Montée de l’extrême droite : la cheffe du Conseil de l’Europe s’alarme d’un retour à « l’état sauvage »
Montée de l’extrême droite : la cheffe du Conseil de l’Europe s’alarme d’un retour à « l’état sauvage »
On voit très bien en Europe et autour du monde qu’il y a des nationalismes extrêmes, des populismes et des mouvements anti-droits qui tirent le monde ou l’Europe vers l’état sauvage », a déclaré devant la presse Marija Pejcinovic Buric, qui quittera ses fonctions en septembre après cinq années passées à la tête de la vigie des droits de l’homme sur le continent.
Fondé en 1949 à Strasbourg, le Conseil de l’Europe réunit 46 pays depuis l’exclusion de la Russie en 2022 à la suite de l’invasion de l’Ukraine. « Ce n’est pas sans raison qu’après les deux grandes guerres en Europe il a été décidé que la voie multilatérale, la coopération multilatérale, était la voie à prendre », a rappelé l’ancienne ministre croate des Affaires étrangères.
«Ã‚ Il n’y a pas d’alternative » au multilatéralisme, a-t-elle estimé, alors que des voix s’élèvent, notamment au Royaume-Uni et en France, pour dénoncer la convention européenne des droits de l’homme, que le Conseil de l’Europe fait appliquer via la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH).
« On doit lutter contre ça »
Ces deux pays vont choisir leurs députés dans les prochaines semaines mais Mme Pejcinovic Buric a dit ne pas croire à ce que ces pays dénoncent la convention, qui entraînerait leur départ du Conseil de l’Europe. « Il est plus facile d’attaquer les instances internationales ou les organes de défense des droits de l’homme mais j’espère qu’une fois les élections passées on va entendre davantage les voix raisonnables qui existent dans tous les pays », a-t-elle déclaré.
Évoquant le viol à caractère antisémite d’une adolescente en région parisienne, l’ancienne ministre a estimé que « l’antisémitisme est une des différentes faces du recul démocratique. On n’aurait jamais cru (…) qu’avec tout ce qui s’est passé avec le peuple juif ça pourrait de nouveau avoir lieu sur le sol européen », a-t-elle déploré. « On doit lutter contre ça, on doit lutter contre le discours de haine. »
Le successeur de Mme Pejcinovic Buric doit être désigné mardi par l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe. Trois candidats sont en lice : le Belge Didier Reynders, actuel commissaire européen à la Justice, l’ex-président suisse Alain Berset et l’Estonien Indrek Saar, ancien ministre de la Culture.