Mme Le Pen dans la quatrième circonscription de la Sarthe m’a amenée àporter une voix différente de celle des extrêmes », s’est-elle félicitée, remerciant ses « 13 565 électeurs ».
De son côté, Élise Leboucher a salué auprès d’Ouest-France « le geste républicain de Sylvie Casenave-Péré », décrivant des tractations un peu différentes de la version de la candidate macroniste. « Nous avons échangé, on s’est rencontrées ce lundi matin. Chacune restait sur ses positions, on s’est dit qu’on se recontactait en fin de matinée. Et finalement, elle nous a fait part en amont du communiqué de presse de son désistement », a-t-elle retracé.
«Ã‚ Nous étions effectivement dans un mouchoir de poche, donc je comprends tout àfait la déception qu’elle a pu avoir de son côté et de regarder les résultats d’un peu plus près », a ajouté la candidate insoumise. Mais « si Sylvie Casenave-Péré se maintenait, c’était perdu », a estimé la députée sortante, appuyant que « là, c’est l’heure de faire le barrage républicain pour le camp de la majorité présidentielle comme le fait régulièrement la gauche ».
Au sortir des urnes dimanche soir, Emmanuel Macron a appelé à un « large rassemblement clairement démocrate et républicain », tandis que le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé peu après « le désistement des candidats » en « troisième position ». Mais seulement pour avantager « un autre candidat qui défend les valeurs de la République ». Mais la consigne semble encore confuse, plusieurs figures de la macronie ayant déjà indiqué refuser de soutenir un candidat insoumis, même face au RN.
Au niveau national, les projections des instituts de sondage anticipent une large majorité relative d’au moins 240 sièges pour le RN, voire une courte majorité absolue jusqu’à 295 sièges, des projections à prendre avec précaution car réalisées avant désistements. Les candidats ont jusqu’à mardi 18 heures pour indiquer s’ils souhaitent ou non rester dans la course.