NBA. Pourquoi la Draft 2024 va être exceptionnelle pour les Français ?

Potentiel premier choix de la prochaine draft NBA, l’ailier de Bourg-en-Bresse Zaccharie Risacher (à gauche) a connu sa première sélection, en février dernier à Brest.

Sur les sept Français inscrits à la Draft NBA, quatre devraient être draftés, possiblement cinq. Comment expliquer ce chiffre record ? Frédéric Weis et Jacques Monclar, anciens internationaux français et consultants beIN Sports, se sont confiés sur le cru français 2024.

Alors que les finales de NBA viennent de sacrer les Boston Celtics face aux Mavericks de Dallas (106-88), la saison 2024-2025 se dessine déjà. 58 joueurs seront sélectionnés par les diverses franchises de la Grande Ligue lors des cérémonies du mercredi 26 (1^er tour) et jeudi 27 juin (2^e tour).

Une nouvelle Draft où les Français répondent présents. Et ce dès les premiers choix, puisqu’Alexandre Sarr (Perth) et Zacharie Risacher (Bourg-en-Bresse) briguent les deux premières places. Après quatre Français draftés en 2023 (Victor Wembanyama, Bilal Coulibaly, Rayan Ruper et Sidy Cissokho), le cru 2024 promet d’être tout aussi tricolore avec le même nombre de joueurs attendus dans les deux premiers tours. Une tendance qui fait débat et devrait persister en 2025.

17 inscrits

Pour rappel, la draft NBA, dont le premier choix est réservé à Atlanta, sera retransmise en direct sur beIn Sport 1 dès 2 h 30 du matin dans la nuit du 26 au 27 juin 2024. À la clôture des inscriptions mardi 30 avril, ils étaient dix-sept sur un total de 195 joueurs de toutes nationalités, soit 8,7 %.

Cependant, parmi eux, plusieurs ont décidé de retirer leur candidature avant la date butoir d’inscription du 29 mai. Le jeune Manceau Adama Bal a, par exemple, choisi de retourner évoluer dans le championnat universitaire américain, ne laissant que cinq candidats sérieux pour le premier tour (celui dans lequel les prospects sont certains de signer un contrat avec la franchise).

«Â Il y a aussi une mode aujourd’hui pour les jeunes Français de s’inscrire en sachant pourtant que leurs chances sont infimes, voire réduites à zéro », estime un recruteur NBA dans le journal L’Équipe pour expliquer cette inflation de candidatures françaises. « Plusieurs choses envoient des symboles très forts sur le basket français avec des joueurs aux physiques impressionnants qui ont beaucoup de responsabilités très jeunes. La formation française joue forcément un rôle aussi », nous confie Frédéric Weis, consultant beIn Sports.

«Ã‚ Il faut arrêter de banaliser les exploits »

Pourtant le niveau de cette draft 2024 n’est pas le plus élevé. Jacques Monclar, lui-même ancien basketteur et entraîneur, prévoit « une Draft sans grande tête de liste. Ça sera en fonction des besoins des équipes… ». Peu importe pour Weis : « La Draft est un ticket d’entrée. Le niveau de celle-ci ne veut rien dire pour la suite. Il peut être très faible puis sortir de très bons joueurs. Il faut arrêter de banaliser les exploits. Je viens d’une génération où il est totalement inimaginable d’avoir un Français, numéro 1 de la draft, poursuit-il. Victor Wembanyama a ouvert une voie, les recruteurs regardent beaucoup plus du côté français. » Alors, qui ont-ils scruté cette année ?

Commençons par celui qui est pressenti pour être le first pick (premier choix, en anglais) : l’ailier de 2m06, Zacharie Risacher. Passé de l’ASVEL à la JL pour obtenir du temps de jeu, le fils de l’ancien international Stéphane Risacher, passeur volontaire et habile, comptabilise en moyenne 10,1 points et 3,8 rebonds tant en championnat qu’en Coupe d’Europe. Avec un champ de tir au-delà de la ligne des 3 points et un toucher formidable autour du cerceau, Risacher coche toutes les cases pour être un attaquant polyvalent. Même chose en défense où il semble pouvoir assurer sur plusieurs positions. « Un côté couteau suisse, selon Monclar. Dans l’esprit Nico Batum, Boris Diaw dans la facilité pour les autres, qui peut oublier de jouer pour lui-même. Mais en NBA il faut se montrer. » Il reste donc tout de même un peu de travail pour le jeune joueur qui « doit [notamment] se renforcer du haut du corps. »

Sur les talons de Risacher et pressenti donc en deuxième position, Alexandre Sarr, pivot géant de 2,16 m est assez méconnu du public français puisqu’il a explosé en Australie avec les Perth Wildcat et a été recruté par le Real Madrid à l’âge de 14 ans. « On a peu de repères sur son niveau même si c’est un avion de chasse physiquement, confie Jacques Monclar. Il est très bon dans le jeu de transition et a tout pour être un excellent défenseur. C’est aussi un joueur très spectaculaire. » Et donc, a priori taillé pour la Grande Ligue.

Les bons gabarits français semblent faire le bonheur des parquets américains puisque Tidjane Salaün (2,05 m, Cholet) suivrait les traces de Victor Wembanyama en étant drafté par les San Antonio Spurs en huitième position.

Le frère de Janelle Salaun, joueuse de l’équipe de France féminine de basket qui a largement participé à la victoire de son club, Villeneuve d’Ascq, en Euroligue, cette saison, se démarque ainsi par « son shoot, y compris à distance et des fulgurances. Après il pourrait le faire de manière plus constante mais il semble avoir un gros mental, il ne refuse pas les responsabilités », explique le spécialiste beIn Sports. Salaun l’a démontré en passant de 17 minutes la saison dernière dans l’équipe professionnelle de Cholet à un rôle important dans le championnat français et la FIBA Champions League, avec une moyenne de 9,6 points et 4,0 rebonds en 23 minutes.

Trois Français au deuxième tour

Melvin Ajinça (Saint-Quentin), Pacôme Dadiet (Ulm, Allemagne) et Mohamed Diarra (North Carolina State) sont les trois autres noms qui reviennent dans les prédictions des médias américains des dernières semaines. Les trois Français devraient figurer au second tour (entre la 31^e et la 60^e place), qui ne garantit pas la signature d’un contrat.

Le premier achève une excellente première saison en Betclic Élite avec le promu tandis que le deuxième, disposant aussi d’une bonne côte, était encore très peu connu, ces derniers temps. Auteur d’une saison à 6 points et 2 rebonds, l’ancien du Paris Basketball s’est montré satisfait de sa première expérience à l’étranger avant de s’envoler pour les États-Unis. Enfin, Diarra, le plus français des joueurs du championnat américain s’est imposé au fil de la saison 2023-2024 avec 6 points, 7,4 rebonds, 1 contre à 47,2 % au tir en moyenne lors des 35 matches joués dont 17 en tant que titulaire. Pour le joueur de 23 ans, il s’agit de l’année de la dernière chance, s’il veut se présenter dans des conditions optimales.

LIRE AUSSI. Basket. La NBA discute d’un accord avec la Ligue Nationale pour protéger les pépites françaises

Avec le Wolfpack de NC State, tête de série n° 11, il a réalisé un parcours exceptionnel cette saison en déjouant les pronostics en éliminant Texas Tech (n° 6) lors de l’entrée en lice dans la March Madness et Oakland en prolongation (n° 14).

Traoré en 2025 ?

La plupart des joueurs français pressentis se sont récemment retrouvés à Trévise pour le rattrapage de la Draft Combine. Cette dernière a pour but de passer au crible toutes les caractéristiques physiques de chacun des joueurs. Un autre Français y a également fait une apparition remarquée. Selon le bien renseigné Rookie Wire, l’ailier-fort de Blois Armel Traoré a déjà effectué trois workouts (entraînements privés organisés par les franchises). Le joueur de 21 ans, originaire de Créteil, cumule 10,3 points, 7,4 rebonds et 1,5 passe décisive en 25 minutes de jeu cette saison en Betclic Élite mais il reste encore loin du compte. Certains sites spécialisés le classent en dehors du Top 58 nécessaire pour être drafté, comme ESPN (66^e) ou NBA Draft Room (84^e).

LIRE AUSSI. Basket. Un phénomène de 18 ans qui culmine à 2,36 m attise la curiosité des équipes NBA

C’est plutôt son petit frère, Nolan, qui fait à nouveau parler du nom de famille des deux joueurs. Le jeune meneur de 17 ans, tout juste sorti de l’Insep, rappelle, selon les observateurs, un certain Tony Parker, également passé par le Pôle France. La pépite de Saint-Quentin prendra-t-elle la suite en 2025 ? Réponse l’année prochaine.

Les sept Français inscrits à la Draft NBA 2024

Alexandre Sarr

Zaccharie Risacher

Tidjane Salaün

Pacôme Dadiet

Melvin Ajinça

Armel Traoré

Mohamed Diarra

Les dix Français qui ont préféré retirer leur nom

Mohamed Diawara

Noah Penda

Ilias Kamardine

Yacine Toumi

Adama Bal

Zacharie Perrin

Ugo Doumbia

Lucas Dufeal

Milhan Charles

Brice Dessert