Législatives : Gabriel Attal veut rehausser la prime Macron jusqu’à 10 000 euros
Paris (VIIIe), le 15 juin. Née de la crise des Gilets jaunes, en 2018, la prime Macron est plafonnée à 3 000 euros. Gabriel Attal promet de tripler son montant maximum. LP/Delphine Goldsztejn
Elle porte le nom du président de la République et lui a déjà sauvé la mise politiquement par le passé. Annuelle, optionnelle et (longtemps) exonérée de charges sociales et de fiscalité sur le revenu, la « prime exceptionnelle de pouvoir d’achat », née de la crise des Gilets jaunes, avait vite été rebaptisée « prime Macron ». Reconduite lors de la pandémie de Covid-19, elle avait fini par être entérinée sous l’appellation « prime de partage de la valeur » (PPV).
Elle ressort du chapeau, dans une version revisitée. Dans le programme Renaissance pour les législatives anticipées, les entreprises seront autorisées à verser une « prime Macron » jusqu’à 10 000 euros sans cotisations sociales. Depuis le 1er janvier de cette année, cette prime (versée en 2023 à près de 6 millions de salariés pour un montant moyen de 885 euros) n’est en revanche plus exonérée de CSG, CRDS, et de l’impôt sur le revenu (IR), sinon sous de strictes conditions (affecter sa prime à un plan d’épargne, travailler dans une entreprise de moins de 50 salariés tout en gagnant moins de trois fois le smic). « Il s’agit d’un outil qui a fait ses preuves et c’est la raison pour laquelle nous relevons son montant maximum de 3 000 à 10 000 euros », insiste le porte-parole de l’équipe de campagne.
Pour le reste, les règles 2024 continuent de s’appliquer. Concrètement, les primes Macron versées cette année, dans le programme Renaissance, ne seront donc pas exonérées de la CSG, de la CRDS, et de l’IR pour une majorité de bénéficiaires.
Un coup de pouce immobilier pour les jeunes des classes populaires
N’y a-t-il pas le risque que ces primes majorées se substituent à des augmentations de salaires en bonne et due forme, également synonymes, elles, de cotisations pour la retraite ? « Depuis qu’elles existent, les primes n’ont pas été versées au détriment des hausses de salaires mais au détriment des dividendes, répond le porte-parole Renaissance. Pour autant, nous allons parallèlement travailler à des allègements de charges pour inciter les entreprises à augmenter les salaires. »
La Cour des comptes approuverait, sans nul doute, alors qu’elle vient de s’inquiéter du dérapage du déficit de la Sécu, à cause des exonérations de cotisations sociales sur les compléments de salaire, type prime Macron. Le Nouveau Front populaire, de son côté, compte porter le smic à 1 600 euros, financés par les employeurs. « Intenable », étrille le parti présidentiel, arguant « avoir chiffré que 500 000 emplois seraient détruits ».
Autre proposition Renaissance : exonérer des frais de notaires les primo-accédants en cas d’achat d’un logement jusqu’à 250 000 euros. Soit, par dossier, entre 10 000 et 20 000 euros de ristourne en moyenne. La cible ? « Un million de jeunes des classes populaires et moyennes », détaille-t-on dans le camp présidentiel. D’autres paramètres, comme la prise en compte du revenu fiscal de référence, devraient venir neutraliser les effets d’aubaine pour des primo-accédants des classes supérieures.
Revers du dispositif, les communes et les départements, qui perçoivent ces fameux frais de notaires, vont grincer des dents… « La mesure sera intégralement compensée pour les collectivités », assure le porte-parole Renaissance, en la chiffrant à 2 milliards d’euros.