Des chercheurs japonais greffent une peau organique sur un visage de robot et c'est terrifiant

Pour l'heure, on a droit à un disque rose qui évoque davantage un préservatif ou un vieux Malabar qu'un visage expressif. | Maximalfocus via Unsplash

Pour le cinéma, envisager des robots avec de la peau humaine a toujours été une évidence, essentiellement pour faire des économies de costumes (une veste en cuir et une paire de lunettes noires dans Terminator, et le tour était joué). Mais dans le monde réel, c'est un défi que tentent de relever les chercheurs avec des résultats peu convaincants, comme nous le décrit un article de TechCrunch.

Dans une étude publiée le 25 juin dans la revue Cell Reports Physical Science, des ingénieurs de l'université de Tokyo ont détaillé leur méthode pour doter un visage de robot animé d'un épiderme vivant. Pour réussir ce tour de force, ces scientifiques japonais se sont inspirés de l'ancrage de la peau sur le corps humain pour fixer et solidariser ce masque épidermique à la manifestation artificielle d'émotions, comme un sourire, par exemple.

Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont dû composer un modèle en trois dimensions (3D) du visage aux formes convexes et concaves et cultiver des tissus capables de recouvrir cette forme. Pour fixer cette peau, ils ont utilisé un système d'«ancres de type perforation» inspirées des ligaments de la peau. Très concrètement, la méthode consiste à appliquer un gel chargé de cellules formatrices de peau sur et dans des orifices spécialement disposés dans la structure du robot.

Cette technique permet-elle de répliquer l'élasticité d'un visage nous adressant un sourire rassurant? Pas du tout. Le résultat est même vraiment flippant. Pour l'heure, avec ce disque rose qui évoque davantage un préservatif ou un vieux Malabar qu'un visage expressif, on a un peu de mal à se projeter.

Cicatrices de robots

Les scientifiques de l'université de Tokyo sont bien conscients que leur démonstration ne va pas rassurer les gens déjà peu confiants dans les promesses de la robotique. Mais l'objet de cette expérience était avant tout d'éprouver cette méthode de fixation inspirée du corps humain pour permettre à une forme aussi complexe et mobile qu'un visage de transmettre une information du type «je souris, je suis content».

Mais pourquoi vouloir donner un épiderme à nos robots qu'on appréciait jusqu'ici avec un revêtement en inox chromé? Cette peau, parce qu'elle est vivante, dispose d'une capacité d'autoréparation. Et cette faculté à cicatriser n'a pas besoin d'être déclenchée, elle est programmée dans les cellules qui constituent ce revêtement biologique. On aimerait avoir ça sur nos voitures pour réduire les factures de carrosserie…

Cette perspective laisse entrevoir les autres usages des propriétés de la peau humaine adaptées à des machines: peut-on imaginer reproduire la sensibilité de la peau? Sa capacité à réguler la température avec la transpiration? Ou plus simplement donner à une machine une apparence humaine la rendant indiscernable des personnes vivantes? Chaque avancée s'accompagnera des questions éthiques et philosophiques que nous promet la science-fiction depuis des décennies.

Une fois qu'on aura géré le plus urgent (à savoir améliorer le dispositif pour le rendre moins cauchemardesque), il sera temps de passer aux prochaines étapes. Notamment y faire pousser des poils ou des cheveux blancs et faire vieillir cet épiderme, pour qu'on puisse savoir si on a affaire à un robot tout neuf ou à un modèle d'occasion qui a quelques rides aux coins des yeux et des tâches sur les mains.