Législatives : de Poutou à Guedj, ces circonscriptions où la gauche part divisée dès le 1ᵉʳ tour
Législatives : de Poutou à Guedj, ces circonscriptions où la gauche part divisée dès le 1ᵉʳ tour
«Â Dans chaque circonscription, nous voulons soutenir des candidatures uniques dès le premier tour. » Au lendemain des européennes et de la victoire du RN, les partis de gauche ont annoncé des candidatures uniques dans chaque circonscription pour faire barrage à l’extrême droite, et à la majorité, lors des législatives anticipées. Un engagement très largement respecté.
Mais du Nord à l’Aude en passant par le Finistère, cette union a aussi ses failles et certaines personnes investies par le NFP affronteront d’autres candidats de gauche, parfois soutenus par des partis pourtant signataires de l’accord d’union.
«Ã‚ Le Nouvel Obs » fait le point sur toutes les circonscriptions où la gauche part divisée, sans compter le cas des quatre députés insoumis sortants, « purgés » par leur parti, mais qui ont décidé de maintenir leur candidature.
Face à Poutou, les élus socialistes locaux font bloc
L’investiture de Philippe Poutou par le NFP ne passe pas dans la 1ᵉ circonscription de l’Aude. Le chef du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA) devra faire face à Aurélien Turchetto, le vice-président de l’agglomération de Carcassonne.
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Selon lui, Philippe Poutou, membre du conseil municipal de Bordeaux, est un parachuté « antirépublicain, antiparlementaire », qui n’a rien à faire dans circonscription de Carcassonne. Aurélien Turchetto lui reproche également de tenir des propos anti-police, un symbole lourd dans la circonscription de Trèbes, qui a été marquée par un attentat terroriste en mars 2018, qui a coûté la vie au gendarme Arnaud Beltrame.
Twitter - Philippe Poutou on Twitter / X
Le candidat de gauche dissident a reçu le soutien de plusieurs élus PS locaux, dont le maire de Trèbes, Eric Menassi, ou la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, qui soutient pourtant le NFP au niveau national. Dans un tweet, Philippe Poutou a fustigé « un PS hyper droitier voire macronisé », l’accusant de soutenir une candidature locale, « mais carriériste ».
Guedj affronte son ex-suppléante dans l’Essonne
«Â Tristesse ! Une candidature dissidente face à moi, portée par ma suppléante. » Jérôme Guedj, député PS sortant de l’Essonne, n’a pas caché son amertume sur X, en apprenant l’investiture de Hella Kribi-Romdhane (Génération. s) par le NFP.
Twitter - Jérôme Guedj on Twitter / X
L’élu socialiste a refusé l’investir de l’union de la gauche, car il ne souhaite pas s’allier avec LFI qui l’a attaqué pendant la campagne des européennes. Dans son tweet, il accuse son adversaire de gauche de refuser « de comprendre [son] combat pour des valeurs ».
Jérôme Guedj a reçu le soutien de ténors de la gauche, à commencer par le patron du PS, Olivier Faure. Il a aussi l’appui de la députée écologiste de Paris, Sandrine Rousseau, de la tête de liste socialiste aux européennes, Raphaël Glucksmann, mais aussi des maires socialistes de Rouen et de Marseille.
Tensions dans la circonscription de Quatennens
La gauche lilloise se déchire dans la 1ᵉ circonscription du Nord, où le député insoumis Adrien Quatennens, condamné pour violences conjugales, a renoncé à se représenter, sous la pression des autres partis de l’union de la gauche.
Législatives : le mode de scrutin actuel est-il juste ?
Le candidat NFP, Aurélien Le Coq (LFI), affrontera la militante féministe Amy Bah, qui présente une candidature « en soutien au Nouveau Front populaire ». Elle s’était lancée dans la course avant le retrait du député sortant, au nom des « valeurs » féministes.
Dans un communiqué publié sur X (ex-Twitter) le 17 juin, cette référente lilloise de l’association #NousToutes a annoncé maintenir sa candidature pour s’opposer à Aurélien Le Coq, qu’elle présente comme le « bras droit » d’Adrien Quatennens, qu’il aurait « toujours soutenu, y compris contre les mouvements féministes qui appelaient à [sa] démission ». Elle est soutenue par la maire PS de Lille, Martine Aubry.
Twitter - Amy Bah on Twitter / X
La campagne a pris un tournant judiciaire après que le candidat officiel de l’union a saisi le tribunal administratif de Lille, pour empêcher Amy Bah d’utiliser l’appellation « Nouveau Front populaire » sur ses affiches ou ses documents de campagne. La justice en a décidé autrement, selon « la Voix du Nord ».
A Bobigny, la petite vengeance des insoumis
En Seine-Saint-Denis, la « purge » chez LFI a eu des conséquences sur les circonscriptions adjacentes. Les insoumis présentent ainsi Mohamed Awad, sans le sceau du NFP, face à la députée communiste sortante, Soumya Bourouaha, dans la 4e circonscription du département.
L’objectif assumé : faire payer au maire PCF de Bobigny, Abdel Sadi, son choix de soutenir et d’être suppléant de la dissidente LFI Raquel Garrido dans la 5e circonscription voisine. « Nous n’avons eu de cesse de demander au PCF de respecter le principe de candidature unique », a indiqué à l’AFP le député sortant Paul Vannier, qui siège à la direction de LFI.
Twitter - Abdel Sadi on Twitter / X
De son côté, l’édile communiste a indiqué vouloir défendre « l’union dans la clarté », dans un message sur X, où il dit vouloir « soutenir la candidature de Raquel Garrido […], face aux tentatives de division ».
Haro sur LFI dans le Vaucluse
Le candidat « officiel » LFI dans la 1e circonscription du Vaucluse, Raphaël Arnault, est loin de faire l’unanimité. Plusieurs élus de gauche locaux, dont la maire d’Avignon et le sénateur du Vaucluse, ont appelé à voter contre ce militant lyonnais fiché S et issu de la Jeune Garde antifasciste.
Pourquoi le nombre de triangulaires est-il lié à la participation ?
Le candidat dissident, Philippe Pascal (Gauche démocratique et sociale) est soutenu par les sections locales de Génération. s, de Place publique et du PCF. Il a aussi reçu l’appui du chef des communistes, Fabien Roussel, qui a indiqué sur BFMTV avoir demandé à LFI de « retirer la candidature » de Raphaël Arnault.
Twitter - BFMTV on Twitter / X
Le principal intéressé a quant à lui dénoncé, aussi au micro de BFMTV, un « déversement de haine » et de propos « absolument horribles » à son encontre. Côté insoumis, Manuel Bompard et Mathilde Panot lui ont renouvelé leur soutien.
Dans l’Isère, le PS lâche la députée LFI sortante
La section iséroise du PS admet que l’« accord entre les partis de gauche » est essentiel pour « faire barrage à l’extrême droite »… mais elle refuse de soutenir l’insoumise Elisa Martin. Députée sortante de la 3e circonscription de l’Isère, elle a été mise en cause par « le Canard Enchaîné » qui a révélé qu’elle aurait touché 400 euros par mois non déclarés, entre 2017 et 2020, quand elle était première adjointe d’Eric Piolle, le maire de Grenoble.
Twitter - Le Canard enchaîné on Twitter / X
Le PS « reste très attaché aux valeurs de transparence et d’exemplarité politique », a écrit la fédération iséroise dans un communiqué cité par « le Dauphiné Libéré ». Les socialistes locaux portent donc la candidature du conseiller régional PS, Stéphane Gemmani.
Une syndicaliste candidate dissidente pour la deuxième fois dans l’Aisne
Bis repetita dans la 2e circonscription de l’Aisne. La secrétaire de la section PCF locale, Corinne Becourt, se présente contre Anne-Sophie Dujancourt, investie par LFI et le NFP. Elle était déjà candidate dissidente face à la Nupes en 2022.
Interrogée par « l’Aisne nouvelle » sur la présence de candidats PCF et Lutte ouvrière au premier tour, l’insoumise a rétorqué : « Il y a une urgence, s’ils ne sont pas capables de le voir, qu’ils restent dans leur coin. ».
En 2022, le candidat LFI-Nupes, Sulyvan Ransquin, ne s’était pas qualifié pour le second tour dans cette circonscription remportée par le LR Julien Dive. La dissidente PCF avait réuni moins de 2 % des voix.
La gauche dijonnaise se déchire autour du logo NFP
«Â Elle est en train de détruire nos chances de remporter cette circonscription. » Les militants du NFP interrogés par « Dijon actualités » sont très remontés contre Sladana Zivkovic, candidate dissidente Place publique, qui utilise le logo de l’union de la gauche sur ses affiches.
Aux législatives, le trouble des sociaux-démocrates perdus entre Macron et Mélenchon
Elle s’oppose à la candidate officielle du NFP, Océane Godard, investie par le PS dans la 1e circonscription de la Côte-d’Or, qui couvre une partie de la ville de Dijon.
Le maire de Dijon, François Rebsamen, ne s’est pas prononcé en faveur de Sladana Zivkovic, qui est pourtant son adjointe. Dans un entretien accordé à France Bleu Bourgogne, cet ex-socialiste rallié à Emmanuel Macron a apporté son soutien à un bloc central autour du camp présidentiel, pour « éviter l’arrivée au pouvoir du RN ».
La gauche en ordre dispersé dans le Finistère
L’insoumis Thomas Le Bon est loin d’avoir le champ libre dans la 8e circonscription du Finistère. S’il est sur le papier, le candidat d’union de la gauche, il affrontera le socialiste dissident Sébastien Miossec, président délégué de l’intercommunalité de Quimperlé.
Sa candidature est appuyée par le président socialiste de la région Bretagne, Loïc Chesnais-Girard, et par les militants socialistes de sa circonscription qui considèrent que l’investiture de Thomas Le Bon « [ignore] la réalité électorale [du] territoire », où Raphaël Glucksmann est arrivé devant Manon Aubry aux européennes.
Twitter - Loïg Chesnais-Girard on Twitter / X
Le candidat NFP « officiel » peut néanmoins compter sur l’appui des antennes locales des Ecologistes, qui ont appelé Sébastien Miossec à « retirer sa candidature dissidente » dans un communiqué repris par « le Télégramme ».
A Tours, un dissident teste sa popularité avant les municipales
Conformément aux règles prévues dans l’accord du NFP, la 1e circonscription d’Indre-et-Loire a été attribuée au député écologiste sortant, Charles Fournier. Une décision contestée par Alain Dayan, qui a quitté le PS en 2023 et est entré en dissidence.
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L’union a été faite « depuis les états-majors parisiens sans aucune consultation, ni observation du terrain », regrette-t-il auprès de « la Nouvelle République ». Alain Dayan défend sa décision par le fait que le RN n’a « aucune chance d’être élu sur cette circonscription » et reproche au NFP de trahir la social-démocratie en « laissant la possibilité à Jean-Luc Mélenchon de devenir Premier ministre ». En 2022, Charles Fournier s’était qualifié pour le second tour avec près de 40 % des voix.
D’après les médias locaux, le but d’Alain Dayan est moins de remporter la circonscription que de tester sa popularité en vue des municipales de 2026.
Un maire béarnais s’oppose à un militant insoumis
Jean-Yves Lalanne, le maire de Billère, a annoncé sa candidature sous la bannière de l’union des gauches dès le mercredi 12 juin. Problème : celui qui avait représenté la Nupes en 2022 se rend compte quelques jours plus tard que son nom n’apparaît pas dans la liste des candidats NFP.
C’est Jean Sanroman, militant LFI, qui a été investi dans la 1e circonscription des Pyrénées-Atlantiques, qui comprend la ville de Pau. Le jeune homme de 21 ans a reçu le soutien d’Iñaki Echaniz, député PS de la 4e circonscription du département, qui a appelé dans un tweet à « l’unité du Nouveau Front populaire » et « au respect des investitures ».
Twitter - Iñaki Echaniz on Twitter / X
Les deux candidats de gauche semblent cependant prêts à une alliance locale. Jean-Yves Lalanne a notamment indiqué à France Bleu Béarn que des « discussions » entre eux auraient lieu pendant la campagne. En 2022, la gauche unie avait perdu à moins de 500 voix près, face à la sortante du MoDem.