Législatives en France: une participation massive pour un scrutin inédit

À 12h, la participation aux élections législatives s'élevait déjà à 25,9%, du jamais-vu depuis les législatives de 1981.

Les Français se sont déplacés en nombre aux urnes ce dimanche 30 juin pour le premier tour d'élections législatives historiques, qui pourraient porter l'extrême droite au pouvoir dans une semaine.

Les bureaux de vote ont commencé à fermer en France métropolitaine, après une journée électorale marquée par une participation inédite depuis 38 ans. À 17h (15h TU), elle s’élevait à 59,39 %, 20 points de plus que lors des législatives de 2022. Elle pourrait atteindre les 69,7 % au terme de la journée, un record depuis les législatives de 1986.

En Outre-mer, où l'on vote beaucoup moins qu'en métropole, la participation a également progressé. À la clôture du scrutin, 60,02 % des plus de 222 000 électeurs de Nouvelle-Calédonie avaient déposé leur bulletin dans l'urne, une nette hausse par rapport aux élections législatives de 2022 (32,53 %). En Guadeloupe, le taux de participation a augmenté avec 33,56 %, contre 25,31 % lors du précédent scrutin législatif en 2022. En Guyane, il est passé de 26,7 % en 2022 à 32,5 % cette année. À l'étranger, le vote par voie électronique qui s'est clôturé jeudi a aussi connu une participation record, avec 410 000 votants, contre 250 000 il y a deux ans.

Preuve encore de cet engouement, plus de 2,7 millions de procurations ont été établies depuis le 10 juin, selon le ministère de l'Intérieur, un nombre quatre fois supérieur à celui d'il y a deux ans.

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Dans les bureaux de vote ce dimanche, nombre d'électeurs témoignaient de leur anxiété et de leur fébrilité pour ces élections anticipées décidées par le président Emmanuel Macron le 9 juin. « Cette élection est un peu plus importante, compte tenu du danger qui nous menace, nous les racisés », confiait ainsi David, 42 ans, au micro de notre reporter, Amélie Beaucour.

Trois semaines de rebondissements

L’annonce de cette dissolution au soir des élections européennes, où le Rassemblement national (RN) était arrivé largement en tête, avait fait l’effet d’un coup de tonnerre et pris de court l’ensemble de la classe politique. D’autant que la date choisie pour le premier tour imposait une campagne expresse, la plus courte dans l’histoire de la Ve République.

Pendant trois semaines, cette campagne a souvent pris des allures de série à rebondissements, avec une péripétie par jour. Malgré ses divergences en interne, la gauche était parvenue en quatre jours à ressusciter un accord de coalition, rappelle l'AFP. Mais les différends entre La France insoumise et ses partenaires, sur le leadership contesté de Jean-Luc Mélenchon notamment, ont vite ressurgi et souvent parasité la campagne de ce Nouveau Front populaire.

De son côté, la majorité présidentielle a traîné la figure d'Emmanuel Macron comme un boulet. Paraissant inconscient de l'exaspération qu'il suscite chez une majorité de Français, le chef de l'État s'est entêté à marquer cette campagne de son empreinte, contre l'avis de nombreuses figures de son parti l'appelant à rester en retrait.

Pendant ce temps, rien n'a semblé freiner la dynamique du RN en campagne sur le pouvoir d'achat et contre l'immigration : ni le flou sur l'abrogation de la réforme des retraites d'Emmanuel Macron, ni les polémiques sur les binationaux, ou les propos sulfureux de certains candidats RN sur les réseaux sociaux. Incarné par le visage lisse de Jordan Bardella, 28 ans, le Rassemblement national a caracolé dans les sondages.

Si Jordan Bardella entrait à Matignon, ce serait la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale qu'un gouvernement issu de l'extrême droite dirigerait la France. Le président du RN a toutefois prévenu qu'il n'accepterait le poste de Premier ministre que si son parti détient la majorité absolue. Dans le cas contraire, le risque d'une Assemblée bloquée, sans possibilité d'alliance entre des camps très polarisés, est réel, un scénario qui plongerait la France dans l'inconnu.