Guerre en Ukraine: la Russie bientôt condamnée à 30 milliards d'euros de «réparations climatiques»?
L'armée ukrainienne lors d'un entraînement militaire, près de Tchassiv Yar (oblast de Donetsk, est de l'Ukraine), le 13 juin 2024. | Jose Colo / Anadolu via AFP
Déclencher une guerre d'agression, non seulement c'est mal et ça tue des gens, mais en plus ça pollue. Selon un groupe d'experts, les deux premières années de l'invasion russe de l'Ukraine ont ainsi généré 175 millions de tonnes de dioxyde de carbone (CO2).
Les chercheurs ont calculé leur impact pour quantifier et chiffrer les dégâts provoqués par ce bilan carbone supplémentaire. Ils estiment que l'addition s'élèverait à 32 milliards de dollars de dommages (près de 30 milliards d'euros). Une somme que l'Ukraine compte bien réclamer à Moscou sous forme de réparations, indique le magazine en ligne New Scientist.
«Ce sera un élément essentiel du dossier de réparations que nous construisons contre la Russie», a déclaré le ministre de l'Environnement ukrainien, Ruslan Strilets. «Il s'agit des dommages qui vont arriver àl'économie et aux sociétés en raison des impacts météorologiques extrêmes dus au changement climatique, qui sont le résultat des émissions», indique Lennard de Klerk, fondateur de l'Initiative sur la comptabilisation des gaz àeffet de serre liés àla guerre en Ukraine.
Des répercussions mondiales
Un tiers du total de ces émissions de CO2 serait lié à la reconstruction de ce que la Russie a détruit en Ukraine: bâtiments, ponts et autres infrastructures. Un autre tiers aurait été engendré par le carburant utilisé par les militaires.
14% des émissions carbone liées au conflit s'expliqueraient par le contournement des espaces aériens ukrainien et russe par les vols commerciaux: un Tokyo-Londres se voit ainsi prolongé de quatre heures en passant par le Canada. Enfin, 13% viendraient des incendies, qu'ils soient liés aux bombardements ou simplement parce que les pompiers ne peuvent pas intervenir.
«Si cette somme –qui augmente chaque jour– devait être payée, une partie devrait être versée àl'Ukraine pour financer des mesures telles que la restauration des forêts, afin d'aider àrécupérer une partie du carbone, assure Lennard de Klerk àNew Scientist. Une autre part devrait être versée aux pays les plus durement touchés par le réchauffement climatique, par exemple par le biais du Fonds vert pour le climat [de l'ONU].»
Le choix de cette répartition s'annonce éminemment politique. Mais un autre problème demeure et pas des moindres: comment réussir à faire payer la Russie?