Guerre en Ukraine: à Kostiantynivka, des militaires décidés à ne pas céder les zones revendiquées par la Russie
Si les soldats de la 80e brigade d’assaut, rencontrés sur un terrain d’entrainement, ne se plaignent pas d’un déficit d’armes, ils notent en revanche un manque d’hommes.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit son espoir de parvenir à « une paix juste aussi vite que possible », au début du premier sommet sur la paix en Ukraine qui se tient en Suisse. La Russie, absente de ce rendez-vous, a présenté ses conditions : abandon par Kiev de son ambition de rejoindre l'Otan et retrait des forces ukrainiennes des régions de Donetsk, Lougansk, Kherson et Zaporijjia. Dans ces régions, les combats se poursuivent. Les attaques russes les plus massives se concentrent dans l’est du pays, sur le front de Kharkiv, mais aussi dans le Donbass. Reportage près de Kostiantynivka, dans la région de Donetsk.
De nos envoyés spéciaux dans la région de Donetsk,
Des hauteurs de Kostyantinivka, à l’horizon, des volutes de fumée s’élèvent. Des détonations sourdes retentissent. La bataille pour la prise de Tchassiv Iar, à 10 km à vol d’oiseau, fait rage. L’unité d’assaut de Vadim, nom de guerre « Baron », engagé dès les premiers jours de l’invasion russe, opère quelques kilomètres plus au sud, à Klishiivka. « Dans notre secteur, la situation est stable », raconte le jeune homme originaire de Volynie. « On n’avance pas et les Russes non plus ne gagnent pas de terrain, mais ils ont plus de drones que nous. Quand on aura reçu des avions de combat, je pense qu’on pourra lancer des offensives pour reconquérir nos territoires. »
Occupée par les forces russes pendant quelques mois, Klishchiivka, qui fait partie de la communauté urbaine de Bakhmout, a été libérée en septembre dernier, notamment par ces hommes de la 80e brigade d’assaut. Depuis, la ligne de front semble figée, faute de moyens, estime Mykola, 38 ans, nom de guerre « le pêcheur ». Cet ancien ouvrier du bâtiment, regrette les tergiversations occidentales sur l’envoi de l’aide militaire.
«Â Si l’aide était arrivée plus vite, on aurait pu être plus efficace », explique-t-il. « Mais on a dû attendre et attendre. Prenez, par exemple, la localité de Klishiivka qu’on a pu reprendre l’été dernier. Si on avait eu plus de moyens, plus d’armements, on aurait pu avancer plus en profondeur. Ces retards de livraisons ont impact sur le cours de la guerre. On a dû marquer le pas ».
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« Nous devons continuer à tenir nos positions »
Mykola est fier de faire visiter le véhicule blindé de transport de troupes américain, Stryker, qui a avantageusement remplacé le BTR 80 de conception soviétique, il y a quelques mois au sein de la brigade.
Lorsqu’il n’est pas sur la ligne de front à tenter de contenir les assauts des unités russes, Oleh, se tient au courant des derniers développements sur la scène internationale. « J’ai vu récemment cette information, selon laquelle le président d'un pays ennemi a dit qu’il était prêt à arrêter la guerre, mais qu'il voulait s'emparer de nos territoires », note le jeune homme qui vient de fêter ses 29 ans. « Je pense que c'est une très mauvaise idée. Nous devons continuer à tenir nos positions et ne pas accepter ça. Je pense qu’on finira par les repousser et qu’il finira par accepter nos conditions ».
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Pour l’heure, les Ukrainiens sont en position défensive. Si les soldats de la 80e brigade d’assaut, rencontrés sur un terrain d’entrainement, ne se plaignent pas d’un déficit d’armes, ils notent en revanche un manque d’hommes. Les recrutements sont à la peine, au grand dam de Vitaly 24 ans, originaire de la région de Soumy, engagé volontaire dans les premiers jours de l’invasion russe : « L’ennemi est en supériorité numérique, ils sont bien plus nombreux, ça on le voit. Je ne sais pas ce qu’il faudrait faire pour motiver les gens à rejoindre l’armée. Tout le monde a peur, mais quand l’ennemi viendra frapper à la porte, on n’aura plus le temps de s’enfuir. C'est pourquoi il faut agir maintenant, car si vous ne voulez pas nourrir votre armée, vous finirez par nourrir celle de l’autre. »
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Le long de la route principale, où l’on croise des véhicules militaires et des ambulances, des panneaux d’affichage incitent les jeunes Ukrainiens à rejoindre l’armée.