Législatives 2024 : candidat par candidat, qui se désiste face au Rassemblement national ?
Le Premier ministre a appelé ce dimanch soir au retrait des candidats de la majorité présidentielle en cas de risque d'une élection d'un candidat du RN. REUTERS/Yara Nardi
Se désistera, se désistera pas ? Après le premier tour des élections législatives ce dimanche 30 juin, des triangulaires pourraient avoir lieu dans plus de 300 circonscriptions dimanche prochain si certains candidats ne se retirent pas. Dans une centaine, ce sont des candidats d’Ensemble, le parti présidentiel, qui sont arrivés en troisième position alors que le Rassemblement national est devant eux.
Se pose ainsi la question de leur maintien au second tour, alors que Gabriel Attal a affirmé que « pas une voix » ne devait aller au RN. Le Premier ministre a appelé à un « large rassemblement clairement démocrate et républicain pour le second tour ». Une formule suffisamment vague pour causer le désordre au sein des troupes, avec qui il a échangé dans l’après-midi en visioconférence.
« Veut-on confier les pleins pouvoirs et le destin du pays au RN ? Nous répondons que non. Est-ce que pour autant nous voulons faire alliance avec le NFP ? Non », a lancé Gabriel Attal selon un participant àla réunion, mettant ainsi ses auditeurs face àleurs responsabilités. Entre retrait des uns et maintien des autres, on fait le point sur les décisions prises par les candidats de la majorité.
« Pas une voix au RN », la consigne qui vient du gouvernement
Dans la 1re circonscription des Bouches-du-Rhône, la secrétaire d’État à la Ville Sabrina Agresti-Roubache (Ensemble) a retiré sa candidature dimanche soir, appelant à ne pas donner « une seule voix au Rassemblement national ». La députée sortante, qui a récolté 23,61 % des suffrages, fait donc barrage à la candidate RN Monique Griseti, arrivée largement en tête avec 45,54 % des voix. Elle affrontera au second tour Pascaline Lécorché (NFP - 26,90 % au premier tour).
La ministre des Outre-mer Marie Guévenoux a pris la même décision « face au risque du RN », après sa troisième place dans la 9e circonscription de l’Essonne, tout comme sa collègue Fadila Khattabi. La secrétaire d’État à la Ville a fait le choix de ne pas se représenter devant les électeurs dimanche prochain dans la 3e circonscription de Côte-d’Or où elle a terminé 3e (23,81 %). Dans un long message sur X, elle « appelle tous les électeurs qui (lui) ont fait confiance, et plus largement tous ceux qui se reconnaissent dans (sa) candidature, à voter pour le candidat du Nouveau Front Populaire », Pierre Pribetich. Il a obtenu 29,59 % des voix, derrière le RN avec 35,44 % pour Thierry Coudert.
Bien plus au nord du pays, Albane Branlant (Ensemble) est arrivée troisième avec 22,68 % des suffrages dans la 1re circonscription de la Somme. Elle a pris la décision de se retirer au profit de François Ruffin, candidat du NFP (33,92 % des voix), alors que le RN caracole en tête avec 40,69 %. « Je ne confonds pas adversaire politique et ennemi de la République », a-t-elle insisté alors que les résultats venaient de tomber.
D’autres ont enfin changé d’avis après avoir un temps choisi le maintien. C’est le cas de Sylvie Casenave-Péré dans la 4e circonscription de la Sarthe qui a annoncé son retrait ce lundi à la mi-journée, alors qu’elle avait assuré qu’elle se maintiendrait dans la matinée. Arrivée troisième avec 25,88 %, elle était au coude-à-coude avec la candidate du NFP (25,94 %), alors que Marie-Caroline Le Pen est loin devant pour le RN avec 39,26 % des suffrages.
Au total, Le Parisien avait recensé ce lundi à 21h30 au moins 53 candidats issus de la majorité présidentielle qui avaient annoncé publiquement leur retrait.
Une ministre et une vingtaine de candidats se maintiennent
Contrairement aux appels martelés par Gabriel Attal pour un retrait des candidats issus du camp présidentiel arrivés en 3e position, certains n’entendent pas lâcher l’affaire. Dans la 1re circonscription des Alpes-Maritimes, Graig Monetti a obtenu 22,79 % de voix et compte se maintenir dans une triangulaire qui va l’opposer à Éric Ciotti, en tête avec 41,04 % des suffrages, et à Olivier Salerno pour le NFP (26,62 %).
Comme lui, Dominique Faure, la ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité de France, refuse d’abdiquer. Députée sortante dans la 10e circonscription de Haute-Garonne, elle a confirmé qu’elle se maintiendrait au second tour. Le socialiste Jacques Oberti, pour le Nouveau Front populaire, est arrivé nettement en tête avec 36,24 % des suffrages, devant la candidate RN Caroline Falgas-Colomina (30,37 %) et la députée sortante (28,99 %), issue du Parti radical.
Parmi les autres figures de la majorité à se maintenir, on note Anne-Laurence Petel dans la 14e circonscription des Bouches-du-Rhône. Qualifiée avec 28,91 % des voix, elle demeure devancée par le NFP (29,48 %), mais surtout le RN (31,65 %), dans une élection qui s’annonce serrée entre les trois blocs.
Ont également annoncé leur maintien pour l’heure Samuel Deguara (2e de l’Aveyron), Anne-Laure Babault (2e de Charente-Maritime), Florian Delrieu (9e de Haute-Garonne), Audrey Dufeu (8e de la Loire-Atlantique), Huguette Tiegna (2e du Lot), Hervé Prononce (1re du Puy-de-Dôme), Dominique Despras (8e du Rhône), Louis Margueritte (5e de Saône-et-Loire), Aude Luquet (1re de Seine-et-Marne), Hubert de Jenlis (2e de la Somme), Ilias Nagnonhou (4e de Vendée), Séverine Saint-Pé (1re de la Vienne), Naïma Sifer (2e de l’Essonne), Loïc Signor (3e du Val-de-Marne), Émilie Chandler (1re du Val-d’Oise) et Dominique Da Silva (7e du Val-d’Oise).
Ceux qui hésitent encore
Au milieu de ces annonces, certains candidats n’ont pas encore pris leur décision. Ils ont jusqu’à ce mardi soir pour décider ou non de leur maintien au second tour. Parmi eux, Philippe Guillemard, arrivé en troisième position dans la 1re circonscription de Meurthe-et-Moselle, déclare « attendre un entretien avec le Premier ministre » pour se prononcer sur son maintien. La prise de position de Patricia Mirallès, secrétaire d’État auprès du ministre des Armées, sera scrutée de près.
À gauche, la consigne d’un désistement pour les troisièmes
L’appel au barrage au RN ne s’est pas fait attendre. Dès 20h15, Jean-Luc Mélenchon a pris la parole pour donner une consigne claire : en cas de triangulaire, il a annoncé que le Nouveau Front populaire retirerait son candidat s’il est troisième face à un candidat RN. « Notre consigne est claire : pas un siège de plus pour le RN », a martelé le leader insoumis.
Plusieurs candidats du NFP n’ont pas encore publiquement confirmé leur désistement, à l’image de Cédric Briolais dans la 10e circonscription des Yvelines devancé par Aurore Bergé pour la majorité et Thomas du Chalard pour le RN. Mais aucun candidat du Nouveau Front populaire n’a annoncé pour l’heure se maintenir contre la consigne donnée par le rassemblement des gauches.