Des cadres de l’Education nationale appellent à désobéir si le RN arrive au pouvoir: "Une logique de défense des valeurs républicaines"
Des cadres de l’Education nationale appellent à désobéir si le RN arrive au pouvoir, après les élections législatives. Sur RMC, Emmanuel Constant, principal d’un collège à Vincennes et vice-président socialiste de la Seine-Saint-Denis, met en avant la défense des valeurs républicaines.
C'est une tribune publiée le 14 juin dernier qui fait du bruit. Des cadres de l'Education nationale, tenus normalement au devoir de réserve, assurent qu'ils n'obéiront pas aux directives d'un éventuel futur gouvernement d'extrême droite si elles s'opposent aux valeurs de la République. Une tribune accompagnée d'une pétition signée par près de 2.000 personnes. Et une désobéissance qui pourrait s'étendre à d'autres secteurs comme l'hôpital et la justice.
L'arrivée du Rassemblement national au pouvoir serait tout simplement inacceptable pour Alain-Philippe Gauzi, principal adjoint dans un collège de région parisienne: "L’école, telle que la prône l’extrême droite, n’est pas compatible avec l’école de la République pour laquelle je me suis engagé". Alors, en cas de victoire de l'extrême droite, ce cadre, qui a passé la majeure partie de sa carrière en zone d'éducation prioritaire, envisage deux solutions: "On peut lutter en interne, désobéir pour marquer une désapprobation. Et en dernier recours, si on ne me laisse pas le choix, quitter la fonction publique".
Emmanuel Constant
Pour Emmanuel Constant, principal d’un collège à Vincennes (Val-de-Marne) et vice-président du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, qui a lancé cet appel à désobéir, c’est une question de valeurs. "Nous nous refuserions par exemple à vérifier le caractère légal ou réglementaire du droit de séjour de nos élèves sur le territoire français", explique-t-il, par exemple, dans Apolline Matin ce lundi sur RMC et RMC Story. "La mission de l'école est indépendante des gouvernements successifs. Il y a une forme de permanence. La noblesse de l'école, c'est d'accueillir tous les enfants", ajoute-t-il.
"N'est pas Jean Moulin qui veut"
Emmanuel Constant assure respecter "une obligation de loyauté", "mais à la République". "Je fais la distinction entre les valeurs qui fondent notre régime politique démocratique qui est républicain et d'éventuelles dérives", souligne l’enseignant, qui assure que "ce n'est pas une question de respect de l'autorité ou pas". "Les personnels qui ont signé ce texte ne sont pas dans l'insubordination. Ils sont dans une logique de défense et de promotion des valeurs républicaines", indique-t-il.
"Evidemment, la comparaison n’est pas pertinente, mais il y a des moments dans l'histoire de France où vous avez un certain nombre de d'agents de l'État qui ont désobéi au regard des orientations que prenait un gouvernement, ajoute Emmanuel Constant. Il ne s’agit pas de comparer, n'est pas Jean Moulin qui veut. Mais en l'occurrence, la question est celle-là."
A deux semaines du verdict des législatives, Emmanuel Constant voit trois options pour les personnels de l’Education nationale si le RN l’emporte et accède au pouvoir. "Chacun, en conscience et en responsabilité, prendra la décision qu'il juge pertinente. Certains qui ne souhaitent pas accompagner un éventuel gouvernement d'extrême droite vont décider de partir. D'autres vont décider de rester et d'appliquer. Et d'autres encore, dont je fais partie, ont plutôt l'intention de rester, de ne pas obéir lorsqu’un certain nombre de mesures seront considérées comme étant en contradiction avec les valeurs de la République." Et il n’exclut pas de démissionner.