Vidéo: en Chine, une fusée s'écrase sur un village dans un nuage de fumée toxique
Une fusée Longue Marche 2C, qui transporte le satellite SVOM développé conjointement par la Chine et la France, décolle de la base de lancement de Xichang, dans la province du Sichuan (sud-ouest de la Chine), le 22 juin 2024. | Adek Berry / AFP
Une vidéo publiée sur les réseaux sociaux montre ce qui ressemble fortement à un morceau de fusée s'écraser sur une zone peuplée après une longue chute, libérant au passage un épais nuage de fumée jaune orangée. Il s'agit probablement d'un morceau de fusée chinoise de type Longue Marche 2C, comme le récapitule le média en ligne Gizmodo.
Le lancement en question a eu lieu samedi 22 juin 2024, depuis la base de lancement de Xichang, dans la province du Sichuan (sud-ouest de la Chine). L'objectif était de mettre en orbite un satellite d'observation spatial, le Space-based Multi-band Variable astronomical Objects Monitor («moniteur multibande basé dans l'espace d'objets astronomiques variables», plus simplement appelé SVOM), fruit d'une collaboration entre la Chine et la France. Les vidéos de l'accident, mises en ligne sur les réseaux sociaux chinois, viennent quelque peu entacher le succès officiel de la mission.
Le lancement de la mission SVOM est un succès ! Bravo à toutes les équipes impliquées depuis de nombreuses années en Chine et en France ! Que la chasse aux sursauts gamma commence ! 🇨🇳🇫🇷 https://t.co/xJqnV6SEky
— SVOM (@SVOM_mission) June 22, 2024
Sur une première courte vidéo (visible ci-dessous), on peut voir ce qui semble être le premier étage de la fusée tomber sur un village situé dans la province du Guizhou, dans le sud de la Chine et à l'est de la base de lancement de Xichang, sous les yeux d'habitants terrorisés, qui se bouchent les oreilles et fuient pour se mettre à l'abri. On ne sait pas si l'accident a fait des victimes, mais une chose est sûre, mieux valait ne pas respirer la fumée qui s'échappait des débris.
La couleur laisse supposer qu'il s'agit en fait d'une fuite de carburant et plus précisément de peroxyde d'azote, un composé chimique et toxique jaune brun, utilisé comme propergol liquide, autrement dit pour permettre le décollage dans le domaine aérospatial. C'était le cas au début des années 1950 en URSS et aux États-Unis, mais la NASA explique l'avoir progressivement abandonné en raison de sa toxicité. Visiblement, en Chine, il a toujours la cote.
🙀 Behind the scenes of SVOM launch https://t.co/Fcc0OAY3ac pic.twitter.com/5fiM4oz2GY
— China 'N Asia Spaceflight 🚀𝕏 🛰️ (@CNSpaceflight) June 22, 2024
On June 22, in the Qiannan Buyi and Miao Autonomous Prefecture of Guizhou, China, local residents captured footage of debris from a Long March 2C rocket falling. The video shows the debris trailing yellow smoke, and after it hits the ground, smoke disperses. In the video,… pic.twitter.com/wLzc0V0TOM
— Inconvenient Truths by Jennifer Zeng (@jenniferzeng97) June 23, 2024
Ça picote
Au contact de la peau, des yeux ou des bronches, le peroxyde d'azote peut détruire les tissus et endommager les poumons. «C'est assez effrayant, mais c'est comme ça que les Chinois font des affaires. Ils ont un niveau de risque public acceptable différent», estime Jonathan McDowell, astrophysicien au Centre d'astrophysique Harvard-Smithsonian (Massachusetts), interrogé par Gizmodo.
Généralement, les sites de lancement de fusées sont construits le long des côtes, afin que les propulseurs s'écrasent dans l'océan. Pas en Chine, où plusieurs sites sont situés dans les terres, ce qui augmente naturellement le risque d'accident. À la fin du mois de décembre 2023, c'est le propulseur d'une fusée Longue Marche 3B qui s'était écrasé près d'une habitation, dans la province du Hunan (sud-est de la Chine).
Le site de lancement chinois le plus récent semble cependant corriger le tir. Basé sur la province insulaire du Hainan (à l'extrême sud du pays), il est situé près de la mer de Chine méridionale. Côté carburant, les choses évoluent également puisque les combustibles utilisés pour les prochaines générations de fusées se détourneront des produits les plus toxiques au profit de kérosène et d'hydrogène liquide. En attendant, les décollages dangereux continuent en Chine, au rythme d'un par semaine, d'après Jonathan McDowell.