"Les Français ont rendu un verdict sans appel": pluie de réactions politiques après les résultats du 1er tour des législatives
Le Rassemblement national est arrivé largement en tête, ce dimanche 30 juin 2024, du premier tour d'élections législatives historiques qui pourraient ouvrir les portes du pouvoir à l'extrême droite pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale. Voici les principales réactions politiques.
Un journaliste tient des cartes marquées « Législatives 2024 » lors de la soirée électorale du parti au pouvoir Renaissance alors que les résultats du premier tour des élections législatives sont attendus à Paris le 30 juin 2024.
En recueillant dimanche 30 juin, avec ses alliés LR, environ 34% des suffrages au premier tour des législatives, le Rassemblement national a battu un double record: celui de son meilleur score historique, mais aussi celui du plus grand nombre de voix obtenues par le parti à la flamme lors d'élections nationales, hors second tour.
Il y a trois semaines, lors des élections européennes, avant son alliance avec Éric Ciotti, la liste menée par Jordan Bardella avait déjà créé un précédent en recueillant 31,37% des suffrages. La performance apparaît désormais presque modeste au regard des estimations de dimanche, qui mettent en évidence un gain d'environ trois points.
L'extrême droite pulvérise par ailleurs son record de voix, toutes élections confondues, obtenues au premier tour, jusqu'alors détenu par Marine Le Pen lors de la présidentielle de 2022 et les 8.133.828 de bulletins décomptés à son nom. Dimanche soir, ce sont près de 11.500.000 bulletins siglés du parti à la flamme qui ont été glissés dans les urnes, à peine moins qu'à la présidentielle d'il y a deux ans, au second tour.
Bardella entend être le Premier ministre "de tous les Français"
Marine Le Pen et Jordan Bardella ont ainsi appelé dimanche les électeurs à donner une majorité absolue au Rassemblement national à l'issue du second tour des élections législatives, le président du parti promettant qu'il sera dans ce cas "Premier ministre de tous les Français".
"Les Français ont rendu un verdict sans appel", a estimé Jordan Bardella, après l'arrivée en tête du RN au premier tour.
Le second tour, dimanche prochain, sera "l'un des plus déterminants de toute l'histoire de la Vᵉ République" alors que les candidats de gauche "font courir à notre nation un péril existentiel", a-t-il poursuivi lors d'une allocution à Paris.
"Si les électeurs nous accordent une majorité absolue", hypothèse accréditée par plusieurs sondages, "j'entends être le Premier ministre de tous les Français", a-t-il ajouté.
"J'entends être un Premier ministre de cohabitation, respectueux de la Constitution et de la fonction du président de la République, mais intransigeant sur la politique que nous mettrons en oeuvre au service de la France", a encore déclaré Jordan Bardella.
MLP demande la majorité absolue pour que Jordan Bardella accède à Matignon
Pour Marine Le Pen, "il nous faut une majorité absolue pour que Jordan Bardella soit, dans huit jours, nommé Premier ministre par Emmanuel Macron" et "pour entamer cette alternance, pour conduire les réformes dont le pays a besoin".
Dans un vote "sans ambiguïté", les Français ont "témoigné de leur volonté de tourner la page" et ont "pratiquement effacé" le "bloc macroniste", s'est réjoui la présidente des députés du Rassemblement national, qui a annoncé son élection dès le premier tour depuis son fief d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais).
Mais il ne s'agit que d'une "première étape vers un choix d'alternance" et "rien n'est gagné" car "le second tour sera déterminant".
Ciotti appelle 'l'ensemble des LR à suivre le chemin" avec le RN
Le président des Républicains Eric Ciotti, qui s'est allié avec le Rassemblement National, a appelé les électeurs de droite à rejeter le "terrifiant danger d'extrême gauche", estimant que "la victoire (est) en vue pour porter Jordan Bardella à Matignon".
Le député sortant, qui est arrivé en tête au premier tour dans sa circonscription des Alpes-Maritimes, selon son équipe, a appelé "l'ensemble des Républicains à suivre le chemin" qu'il a ouvert.
"L'union inédite et historique que nous avons bâtie avec Jordan Bardella a mis fin à trop d'années d'immobilisme qui reléguaient la droite dans le rôle de spectateur impuissant" et "les Républicains ne peuvent pas s'abstenir dans ce second tour.", a-t-il ajouté.
Eric Zemmour se rejoui malgré son faible score
Éric Zemmour, chef de file du parti d'extrême droite Reconquête!, s'est réjoui de ce "beau score de la droite", "une joie pour nous".
Sans préciser si des candidats Reconquête! étaient qualifiés pour le second tour, il a appelé ses électeurs à "voter pour les candidats de droite dimanche prochain", et lancé: "Face à Jean-Luc Mélenchon, pas d'abstention".
Macron appelle à un "large rassemblement" face au RN
Nettement distancé au premier tour des législatives, le camp d'Emmanuel Macron a tenté dès dimanche soir de mettre la pression sur la gauche, appelée au "rassemblement" face à la menace du RN, mais sans La France insoumise, dont le traitement risque de diviser la majorité.
Selon les premières estimations Elabe pour BFMTV/RMC/La Tribune Dimanche, le camp présidentiel recueille 22%. Un score qui clôt d'ores et déjà un premier chapitre de l'ère Macron, car il met un terme à la domination sur l'Assemblée nationale, sans partage entre 2017 et 2022 (plus de 32% au premier tour, 350 députés) et qui avait subi un sérieux coup d'arrêt en 2022 avec la perte de la majorité absolue, quelques semaines après la réélection d'Emmanuel Macron.
"C'est un vote assis sur un mécontentement de l'opinion", "un vote sanction", a reconnu le président du MoDem, François Bayrou, sur TF1.
Dès 20h le chef de l'État a publié une déclaration écrite dans laquelle il appelle, "face au Rassemblement national", à "un large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour". Sous-entendu: sans LFI.
“Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national" au second tour des élections législatives, a affirmé le Premier ministre et chef de la majorité sortante Gabriel Attal depuis l'hôtel Matignon.
"La leçon de ce soir, c'est que l'extrême droite est aux portes du pouvoir" et "donc notre objectif est clair: empêcher le Rassemblement national d'avoir une majorité absolue au second tour", a-t-il déclaré, en dénonçant le "projet funeste" du parti lepéniste. Il a appelé au "désistement de nos candidats dont le maintien en troisième position aurait fait élire un député Rassemblement national face à un autre candidat qui défend comme nous les valeurs de la République".
Jean-Luc Mélenchon a salué "un vote massif"
Le Nouveau Front populaire, juste derrière le RN, a obtenu 28,5% des voix d’après Elabe pour BFMTV/RMC/La Tribune Dimanche. Ainsi, la France insoumise (LFI) "retirera" ses candidatures dans les circonscriptions où elle est arrivée en troisième position et où le Rassemblement national (RN) est en tête en vue du second tour des élections législatives, a assuré dimanche Jean-Luc Mélenchon.
"Nous retirerons notre candidature, en toutes circonstances, où que ce soit et dans quelque cas que ce soit. Notre consigne est simple, directe et claire. Pas une voix, pas un siège de plus pour le RN", a martelé Jean-Luc Mélenchon.
"Pour le second tour, le nouveau Front populaire est" toutefois "présent en duel dans la plupart des cas, le plus souvent face au RN", a souligné le leader de LFI. "Il faut donner une majorité absolue au Nouveau Front Populaire, car il est la seule alternative", a-t-il asséné.
Jean-Luc Mélenchon a salué "un vote massif" qui "a déjoué le piège qui était tendu au pays", et qui "a infligé une lourde et indiscutable défaite au président, à ses candidats et à la prétendue majorité présidentielle".
Clémentine Autain, députée LFI sortante, a demandé aux autres forces politiques "le même engagement" que celui pris par Jean-Luc Mélenchon, pour les "très nombreuses triangulaires" dans lesquelles le Nouveau Front Populaire est arrivé en deuxième position.
"Maintenant, nous entrons dans une nouvelle élection et cette élection doit se faire sur des bases claires", a affirmé Clémentine Autain sur France 2.
Le coordinateur de LFI, Manuel Bompard, a de son côté dénoncé qu'on puisse "mettre sur le même plan le Rassemblement national ou La France insoumise". C'est "une mécanique inacceptable et insupportable et elle doit s'arrêter immédiatement pour qu'on puisse enfin avoir une campagne qui permette de confronter nos différentes propositions politiques", a-t-il affirmé sur BFMTV.