Ettore et Rembrandt, digne progéniture de Carlo Bugatti
Ettore et Rembrandt, digne progéniture de Carlo Bugatti
Le hasard fait parfois bien les choses. C'est lors d'un déjeuner amical de retraités retirés à Uzès qu'est née l'idée d'une exposition hors série. Dans l'enceinte même de l'ancien évêché, l'idée de réunir deux expositions a jailli de la rencontre de deux hommes, l'une consacrée au peintre Adolphe Monticelli ? dont Marc Stammegna, marchand d'art, est l'expert reconnu ? et l'autre dédiée au trio familial des Bugatti, dont François Melcion, ex-organisateur de Rétromobile, est l'un des connaisseurs les plus éclairés au monde. Le lien ? Stammegna est aussi un grand admirateur des bronzes de Rembrandt Bugatti et le thème était dès lors tout trouvé de réunir quelques beaux exemples des créations de chacun dans un même lieu.
«Ã‚ Ce sont trois personnages indissociables, trois autodidactes qui ont excellé dans trois arts différents », dit François Melcion, qui accumule depuis plus de cinquante ans une expertise hors pair en matière de voiture de collection, de Bugatti en particulier. Au point qu'il est devenu également juge dans les plus grands concours d'élégance de la planète.
Dès lors était posé le thème de l'exposition, charge à François Melcion de réunir neuf véhicules emblématiques de la marque au fer à cheval tandis que Marc Stammegna sélectionne une série de bronzes de Rembrandt Bugatti, admiré de son vivant par Rodin, et de meubles d'ébénisterie du père, Carlo Bugatti. Un tel thème avait déjà été ébauché à Rétromobile, il ressort ici magnifié par une sélection précise d'?uvres parfaitement représentatives de l'éclectisme familial.
On pourra dire en effet que l'aventure artistique des Bugatti a commencé avec Carlo, le père, ébéniste et décorateur italien de grand talent, dont l'expression artistique s'est traduite essentiellement dans les ébénisteries. Les créations parfois surprenantes au regard du design de nos jours, font la part belle à une expression spectaculaire au sens du détail et à une richesse des décorations exotiques qui sont parfaitement illustrées par le fauteuil Trône ou la chaise Cobra qui puise son inspiration dans le monde animalier.
Animal, fer à cheval et éléphant
Ce monde animalier anime aussi le fils cadet de Carlo, Rembrandt Bugatti le bien prénommé, un sculpteur d'une élégance rare qui éclate à Uzès avec des ?uvres comme le puma mâle, l'éléphant d'Asie ou encore les deux léopards marchants.
L'élégance féline des sculptures de Rembrandt, le frère cadet, n'est au fond guère éloignée des créations mécaniques sublimes d'Ettore, l'aîné.
L'élégance féline des sculptures de Rembrandt, le frère cadet, n'est au fond guère éloignée des créations mécaniques sublimes d'Ettore, l'aîné.
Mais c'est évidemment Ettore qui est resté le plus célèbre avec ses extraordinaires créations mécaniques, ces sculptures vivantes et vivables qui renvoient à l'héritage familial. Indiscutablement, les carrosseries des Bugatti tiennent du design et du tour de force du maître carrossier, faisant ici encore référence au monde animalier avec la calandre en fer à cheval surmontée par ce fameux bouchon de réservoir en forme d'éléphant dressé.
Cette histoire foisonnante d'une famille aux multiples talents artistiques et fixée ensuite en France est à découvrir chaque vendredi à 18 heures avec François Melcion, pour une visite accompagnée et éclairée de l'exposition. Expert entre tous des Bugatti qu'il affectionne particulièrement, on ne fait pas mieux que lui pour décrypter en détail la dizaine de modèles exposés à Uzès.
La Bugatti type 40 de l'exposition à Uzès rappelle que l'exception n'était pas toujours l'objectif d'Ettore avec ce modèle plus famillial.
La Bugatti type 40 de l'exposition à Uzès rappelle que l'exception n'était pas toujours l'objectif d'Ettore avec ce modèle plus famillial.
On peut y voir en effet la légendaire Bugatti 35 Grand prix de Lyon de 1924, la Type 23 de 1922, ou cette Type 40 de 1927 dont il ne reste que 40 exemplaires. La Royale n'est pas là, ni la Bugatti Tourbillon, dernière-née moderne de la marque mais on pourra voir, bien loin des 1 800 chevaux et des 445 km/h revendiqués du bolide, une bien modeste et rarissime Type 56 de 1931 (4 exemplaires connus), dont la vitesse de pointe culminait à? 20 km/h.
«Â Uzès Exposition III », jusqu'au 13 octobre à l'ancien évêché d'Uzès. Du mercredi au dimanche de 10 heures à 12 h 30 et de 13 h 30 à 18 heures, plein tarif 9 euros, réduit 7 euros, gratuit pour les moins de 18 ans.