Euro-2024/France: Deschamps, gare aux secousses
Le sélectionneur de l'équipe de France, Didier Deschamps, dirige l'entraînement à Paderborn, dans l'ouest de l'Allemagne, le 29 juin, durant l'Euro-2024
La 6e phase finale de Didier Deschamps en tant que sélectionneur de l'équipe de France n'a pas démarré sur de bonnes bases et le technicien sera forcément fragilisé en cas de sortie de route prématurée en 8e de finale de l'Euro-2024 face à la Belgique, lundi à Düsseldorf.
Sous contrat à la tête des Bleus jusqu'en 2026, le technicien a été conforté juste avant le tournoi européen par le président de la Fédération française de football. Interrogé sur les conséquences d'une éventuelle contre-performance, Philippe Diallo, qui a fixé les demi-finales comme objectif minimum, a été très clair dans les colonnes de L'Equipe, assurant que Deschamps ne serait "pas du tout" menacé.
"On est avec un sélectionneur qui, depuis des années, a une pérennité de résultats au plus haut niveau qui plaident pour lui. À l'Euro 2021, certains observateurs disaient que l'élimination en huitièmes de finale était un échec et qu'il fallait changer de sélectionneur. Un an après, on jouait la finale de la Coupe du monde et il s'en est fallu de quelques centimètres pour que l'on ajoute une troisième étoile sur notre maillot", a-t-il déclaré.
Rien ne dit donc que l'avenir du patron des Bleus (55 ans) soit compromis par une élimination, même si l'ombre encombrante de Zinédine Zidane, le grand favori pour lui succéder un jour, continue de planer au-dessus de sa tête. Mais son crédit serait particulièrement entamé malgré un palmarès unique dans les annales du football tricolore après douze ans aux commandes de l'équipe de France (1 titre mondial en 2018, 1 Ligue des nations en 2021, finaliste du Mondial-2022 et de l'Euro-2016).
Des turbulences seraient à craindre en cas de faux-pas pour celui qui avait été renouvelé pour quatre ans après le Mondial-2022 sur décision de Noël Le Graët, le prédécesseur de Philippe Diallo. Une prolongation de longue durée qui avait fait beaucoup jaser et n'avait été approuvée par le Comité exécutif de la FFF, à l'unanimité, qu'a posteriori, quatre jours après l'annonce officielle.
Le premier tour très poussif de ses joueurs, ses tâtonnements tactiques incessants, son coaching discutable et son style de jeu restrictif ont ébréché son image, faisant oublier que, depuis sa nomination en 2012 en remplacement de Laurent Blanc, il a très souvent connu des débuts de compétition laborieux qui ne l'ont pas empêché d'aller loin.
- Philosophie assumée -
"Je fais toujours en sorte de mettre une équipe qui aura les meilleures dispositions pour mettre l'adversaire en difficulté et être solide défensivement", a-t-il expliqué dimanche.
"Deschamps est un psychopathe de l'équilibre. C'est la chose la plus importante pour lui. Aujourd'hui le football évolue dans une forme de déséquilibre permanent, que des supporters, des entraîneurs et des joueurs souhaitent et désirent. Le football a changé, Deschamps n'a pas changé. Mais ça lui permet de gagner", a résumé sur RMC Christophe Dugarry, champion du monde (1998) et d'Europe (2000) à ses côtés et devenu l'un de ses critiques les plus virulents.
Plusieurs cadres des Bleus, et non des moindres, assument cette philosophie.
"La clé, même si c'est très ennuyeux, c'est la défense, être une équipe solide, dure dans les duels, très bonne défensivement, c'est ça qui va nous permettre d'aller le plus loin possible. C'est chiant à regarder, mais c'est comme ça, ça fait gagner", a estimé Antoine Griezmann.
"A la fin de notre carrière, on se rappellera plus du palmarès de chacun plutôt que de la manière de jouer. Il y a eu pas mal de très bons résultats ces derniers temps avec ce coach-là. On n'est peut-être pas l'équipe qui joue le mieux mais on est l'équipe qui se retrouve le plus souvent dans le carré final. Pour moi, c'est ce qui importe", a abondé Aurélien Tchouaméni.
Reste à savoir si la magie opérera encore en Allemagne. Avec les retraites internationales de Hugo Lloris, Raphaël Varane et Steve Mandanda et l'éloignement progressif de Paul Pogba, Deschamps a été privé de ses relais privilégiés dans le vestiaire. Mais à en croire ses joueurs, il tient fermement la barre.
"Le coach se sent très bien", a affirmé jeudi le défenseur Dayot Upamecano. "C'est quelqu'un de très important pour moi et pour l'équipe".
kn/cyj