Sommet pour la paix en Ukraine : un bilan en demi-teinte
La vice-présidente américaine, Kamala Harris, avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky au Sommet pour la paix e, Ukraine, samedi 15 juin 2024.
Le communiqué final du Sommet sur la paix en Ukraine, organisé en Suisse samedi 15 et dimanche 16 juin 2024, réaffirme la souveraineté territoriale de l’Ukraine, et reconnaît que la Russie devra être partie prenante des prochaines discussions. Mais le texte n’a pas été signé par tous les pays participants.
Bilan en demi-teinte pour le Sommet pour la paix en Ukraine, organisé samedi 15 et dimanche 16 juin 2024, dans la très chic station de Bürgenstock, en Suisse. La vaste majorité des pays réunis à ce sommet ont réitéré leur soutien à l’indépendance et la souveraineté territoriale de l’Ukraine. Tout en reconnaissant que la Russie devra être partie prenante des discussions pour arriver « à une paix durable et juste ».
Plus de deux ans après l’invasion russe, la très grande majorité de la centaine de participants est parvenue à s’entendre sur un communiqué final dessinant des pistes pour mettre fin au plus grand conflit européen depuis la Seconde Guerre mondiale.
«Ã‚ Comment et quand impliquer la Russie » ?
Mais la question de « comment et quand impliquer la Russie » reste ouverte, a reconnu la présidente de la Confédération helvétique et hôte du sommet, Viola Amherd.
Selon un décompte diffusé sur un écran officiel en salle de presse, environ 80 pays soutiennent la déclaration finale. Mais ni la Russie ni la Chine n’étaient représentées et le communiqué n’a pas reçu le soutien de pays comme l’Inde, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis.
La Russie est tenue pour responsable d’avoir lancé cette guerre contre l’Ukraine en février 2022 et le document final du sommet relève les conséquences dévastatrices du conflit en appelant à son règlement « global ». Le texte réaffirme « les principes de souveraineté, d’indépendance et d’intégrité territoriale de tous les États, y compris l’Ukraine ».
Faire rentrer les enfants
Le communiqué final exige aussi la libération « par échange complet » des prisonniers de guerre mais aussi « de tous les enfants ukrainiens déportés et illégalement déplacés ».
«Â Nous avons vu environ 20 000 enfants ukrainiens enlevés à leur famille, à leur communauté et à leur pays. C’est terrifiant de dire cela, et comment le monde peut-il tourner le dos ? », s’est indigné le Premier ministre irlandais, Simon Harris. Le texte réclame aussi que tous les civils ukrainiens illégalement détenus soient être « rendus à l’Ukraine ».
La sécurité alimentaire
Les discussions sur la sécurité alimentaire ont porté sur la crise de la production et des exportations agricoles, qui a créé un choc alimentaire et inflationniste au début de la guerre, l’Ukraine étant l’un des greniers à céréales du monde.
Le communiqué final souligne que « la sécurité alimentaire ne doit être en aucune manière être militarisée » et qu’il faut garantir la liberté de navigation sur la mer Noire et la mer d’Azov.
Les discussions portaient non seulement sur les destructions de terres fertiles, mais également sur les risques posés par les mines et les munitions non explosées. « Trouver une solution politique en Ukraine reste crucial pour stabiliser les prix alimentaires sur le marché mondial », a souligné la Suisse.
Sécuriser les installations nucléaires
Le texte final appelle, par ailleurs, l’Ukraine à avoir un « contrôle souverain total » sur la centrale nucléaire de Zaporijjia, la plus grande centrale nucléaire d’Europe.
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a mis en garde, à de nombreuses reprises, contre le risque d’une catastrophe nucléaire majeure dans cette installation contrôlée par les forces russes.
«Â Les centrales et installations nucléaires ukrainiennes, y compris la centrale nucléaire de Zaporijjia, doivent fonctionner en toute sécurité sous le contrôle souverain et total de l’Ukraine », indique le communiqué. Pour le président français, Emmanuel Macron, c’était l’une des priorités du sommet.
Un deuxième sommet de la paix est déjà évoqué et les Ukrainiens ont laissé entendre qu’ils voyaient la Russie y participer.
«Â La prochaine conférence ne devrait absolument pas se dérouler sans la Russie. Nous devons parler à l’ennemi », estime la présidente slovène, Natasa Pirc Musar, rejointe par le Kenya, l’Arabie saoudite ou la Turquie. Emmanuel Macron a lui aussi appelé à « élargir le cercle des pays » autour de la table des discussions. Mais aux yeux de la présidente du Kosovo, Vjosa Osmani, Vladimir Poutine « n’est pas intéressé par la paix ».
Inclure la Russie
Le document suggère également que de futures négociations sur un plan de paix devraient inclure la Russie. « Nous avons la conviction qu’il faut, pour atteindre la paix, l’implication et le dialogue de toutes les parties », disent les pays signataires.