Isère: comment expliquer les crues qui ont dévasté le hameau de La Bérarde?
Le hameau de la Bérarde, en Isère, a été enseveli par des torrents de boue jeudi dernier. Si les causes exactes du phénomène restent à déterminer, certains spécialistes pointent le rôle du réchauffement climatique.
Une catastrophe naturelle qui n'a, par miracle, fait aucune victime. Le hameau de la Bérarde, à Saint-Christophe-en-Oisans, a été ravagé jeudi et vendredi 21 juin par des crues torrentielles. Selon le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu, quelque "200.000 m3 d'eau", soit l’équivalent de 80 piscines olympiques, ont dévalé la vallée.
Le hameau de la Bérarde (Isère) avant et après les crues du 20 juin 2024
À l'heure où habitants et autorités constatent les dégâts, les spécialistes essayent de comprendre comment le torrent Vénéon et son affluent, celui des Étançons, ont pu déborder aussi violemment avant de se déverser sur le hameau, transformé en un champ de ruines.
100mm de pluies en deux jours
La première cause, la plus évidente, est celle des précipitations. Près de 100mm de pluie sont tombées dans la région dans les 48 heures qui ont précédé la catastrophe, selon la gardienne d'un refuge de montagne situé à Saint-Christophe-en-Oisans et citée par le Dauphiné Libéré. Ces fortes précipitations ont provoqué une fonte du manteau neigeux, encore très important en altitude en cette fin du mois de juin, qui a elle aussi favorisé l'augmentation du débit.
La préfecture de l'Isère pointe également dans un communiqué la présence d'"embâcles", des amoncellements de pierres et d'autres débris qui font monter le niveau des cours d'eau.
Ces facteurs combinés semblent avoir fait sortir les torrents de leur lit, charriant sur leur passage quantités de boues et de cailloux qui ont détruit les routes et éventré les maisons.
Réchauffement climatique
À l'heure du réchauffement climatique, certains spécialistes s'interrogent sur le rôle joué par un lac glaciaire, formé dans la partie inférieure du glacier de Bonnepierre, en amont du village. Cette retenue d'eau, alimentée par le fonte du permafrost (sols dont la température reste sous le seuil de 0°C pendant au moins deux années consécutives), pourrait avoir alimenté les crues.
Dans un post Facebook, le géologue de l'Institut des sciences de la Terre Éric Larose pointe du doigt la "disparition du glacier en amont du vallon des Étançons" et la "libération des éboulis de la glace/neige".
Cité par France info, le géomorphologue Ludovic Ravanel se montre plus prudent. Ce directeur de recherche au CNRS estime que "les volumes sédimentaires qui ont été charriés proviennent vraisemblablement d'altitudes inférieures à celles affectées par la dégradation du permafrost".
Tous les spécialistes s'accordent en revanche sur le rôle du réchauffement climatique dans la multiplication des phénomènes de pluies intenses. Éric Larose explique ainsi que "l'augmentation de la température de l'océan, donc de l'évaporation" alimentent "des vagues d'air très humide qui augmentent la fréquence et l'intensité des pluies orageuses", et accroît donc le risque de crues.