Législatives : Corbière, Garrido, Simonnet, Davi… qui sont les députés évincés par LFI ?
Alexis Corbière et Raquel Garrido lors d'une séance de questions au gouvernement le 9 mai 2023. LP/ Arnaud Journois
Une annonce qui en a surpris plus d’un. Alors que son cas a fait l’objet d’âpres discussions parmi les partis de gauche, le député sortant LFI Adrien Quatennens sera bien candidat à sa succession aux élections législatives dans la 1re circonscription du Nord malgré sa condamnation pour violences conjugales.
Dans la foulée, le parti a annoncé l’éviction de six figures historiques de LFI qui incarnent des voix discordantes au sein du Parti de gauche radicale, notamment pour avoir émis certaines critiques sur la direction de LFI, et plus particulièrement de Jean-Luc Mélenchon pour certains.
Alexis Corbière
Il était pourtant l’un des compagnons de route les plus proches de Jean-Luc Mélenchon. Après avoir adhéré au Parti socialiste en 1998, il est rapidement considéré comme un proche de Jean-Luc Mélenchon, dont il devient le conseiller technique en 2000. En 2008, il quitte le parti pour fonder le Parti de gauche (PG) sous la conduite de Jean-Luc Mélenchon. À la présidentielle de 2012, il fait partie de l’équipe de campagne du Front de gauche et devient candidat aux élections législatives dans la 8e circonscription de Paris.
En 2017, Alexis Corbière devient le porte-parole de Jean-Luc Mélenchon durant la campagne présidentielle et est souvent invité des médias pour expliquer les positions de son candidat et de son mouvement. Il est ensuite candidat aux élections législatives dans la 7e circonscription de Seine-Saint-Denis et est élu député. En 2022, il est également réélu, cette fois-ci dès le premier tour.
En décembre 2022, il exprime un « radical » désaccord avec la nouvelle direction LFI, regrettant l’absence d’élections pour la désigner. Après avoir appris son éviction de lui-même sur le site de LFI, ce vendredi sans même recevoir de coup de fil, il accuse Jean-Luc Mélenchon de « régler ses comptes ».
Raquel Garrido
Raquel Garrido, épouse d’Alexis Corbière, fait également partie des nouveaux indésirables de LFI. Née au Chili et naturalisée française en 1999, elle est avocate de formation et c’est dans ce cadre qu’elle rencontre Jean-Luc Mélenchon, dont elle devient l’avocate. Militante au PS de 1993 à 2008, elle cofonde le Parti de gauche en 2008 et est candidate aux élections législatives de 2012 dans la 2e circonscription des Français établis hors de France.
Porte-parole de LFI à partir de 2016, elle devient très médiatisée après avoir rejoint la bande de chroniqueurs de l’émission « Les Terriens du dimanche » de Thierry Ardisson. S’ensuivent quelques controverses et elle quitte LFI, selon elle pour que son temps de parole à l’antenne ne soit plus décompté comme du temps de parole de LFI. Elle devient ensuite chroniqueuse dans l’émission « Balance ton post » de Cyril Hanouna.
Élue députée dans la 5e circonscription de Seine-Saint-Denis sous la bannière de la Nupes, elle est évincée de la direction de LFI en décembre 2022 et critique Jean-Luc Mélenchon, l’accusant de nuire au parti et à son fonctionnement, ce qui lui vaudra une mise en retrait de quatre mois à l’Assemblée nationale.
Danielle Simonnet
Membre du PS depuis 1989, Danielle Simonnet quitte le parti en 2008 pour suivre Jean-Luc Mélenchon au Parti de gauche et en devient la secrétaire nationale. Elle participe ensuite à la campagne présidentielle de Jean-Luc Mélenchon en 2012, puis se présente aux élections législatives de 2012 dans la sixième circonscription de Paris. Elle adhère à La France insoumise à la création du parti en 2016, dont elle devient oratrice nationale, et est de nouveau candidate aux législatives de 2017, où elle échouera au second tour.
En 2018, elle est placée en garde à vue par les autorités turques à l’aéroport d’Istanbul avec d’autres membres du Parti de gauche pour être venue observer le déroulement des élections générales en Turquie. En novembre 2019, elle est désignée avec le soutien de La France insoumise binôme tête de liste avec Vikash Dhorasoo dans le XVIIIe arrondissement de Paris pour les élections municipales.
Elle se présente aux élections législatives de 2022, et est élue au second tour. Non réinvestie par LFI, elle dénonce sur RTL une « purge » et une « stratégie sectaire vis-à-vis des partenaires », avant d’assurer qu’elle se présentera tout de même aux élections le 30 juin prochain.
Guillaume Ancelet
« On n’y va pas pour un poste, on y va pour les gens, pour l’intérêt général », avait-il assuré jeudi sur X. Candidat dans la cinquième circonscription de la Somme, le président du mouvement Picardie Debout ! fait partie des victimes de la purge de la nuit. Ce proche de François Ruffin, également professeur d’EPS àChaulnes (Somme), avait, par le passé, questionné la stratégie de LFI l’an dernier, comme le note Mediapart.
Frédéric Mathieu
Député sortant de la 1re circonscription d’Ille-et-Vilaine, Frédéric Mathieu n’a finalement pas été investi par son parti, La France insoumise. En 2022 il avait été élu, en tant que candidat Nupes, face au candidat de la majorité présidentielle, Hind Saoud. Celui qui a commencé sa carrière politique au sein du Parti socialiste se voyait tout naturellement assurer le service après-vente.
C’est finalement Marie Mesmeur, une proche de Louis Boyard d’après Le Télégramme, qui prend sa place. « Le RN est aux portes du pouvoir et LFI choisit la purge et la division », a-t-il déploré sur X. Il assure « reste (r) candidat au service du nouveau Front populaire aux côtés de (s) es camarades » victimes de la purge.
Hendrik Davi
Hendrik Davi est le député sortant de la 5e circonscription des Bouches-du-Rhône. Il est présenté comme un proche de Clémentine Autain et assume être « opposé » à Jean-Luc Mélenchon.
Dans un entretien pour Mediapart ce samedi, après l’annonce de sa non-investiture, il avance plusieurs pistes d’explications. D’abord, un « désaccord stratégique », notamment pendant la réforme des retraites, mais aussi concernant la stratégie de rassemblement politique avec le reste de la Nupes au même moment. Il affirme avoir également critiqué la « stratégie de communication du bruit et de la fureur », et avoir très tôt qualifié de « terroristes » les actes du Hamas le 7 octobre.
Allan Popelard, envoyé pour le remplacer dans sa circonscription, « est un pur apparatchik », selon lui. Il se laisse l’opportunité de maintenir, ou non, sa candidature, « en fonction de (s) a situation personnelle déjà, en fonction de (s) a suppléante aussi, également aussi en fonction de la situation de la gauche à Marseille, du risque RN dans ma circo… Je pèserai tout ça. »