En Isère, un hameau enseveli sous 14 mètres de boue et de rocs

Des maisons détruites par un torrent de boue dans le hameau de La Bérarde en Isère le 23 juin 2024

Le hameau de La Bérarde, dans l'Isère, a été enseveli la semaine dernière sous la boue et les rocs. La situation est critique: les habitations sont détruites et les emplois sont menacés.

Le hameau de La Bérarde (Isère), victime vendredi d'un phénomène de laves torrentielles, a été enseveli sous "14 mètres de boue et de rocs", a indiqué jeudi Arnaud Murgia, président du Parc national des Écrins, en appelant à l'aide "urgente" de l'État.

La situation est "absolument dramatique dans la vallée du Vénéon", a souligné Murgia lors d'un point presse à l'issue d'un conseil d'administration du Parc en charge de la gestion de ce massif de haute montagne très prisé des alpinistes, randonneurs et touristes, entre Isère et Hautes-Alpes.

Une centaine de personnes ont été évacuées en urgence par hélicoptère de La Bérarde dans la nuit de jeudi à vendredi. Si les dégâts semblent considérables, il n'a pas été fait état de victimes à ce jour selon la préfecture de l'Isère, qui a bouclé la zone.

"Ce drame terrible plonge toute une vallée dans une situation totalement inédite, à quelques jours à peine du démarrage de la saison estivale", a souligné Murgia. L'avenir du village est "en suspens" avec des habitations détruites, la route coupée et "200 à 300 emplois menacés" notamment parmi les guides de montagne et hôteliers, a-t-il souligné.

La situation est d'autant plus difficile que la vallée avait déjà connu à l'automne dernier des pluies torrentielles avec des dégâts très importants.

À cette occasion, le ministère de la Transition écologique s'était "engagé oralement" à fournir 500 000 euros d'aides exceptionnelles, lesquelles n'ont pas été versées, a déploré Murgia. "Ce n'est pas parce qu'il y a eu dissolution de l'Assemblée nationale qu'il doit y avoir vacance de l'État", a-t-il plaidé, évoquant "un drame écologique et humain".

Appel pour un fonds à destination des parcs nationaux

Les causes du désastre n'ont pas encore été établies scientifiquement, seul un premier relevé topographique de la zone ayant pu être opéré à ce stade.

Mais "on a de bonnes raisons de penser qu'une énorme poche d'eau glaciaire s'est effondrée et a contribué à l'impact" depuis un vallon à 3 000 mètres d'altitude, le tout conjugué à des pluies très fortes et à la fonte des neiges, a expliqué Murgia.

À La Bérarde, située en contrebas à 1 700 mètres d'altitude, les boues, rochers et matériaux agglomérés au passage ont donné "14 mètres de hauteur de boues torrentielles", a ajouté le président du Parc, pour qui cela donne "une idée assez précise et triste du phénomène".

"La montagne est un endroit dangereux" et "cette dangerosité est aujourd'hui aggravée par le dérèglement climatique, le réchauffement, les dégâts importants sur le permafrost (sol gelé en permanence)", responsables de phénomènes inédits, a encore observé Murgia.

"Nous ne pourrons pas reconstruire de la même manière (...) On voit bien que la montagne évolue plus vite que nous, et que nos infrastructures", a-t-il ajouté, appelant l'État à créer un "fonds pérenne" à destination des parcs nationaux de montagne, ainsi qu'à une "révision" de la loi montagne.